S. m. (Grammaire et Théologie) celui qui fait entendre les sentiments, les paroles, les écrits des autres, lorsqu'ils ne sont pas intelligibles. Voyez DRAGOMAN.

Le mot interprete, suivant Isidore, est composé de la préposition inter et de partes, l'interprete tenant le milieu entre deux parties ou deux personnes, pour leur faire entendre mutuellement leurs pensées. D'autres le font venir d'inter et de praes, c'est-à-dire, fidejussor, celui qui se porte pour caution entre deux personnes qui ne s'entendent point.

L'interprétation de l'Ecriture a donné lieu à des grands débats ; les Catholiques soutiennent qu'elle appartient absolument à l'Eglise ; que la raison peut bien en chercher le sens, lorsque l'Eglise n'a rien prononcé, mais qu'elle doit se taire dès que cet oracle a parlé. Les Protestants veulent que la raison soit le juge ou l'interprete souverain des Ecritures, quoique quelques-uns d'entr'eux aient beaucoup d'égard pour les synodes, et d'autres pour l'autorité de la primitive église. Quelques-uns enfin disent que c'est le S. Esprit qui l'interprete à chacun au fond du cœur. C'est ce que Bochart appelle . Voyez ESPRIT.

Dans la primitive église l'office d'interprete était une fonction ecclésiastique, différente de celle du lecteur : car comme il arrivait souvent que dans une ville les habitants étaient les uns naturels du pays, les autres établis ou par colonie, ou par droit de conquête, ou autrement, et que tous ne parlaient pas la même langue ; on n'entendait pas également la lecture qu'on faisait des livres sacrés ; il y avait dans presque toutes les églises des interpretes pour expliquer au peuple en langue vulgaire ce que le lecteur venait de lire, ou le discours que l'évêque avait prononcé. C'est ce que les Grecs appelaient . Ainsi dans les églises de la Palestine où la moitié du peuple parlait grec, et l'autre parlait syriaque, dans celles d'Afrique où la langue punique était encore en usage parmi les uns, tandis que la latine était familière aux autres, il fallait nécessairement qu'il y eut de ces interpretes. Bingham, orig. ecclésiastiq. tom. II. lib. III. chap. XIIIe §. 4.

INTERPRETES du droit (Jurisprudence) ce sont les jurisconsultes qui ont commenté les lois romaines. Voyez ci-devant INTERPRETATION, et ci-dessus JURISCONSULTES. (A)