S. m. (Histoire, Superstition) c'est un livre pour qui les Brames ou nations idolâtres de l'Indostan ont la plus grande vénération, dans la persuasion où ils sont que Brama leur législateur l'a reçu des mains de Dieu même. Cet ouvrage est divisé en quatre parties à qui l'on donne des noms différents. La première que l'on nomme rogo, roukou ou ouroukou Vedam traite de la première cause et de la matière première ; des anges ; de l'âme ; des récompenses destinées aux bons, des peines réservées aux méchants ; de la production des êtres et de leur destruction ; des péchés, et de ce qu'il faut faire pour en obtenir le pardon, etc. La seconde partie se nomme jadara ou issurevedam, c'est un traité du gouvernement ou du pouvoir des souverains. La troisième partie se nomme sama-vedam, c'est un traité de morale fait pour inspirer l'amour de la vertu et la haine du vice. Enfin la quatrième partie appelée addera-vedam, brama-vedam, ou latharvana-vedam, a pour objet le culte extérieur, les sacrifices, les cérémonies qui doivent s'observer dans les temples, les fêtes qu'il faut célébrer, etc. On assure que cette dernière partie s'est perdue depuis longtemps, au grand regret des brahmanes ou prêtres, qui se plaignent d'avoir perdu parlà une grande partie de leur considération, Ve que si elle existait, ils auraient plus de pouvoir que les rois mêmes ; peut-être sont-ce ces derniers qui, jaloux de leur autorité, ont eu soin de soustraire les titres sacrés sur lesquels celle des prêtres pouvait être établie aux dépens de la leur.

On voit par-là que le vedam est le fondement de la théologie des Brames, le recueil de leurs opinions sur Dieu, l'âme et le monde ; on ajoute qu'il contient les pratiques superstitieuses des anciens pénitens et anachoretes de l'Inde. Quoi qu'il en sait, la lecture du vedam n'est permise qu'aux brahmanes ou prêtres et aux rajahs ou nobles, le peuple ne peut pas même le nommer ni faire usage des prières qui y sont contenues, non-seulement parce que ce livre contient des mystères incompréhensibles pour le vulgaire, mais encore parce qu'il est écrit dans une langue qui n'est entendue que des prêtres ; on prétend même que tous ne l'entendent point, et que c'est tout ce que peuvent faire les plus habiles docteurs d'entre eux. En effet, on assure que le vedam est écrit dans une langue beaucoup plus ancienne que le sanskrit qui est la langue savante connue des brahmanes. Le mot vedam signifie science. Les Indiens idolâtres ont encore d'autres livres sur qui la religion est fondée ; tels sont le shaster et le pouran. Voyez ces deux articles. Le respect que les brahmanes ont pour le vedam est cause qu'ils n'en veulent communiquer des copies à personne ; malgré ces obstacles les jésuites missionnaires sont parvenus à obtenir une copie du vedam par le moyen d'un brahmane converti ; le célèbre dom Calmet en a enrichi la bibliothèque du Roi en 1733. Voyez l'Histoire universelle d'une société de savants d'Angleterre, hist. moderne tom. VI. in-8°.