S. f. (Histoire ecclésiastique) en latin antiphona, du grec ἀντὶ, contre, et φωνή, voix, son.

Les antiennes ont été ainsi nommées, parce que dans l'origine on les chantait à des chœurs, qui se répondaient alternativement ; et l'on comprenait sous ce titre les hymnes et les pseaumes que l'on chantait dans l'Eglise. S. Ignace disciple des apôtres, a été, selon Socrate, l'auteur de cette manière de chanter parmi les Grecs, et S. Ambraise l'a introduite chez les Latins. Théodoret en attribue l'origine à Diodore et à Flavien.

Quoi qu'il en sait, on comprenait sous ce titre tout ce qui se chantait dans l'Eglise par deux chœurs alternativement. Aujourd'hui la signification de ce terme est restreinte à certains passages courts tirés de l'Ecriture, qui conviennent au mystère, à la vie, ou à la dignité du Saint dont on célèbre la fête, et qui, soit dans le chant, soit dans la récitation de l'office, précèdent les pseaumes et les cantiques. Le nombre des antiennes varie suivant la solennité plus ou moins grande des offices. Les matines des grandes fêtes ont neuf antiennes propres ; les laudes et les vêpres, chacune cinq antiennes propres ; chacune des heures canoniales a une des antiennes des laudes, excepté la quatrième. Les cantiques Benedictus et Magnificat ont aussi leurs antiennes propres, aussi bien que le Nunc dimittis ; et les trois pseaumes de complies n'ont qu'une antienne propre. Dans d'autres offices moins solennels, comme les semi-doubles, le nombre des antiennes est trois à matines, une pour chaque nocturne, cinq à laudes, et celle du Benedictus ; une prise de celles des laudes pour chacune des heures canoniales ; six à vêpres, y compris celle du Magnificat ; une à complies pour les pseaumes, et une pour le cantique Nunc dimittis. L'intonation de l'antienne doit toujours régler celle du pseaume. Les premiers mots de l'antienne sont adressés par un choriste à quelque personne du clergé, qui la répète ; c'est ce qui s'appelle imposer, et entonner une antienne. Dans l'office romain, après l'imposition de l'antienne, le chœur poursuit, et la chante toute entière, avant le pseaume ; et quand le pseaume est fini, le chœur reprend l'antienne. Dans d'autres églises, après l'imposition de l'antienne, le choriste commence le pseaume, et ce n'est qu'après le pseaume que tout le chœur chante l'antienne.

On donne aussi le nom d'antienne à quelques prières particulières, que l'église romaine chante en l'honneur de la sainte Vierge, et qui sont suivies d'un verset et d'une oraison, telles que le Salve regina, Regina caeli, etc. Voyez VERSET, ORAISON, OREMUS. (G)