ou BEGGUARDS, BEGUINS et BEGUINES, (Histoire ecclésiastique) sous tous ces noms on comprend une secte d'hérétiques qui s'élevèrent en Allemagne sur la fin du XIIIe siècle, et auxquels quelques auteurs donnent pour chef Dulcin ou Doucin : mais il ne faut pas les confondre avec les Dulcinistes. Voyez DULCINISTES.

Les principales erreurs des Begghars, Béguins, et Béguines, étaient que l'homme peut acquérir en cette vie un tel degré de perfection, qu'il deviendra entièrement impeccable, et ne pourra plus avancer dans la grâce : parce que si quelqu'un y croissait toujours, il pourrait être plus parfait que J. C. : que quand on est arrivé à ce degré de perfection, on ne doit plus prier ni jeuner, mais qu'alors la sensualité est tellement soumise à l'esprit et à la raison, qu'on peut librement accorder à son corps tout ce qu'on veut ; que ceux qui sont en ce degré de perfection, et qui ont l'esprit de liberté, ne sont point soumis à l'autorité des hommes, ni obligés aux commandements de l'Eglise, parce que là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté ; qu'on peut obtenir en cette vie la béatitude finale, comme on l'obtiendra dans l'autre ; que toute nature intellectuelle est heureuse en soi, et que l'âme n'a pas besoin de lumière de gloire pour voir Dieu et jouir de lui : que c'est être imparfait que de s'exercer à la pratique des vertus, l'âme parfaite les ayant exclus : qu'à l'élévation du corps de J. C. les parfaits ne doivent ni se lever ni lui rendre aucune marque de respect, parce que ce serait une imperfection que de descendre de la pureté et de la hauteur de leur contemplation pour penser à l'eucharistie, à la passion ou à l'humanité de J. C.

Le pape Clément V. condamna ces fanatiques dans le concîle général de Vienne tenu en 1311. Comme ils portaient l'habit religieux, sans garder ni le célibat ni aucune observance monastique, on les a quelquefois confondus avec ceux dont nous allons parler dans l'article suivant.

BEGGHARDS, BEGUINS, et BEGUINES, sont aussi les noms qu'on a donnés aux religieux du tiers ordre de S. Français. On les appelle encore à présent dans les Pays-bas, Begghards, parce que longtemps avant qu'ils eussent reçu la règle du tiers ordre de S. Français, et qu'ils fussent érigés en communauté régulière, ils en formaient cependant dans plusieurs villes, vivants du travail de leurs mains, et ayant pris pour patrone sainte Begghe, fille de Pepin le vieux, et mère de Pepin de Herstal, laquelle fonda le monastère d'Andenne, s'y retira, et y mourut, selon Sigebert, en 692. A Toulouse on les nomma Béguins, parce qu'un nommé Barthelemi Bechin leur avait donné sa maison pour les établir en cette ville. De cette conformité de nom le peuple ayant pris occasion de leur imputer les erreurs des Begghards et des Béguins, condamnés au concîle de Vienne, les papes Clément V. et Benait XII. déclarèrent par des bulles expresses que ces religieux du tiers ordre n'étaient nullement l'objet des anathèmes lancés contre les Begghards et les Béguins répandus en Allemagne. Il y a encore aujourd'hui dans plusieurs villes de Flandre des communautés de filles qu'on nomme Béguines, et leurs maisons sont appelées béguinages. Voyez BEGUINES. (G)