S. f. pl. (Histoire ecclésiastique) prières publiques qui se font dans l'église romaine pendant les trois jours qui précédent immédiatement la fête de l'Ascension. On les appelle ainsi à cause des prières et processions qu'on fait ces jours-là, pour demander à Dieu la conservation des biens de la terre, et on les consacre aussi par la pénitence et l'abstinence des viandes. Voyez PROCESSION.

On rapporte l'institution des rogations à S. Mamert, évêque de Vienne en Dauphiné, qui, en 474, selon quelques-uns, et en 468, selon d'autres, assembla plusieurs évêques de la province pour implorer la miséricorde divine, pendant trois jours, et lui demander la cessation des tremblements de terre, et des ravages causés par des bêtes féroces. Les jeunes et les prières de trois jours qui avaient fait cesser ces fléaux, furent continués depuis comme un préservatif contre de pareilles calamités. Le concîle d'Orléans, en 511, ordonna que les rogations s'observeraient par toute la France ; cet usage passa en Espagne vers le commencement du VII siècle ; mais les trois jours des rogations dans ce pays, étaient le jeudi, le vendredi, et le samedi après la Pentecôte. Elles ont été reçues plus tard en Italie ; Charlemagne et Charles-le-Chauve firent des lois pour défendre au peuple de travailler ces jours là, et elles ont été observées longtemps dans l'église gallicane. On a appelé les processions des rogations petites litanies ou litanie gallicane, parce qu'elles avaient été instituées par un évêque des Gaules, pour les distinguer de la grande litanie ou litanie romaine, qui est la procession qu'on fait le 25 d'Avril, jour de S. Marc, qui a pour auteur le pape S. Grégoire le grand. Les Grecs et les Orientaux ne savent ce que c'est que rogations.

Elles avaient lieu en Angleterre avant le schisme, et il y en reste encore quelques vestiges, car c'est encore la coutume dans la plupart des paroisses, d'en aller faire le tour en se promenant les trois jours qui précédent l'ascension, mais on ne le fait pas processionnellement ni par dévotion.