S. f. (Théologie) action par laquelle on adore Dieu, et on l'appelle à son secours. Voyez PRIERE, ADORATION, etc.

Les catholiques romains invoquent les saints, les priant d'interceder pour eux auprès de Dieu. L'invocation des saints est un des plus grands sujets des disputes entre les Catholiques et les Réformés. Voyez SAINT.

INVOCATION, en terme de Poésie, est une prière que le poète adresse, en commençant son ouvrage, à quelque divinité, surtout à sa muse pour en être inspiré. Voyez MUSES.

L'invocation est absolument nécessaire dans un poème épique, à cause que le poète dit des choses qu'il ne saurait pas, si quelque divinité ne les lui avait inspirées. D'ailleurs il doit à ses lecteurs cet exemple d'une piété et d'une vénération, qui est le fondement de toute la morale et des instructions qu'il prétend leur donner dans sa fable ; et puisqu'enfin les divinités doivent être de la partie, il n'est pas raisonnable qu'il ose les faire agir, sans leur en avoir demandé la permission. Voyez EPIQUE.

L'auteur s'adresse souvent aux dieux dans le cours d'un poème épique ; surtout lorsqu'il veut raconter quelque chose de miraculeux, comme lorsque Virgile décrit la métamorphose des navires d'Enée en nymphes ; mais la principale invocation est celle du commencement.

Le père le Bossu considère deux choses dans l'invocation ; la première est ce que le poète demande ; et la seconde, quelle est la divinité à qui il s'adresse. Quant à la première, Homère a si bien joint la proposition avec l'invocation dans l'Iliade, qu'il invoque sa muse pour tout ce qu'il propose sans réserve ; Virgile au contraire ne prie sa muse que de lui fournir une partie de son sujet, et même il détermine précisément celle qu'il désire : après avoir assez exactement proposé toute sa matière, il s'adresse à sa muse, et il la prie de lui en apprendre les causes. Voyez PROPOSITION.

Quant à la divinité qu'il invoque, le même auteur observe que ce doit toujours être celle qui préside au sujet qu'il traite, ou celle qui préside à la poésie en général. Ovide, dans ses métamorphoses, fait la première sorte d'invocation ; Lucrèce en agit de même dans son poème ; celles d'Homère et de Virgile sont de la première espèce ; ils n'invoquent que les muses, et distinguent par là les divinités qui président à la poésie, d'avec celles qui président aux actions des poèmes, et qui en sont les personnages.

Au reste, il ne faut pas s'imaginer que ces divinités invoquées soient considérées par les poètes mêmes, comme des personnes divines, dont ils attendent un véritable secours. Sous ce nom de muses, ils souhaitent le génie de la poésie, et toutes les conditions et les circonstances nécessaires pour exécuter leur entreprise. Ce sont des allégories et des manières de s'exprimer poétiquement, comme quand on fait des dieux du sommeil, du calme, de la renommée, de la terreur, et de semblables descriptions des choses naturelles ou morales ; aussi les muses sont-elles de tous les âges, de tous les pays et de toutes les religions ; il y en a de payennes, de chrétiennes, de grecques, de latines, de françaises, etc. Voyez MUSES.