S. m. (Chirurgie) petit ulcère artificiel pratiqué par le Chirurgien en différents endroits du corps, soit pour prévenir une maladie qu'on prévait avec certitude, soit pour rétablir la santé. Le mot de cautère dont on se sert communément dans le même sens, est bien moins propre que celui de fonticule, parce qu'il est équivoque, et qu'il signifie généralement ou un fer rouge, ou un remède corrodant et caustique.

Les Chirurgiens en pratiquant un fonticule, se proposent d'imiter la nature qui produit quelquefois d'elle-même des ulcères de cette espèce, par lesquels elle chasse comme par des égouts les matières surabondantes ou viciées, qui ne manqueraient pas sans ce secours de causer des maladies fâcheuses.

Les parties du corps où l'on ouvre le plus communément et le plus commodément ces ulcères artificiels, sont 1°. la partie supérieure de la tête ; 2°. le cou ; 3°. les bras sur lesquels on choisit la partie la plus basse, ou l'extrémité du muscle deltoïde et du biceps, 4°. les parties inférieures du corps, particulièrement le genou, le côté intérieur de la cuisse, à l'endroit où il y a une cavité qu'on aperçoit au doigt ; 5°. enfin le dessous du genou, c'est-à-dire le côté intérieur de la jambe où l'on remarque une espèce de cavité.

La plus courte méthode de former un fonticule, un ulcère artificiel, est celle où, après avoir marqué l'endroit qu'on veut cautériser, on tient la peau élevée avec les doigts, et on fait avec le bistouri une incision dans laquelle on puisse aisément introduire un pais. Lorsque le pois est placé, on le couvre d'un emplâtre ; ensuite on lève cet appareil soir et matin ; on nettoie l'ulcère, on introduit un nouveau pais, et l'on applique derechef l'emplâtre et le bandage. En peu de jours le petit ulcère se trouve formé, et jette une humeur purulente.

Une autre manière de former un fonticule, est d'ouvrir la peau avec un fer rouge : cette seconde méthode est effrayante, mais elle produit surement quand elle est nécessaire, une révulsion considérable. Une troisième manière de cautériser, c'est de se servir d'une substance rongeante et caustique. Voyez CAUTERE et CAUSTIQUE.

De quelque manière que le petit ulcère ait été pratiqué, il en faut faire le pansement tous les jours, et quelquefois deux fois par jour. En même temps à chaque pansement on nettoyera toujours soigneusement la plaie avec un linge propre. On substituera un nouveau pois à celui qu'on aura ôté ; on appliquera un emplâtre à peu près de la largeur de la paume de la main, ou au lieu d'emplâtre un morceau d'étoffe de soie couvert de cire, ou même une feuille de lierre qu'on fixera par un bandage. M. Heister trouve que les bandages de linge sont moins commodes que ceux de cuir, ou qu'une plaque de cuivre, à laquelle sont ajustés des cordons ou des agraffes ; de manière qu'un malade peut se les appliquer sans aucune incommodité. Voyez-en la machine dans cet auteur.

On tiendra le fonticule ouvert, jusqu'à ce que la maladie pour laquelle on l'avait pratiqué soit radicalement guérie. Les adultes attaqués de maux invétérés, feront sagement de garder ces petits ulcères jusqu'à la mort, s'ils veulent éviter de s'exposer aux accidents qu'ils avaient éloignés par ce moyen.

Les avantages principaux que l'on attend des fonticules, c'est la guérison ou l'affoiblissement de plusieurs maladies de la tête, des yeux, des oreilles, des mammelles, et d'autres parties, comme aussi des douleurs de la sciatique. Comme dans tous ces cas, on a quelquefois inutilement recours à ce remède, alors il faut promptement refermer l'ulcère ; et pour cet effet il ne s'agit que d'ôter le pais.

S'il se forme à la partie qui a été ulcérée des excraissances fongueuses, on les emportera avec un peu de poudre d'alun brulé. Si les fonticules cessent de suppurer dans les vieillards, et que les bords de l'ulcère deviennent secs, livides, ou noirs ; cet état est très-dangereux ; il menace d'une maladie violente, et même d'une mort prochaine. Il est donc à-propos de recourir promptement aux remèdes capables de prévenir l'un ou l'autre de ces accidents.

Comme cette matière est d'une grande importance, différents auteurs en ont traité expressément. Voyez entr'autres.

Galvani (Dominici) trattato delle fontanelle. In Padova, 1620. 4°. c. f. aeneis.

Wolter (Gualther Ambros.) Pyrotechnicum opusculum de cauteriorum, seu fonticulorum usu. Vratislaviae, 1672. in-8°.

Glandorpius (Matth. Lud.) Gazophylacium fonticulorum et setonum reseratum. Bremae, 1632. 4°. editio prima.

Hoffmanni (Frederici) de vesicantium et fonticulorum circonspecto in medicina usu. vol. VI. de l'édit. de Geneve, 1740.

Pour ce qui regarde en particulier la manière de pratiquer un cautère ou un ulcère artificiel à la suture coronale, voyez la dissert. d'Hoffman que nous venons de citer ; et sur les avantages de cette opération, consultez Marc Donatus, liv. II. hist. estiral. cap. IVe M. A. Severinus, Pyroth. Chirurg. liv. II. part. I. cap. VIe Rivière, cent. IIe obs. 93. Aquapendente, operationes chirurgicae, cap. j. Claudinus, respons. de cauterio in sutura coronali. Heister, Chirurgie, etc. (D.J.)