ou NAZAREENS, s. m. pl. (Histoire ecclésiastique) secte d'hérétiques qui s'éleva dans les premiers siècles de l'Eglise.

Saint Epiphane nous apprend que les Nazaréens étaient entièrement conformes aux Juifs dans tout ce qui avait rapport à la doctrine et aux cérémonies de l'ancien testament. Ils n'en différaient que par la profession du christianisme, et la croyance que Jesus-Christ était le Messie. Ils furent aussi appelés Peratiques, parce qu'ils étaient en grand nombre à Pera ou Pella, ville de la Décapole, et Symmachiens, parce qu'ils se servaient de la version de l'écriture faite par Symmaque.

Il y a eu de deux sortes de Nazaréites ; les uns purs, qui observaient ensemble la loi de Moïse et celle de Jesus-Christ ; les autres étaient les Ebionites. Voyez EBIONITES.

Les auteurs ecclésiastiques nous apprennent que S. Matthieu prêcha l'évangîle aux Juifs à Jérusalem dans leur propre langue, et dans le reste de la Palestine, et que ce fut aussi vers ce temps qu'il écrivit son évangîle en hébreu. S. Epiphane ajoute, que cet évangîle fut conservé entier parmi les Nazaréens. Ce Père doute seulement s'ils n'en avaient point retranché la généalogie de Jesus-Christ, qui ne se trouvait point dans l'exemplaire des Ebionites. S. Jérôme qui a traduit en grec et en latin l'évangîle de S. Matthieu, nous dit qu'il y avait beaucoup de gens qui prenaient l'évangîle de S. Matthieu, dont les Nazaréens et les Ebionites faisaient usage, pour le vrai évangîle de cet apôtre.

C'est pour cela que Baronius dit dans ses annales, que si on avait à réformer la vulgate, ce devrait être plutôt sur l'original hebreu que sur le grec, qui n'est qu'une copie.

Casaubon traite d'impie cette opinion de Baronius, ne concevant pas comment l'autorité de la version grecque pourrait dépendre d'un texte entièrement perdu. Il ajoute que jamais cet évangîle n'a été d'usage que parmi les Nazaréens, les Ebionites et d'autres hérétiques, et qu'il était rempli de fables, ayant été altéré et corrompu par ces hérétiques. Voyez MATTHIEU.

Ces Nazaréens, quoique zelés observateurs de la loi de Moïse, avaient un très-grand mépris pour les traditions des Pharisiens. Cette secte subsista longtemps en Orient. Benschonah, auteur arabe, qui a écrit la vie de Mahomet, raconte que ce faux prophète fit l'an 4 de l'hégire, de Jesus-Christ 626, la guerre aux Nazaréens ou Nadaréens, qui étaient des Juifs établis en Arabie, et les vainquit. Le P. Calmet conjecture que ces Nazaréens pourraient bien être des descendants de ces chrétiens hébraïsans qui parurent dans les premiers siècles de l'Eglise.

Nazaréen est aussi un nom que les auteurs qui ont écrit contre le christianisme ont donné par mépris et par dérision aux disciples de Jesus - Christ, et à Jesus-Christ lui-même, parce qu'il était de Nazareth, petite ville de la basse Galilée. (O)