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Catégorie parente: Science de Dieu
Catégorie : Théologie & histoire ecclésiastique
S. m. (Théologie et Histoire ecclésiastique) hérésie d'Arius et de ses sectateurs. L'arianisme est une hérésie ancienne dans l'Eglise. Arius, prêtre de l'Eglise d'Alexandrie, en fut l'auteur au commencement du IV. siècle. Il niait la consubstantialité, c'est-à-dire, l'égalité de substance du Fils avec le Père dans la sainte Trinité, et prétendait que le Fils était une créature tirée du néant et produite dans le temps. Voyez ANTI-TRINITAIRES et CONSUBSTANTIEL.

Les Ariens convenaient que le Fils était le Verbe : mais ils soutenaient que le Verbe n'était point éternel. Ils lui accordaient seulement une priorité d'existence sur les autres êtres créés. Ils avançaient encore que le Christ n'avait rien de l'homme en lui que le corps, dans lequel le Verbe s'était renfermé, y opérant tout ce que l'âme fait en nous. Arius après avoir soutenu de vive voix ces erreurs à Alexandrie, les répandit dans tout l'Orient par ses écrits, et surtout par celui qu'il intitula Thalie. Voyez APOLLINAIRES, TRINITE, FILS, PERE, etc.

Cette hérésie fut anathématisée dans le premier concîle de Nicée, tenu en 325. On dit même qu'il y eut un ordre de Constantin qui condamnait à mort quiconque ne brulerait pas tous les ouvrages d'Arius qui lui tomberaient entre les mains. Mais les foudres lancées alors contre elle, ne l'anéantirent pas ; elle prit au contraire de nouvelles forces, et fit en Orient des progrès aussi étendus que rapides : ses ravages ne furent pas si terribles en Occident. Un grand nombre d'évêques d'Orient était déjà tombé dans cette erreur ; ceux d'Occident étaient inclinés par l'autorité de l'empereur Constance, et séduits par les propositions artificieuses des deux évêques Ariens, Valents et Ursace, qui leur firent entendre que pour rendre la paix à l'Eglise, il n'était question que de sacrifier les termes amphibologiques inventés par les Peres du concîle de Nicée, , termes nouveaux, ajoutaient-ils, qu'on ne trouvait point dans l'Ecriture, et qui scandalisaient et jetaient en perplexité les esprits faibles ; quelques Occidentaux eurent donc la faiblesse de souscrire à une formule Arienne, tandis que les Ariens assemblés à Seleucie, et dans un conciliabule qu'ils tinrent à Nicée, firent la même chose. Par cette supercherie, le monde, dit S. Jérome, fut étonné de se trouver tout-à-coup Arien. Une paix fondée sur un mal-entendu, ne pouvait être durable. La plupart de ceux qui avaient signé la formule de Rimini, reconnurent leur faute et la réparèrent. L'Eglise ne manqua de défenseurs ni en Orient, ni en Occident ; et les Ariens malgré leur nombre et leurs intrigues, virent la plus grande et la plus saine partie des évêques soutenir généreusement la foi de Nicée. Les termes et furent rétablis dans leurs premiers droits, et les expressions ambiguès sous lesquelles l'erreur se cachait, proscrites. On disputa un peu plus longtemps sur le mot : mais dans un concîle tenu à Alexandrie en 362, S. Athanase accorda le différend qui était à cet égard entre les Catholiques.

Il parait que du temps de S. Grégoire de Nazianze, les Ariens dominaient à la cour et dans la capitale, où ils reprochaient aux Orthodoxes leur petit nombre ; et c'est ce qui donna lieu apparemment à ce père de commencer son vingt-cinquième discours contre les Ariens par ces mots : Où sont ceux qui nous reprochent notre pauvreté ; qui prétendent que la multitude du peuple fait l'Eglise ; qui méprisent le petit troupeau ? etc. exagération visible de la part des Ariens, puisque tous les monuments de ce temps-là font foi qu'ils avaient très-peu de partisans en Occident, et que les Catholiques les égalaient au moins en nombre dans l'Orient.

L'arianisme y fut enfin abattu sous le grand Théodose ; en sorte qu'à la fin du IV. siècle, les Ariens se trouvèrent réduits par les lois des empereurs à n'avoir plus ni églises, ni évêques dans toute l'étendue de l'empire Romain. Les Vandales portèrent cette hérésie en Afrique, et les Visigots en Espagne : c'est où elle a subsisté le plus longtemps sous la protection des rois qui l'avaient embrassée ; mais ceux-ci l'ayant enfin abjurée, elle s'y éteignit aussi vers l'an de Jesus-Christ 660.

Il y avait près de 900 ans qu'elle était ensevelie sous ses ruines, lorsqu'au commencement du XVI. siècle Erasme, dans son commentaire sur le nouveau Testament, parut avoir dessein de l'en tirer. Ses ennemis ne manquèrent pas de l'accuser d'avoir semé dans cet ouvrage des interprétations et des gloses Ariennes, avec d'autres principes favorables à la même hérésie. La seule réponse qu'il fit à ces imputations, c'est qu'il n'y avait point d'hérésie si parfaitement détruite que l'arianisme, nulla haeresis magis extincta quam Arianorum : ce n'était point assurer qu'elle ne renaitrait pas, ni qu'on eut nulle envie de la ressusciter. En effet, en 1531 Michel Servet, Espagnol, publia un petit traité contre le mystère de la Trinité. Après avoir dogmatisé en Allemagne et en Pologne, il vint à Geneve, où Calvin le fit bruler. Servet se montra plutôt Photinien qu'Arien. La seule chose qu'il avait de commun avec les Ariens, c'est qu'il se servait des mêmes armes qu'eux pour combattre la divinité de Jesus-Christ ; je veux dire des mêmes passages de l'Ecriture, et des mêmes raisonnements : mais le but et le fonds de son système étaient différents. Voyez SERVETISTES.

On ne peut pas dire proprement que Servet eut des sectateurs : mais il est vrai qu'après sa mort on vit paraitre à Geneve un nouveau système d'arianisme, élevé sur ses principes, mais avec plus d'art et de finesse que le sien. Ces nouveaux Ariens donnèrent beaucoup d'occupations à Calvin, parce qu'il leur avait lui-même enseigné la voie de prendre son esprit particulier pour interprete et juge du véritable sens des Ecritures. Cette secte passa de Geneve en Pologne, où elle fit des progrès considérables : à la longue elle dégénéra en socinianisme. Voyez SOCINIENS.

On accuse le savant Grotius d'avoir favorisé l'arianisme dans ses notes sur le nouveau Testament. Il est certain qu'il y élève tellement le Père au-dessus du Fils, qu'on serait tenté de croire qu'il le regardait comme le seul Dieu tout-puissant, et qu'en cette qualité il lui accordait une grande supériorité sur le Verbe. Cela supposé, il aurait plus penché vers l'hérésie des Semi-ariens que vers celle des Ariens. Voyez ARIENS et SEMI-ARIENS.

L'arianisme moderne étant une secte anti-chrétienne, n'est toléré ni à Geneve, ni dans les cantons Suisses, ni dans le Nord, ni en Angleterre, à plus forte raison dans les pays Catholiques. On le professe ouvertement en Turquie, parce que les Mahométans ne croient pas la divinité de Jesus-Christ. Au reste si nulle hérésie ne s'enveloppe et ne se défend avec plus de subtilité, on peut dire qu'aucune n'a été ni mieux démêlée, ni combattue avec plus d'avantage par les Théologiens, tant protestants que catholiques. (G)




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