adj. universel. (Théologie) On attribue à l'Eglise le nom de catholique, pour marquer qu'elle est répandue par toute la terre ; et c'est un de ses caractères distinctifs pour la discerner des sectes qui se sont séparées d'elle. Voyez CATHOLICITE.

Quelques auteurs ont prétendu que Théodose le grand avait le premier introduit ce terme dans l'Eglise, ordonnant par un édit qu'on attribuât par prééminence le titre de catholiques aux églises qui adhéraient au concîle de Nicée. Vossius pense que ce mot n'a été ajouté au symbole, que dans le troisième siècle : mais l'une et l'autre prétention est également insoutenable ; car dans la lettre des fidèles de Smyrne rapportée par Eusebe, liv. IV. chap. XVe il est fait mention de l'Eglise catholique, et des prières que fit S. Polycarpe pour toute l'Eglise catholique. Et M. de Valais, dans ses notes sur le VII. livre de l'histoire ecclésiastique d'Eusebe, remarque que le nom de catholique a été donné à l'Eglise dès les temps les plus voisins de ceux des apôtres, pour la distinguer des sociétés hérétiques qui s'étaient séparées d'elle. Avant même S. Polycarpe, S. Ignace avait dit dans son épitre à ceux de Smyrne ; ubi fuerit Jesus Christus, ibi est Ecclésiastesia catholica. Théodose a pu désigner avec raison les églises attachées à la foi de Nicée par le nom de catholiques, sans avoir été l'inventeur de ce titre déjà usité près de 200 ans avant lui. S. Cyrille et S. Augustin observent que les hérétiques et les schismatiques même donnaient ce nom à la véritable Eglise dont ils s'étaient séparés, et les orthodoxes ne la distinguaient que par le nom de catholique tout seul, catholica.

On a aussi anciennement donné le nom de catholiques à des magistrats ou officiers qui avaient soin de faire payer et de recevoir les tributs dans les provinces de l'empire, comme il parait par Eusebe, Théodoret, et l'histoire byzantine. Les patriarches ou primats d'orient ont encore pris le titre de catholiques ; on disait les catholiques d'Arménie, pour désigner le patriarche d'Arménie ; titre qui revenait à celui d'oecuménique qu'avaient pris les patriarches de Constantinople. Voyez OECUMENIQUE.

Les rois d'Espagne ont pris le titre de Rois catholiques ou Majestés catholiques. Mariana prétend que le roi Reccarede après avoir détruit l'Arianisme dans son royaume, reçut ce titre, et qu'il se trouve dans le concîle de Tolede de l'an 589. Vascé en fixe l'origine à Alphonse en 738, et les Bollandistes prétendent qu'Alexandre VI. en le donnant à Ferdinand et Isabelle, ne fit que renouveller une prérogative acquise aux anciens rois Visigoths qui avaient dominé en Espagne. L'opinion commune est que les souverains de cette partie de l'Europe n'ont commencé à le porter que sur la fin du XVe siècle, après que Ferdinand et Isabelle en eurent entièrement chassé les Maures. Fraissart rapporte que les ecclésiastiques donnèrent le même titre à Philippe-de-Valais pour avoir défendu les droits de l'Eglise. (G)