S. m. pl. (Histoire ecclésiastique) anciens hérétiques qui niaient la divinité de Jesus-Christ, et qui tirèrent leur nom de Cerinthe leur chef, fameux hérésiarque du premier siècle, et contemporain de l'apôtre S. Jean.

Cerinthe était extrêmement zélé pour la circoncision et autres observances légales ; et S. Epiphane assure qu'il fut chef du parti qui s'éleva à Jerusalem contre S. Pierre, parce qu'il avait communiqué avec les Gentils. Son hérésie approchait fort de celle des Ebionites. Voyez EBIONITES.

Il avançait entr'autres choses, que ce n'était pas Dieu qui avait fait le monde, mais une certaine vertu séparée et très-éloignée de la vertu souveraine, et qu'elle l'avait fait à son insu : que le Dieu des Hébreux n'était pas le Seigneur, mais un ange : que Jesus était né de Joseph et de Marie, comme les autres hommes ; mais que comme il les surpassait tous en vertu et en sagesse, le Christ (c'est-à-dire une vertu particuliere) envoyé par le Dieu souverain, était descendu en lui après son baptême en figure de colombe ; qu'il lui avait manifesté le Père inconnu jusque-là et fait opérer des miracles. A la fin, selon lui, le Christ s'était envolé, et s'était retiré de Jesus-Christ dans le temps de sa passion ; en sorte qu'il n'y avait que Jesus qui avait souffert et qui était ressuscité : mais le Christ étant spirituel, était demeuré immortel et impassible. Cerinthe publiait une prétendue révélation contenant des images monstrueuses, qu'il disait lui avoir été montrées par des anges ; et assurait qu'après la résurrection générale il y aurait un règne de Jesus-Christ sur la terre pendant mille ans, et qu'alors dans Jérusalem les hommes jouiraient pendant ce temps de tous les plaisirs de la chair. On croit que Cerinthe bornait la béatitude à ce règne terrestre. Ses disciples soutenaient toutes ces visions ; quelques-uns d'entr'eux niaient la résurrection, et plusieurs avançaient que Jesus-Christ n'était pas encore ressuscité. Ils rejetaient tout le nouveau Testament, à l'exception de l'évangîle de S. Matthieu, où l'histoire de la circoncision de Jesus-Christ leur paraissait une preuve démonstrative de la nécessité de cette cérémonie dans le Christianisme. Quelques anciens ont attribué à Cerinthe l'Apocalypse de S. Jean, et sous ce prétexte l'ont rejeté comme un livre apocryphe, trompés par la ressemblance du titre que Cerinthe avait donné à un de ses ouvrages. Voyez APOCALYPSE et APOCRYPHE. (G)