S. f. en termes de Théologie, est une grâce céleste qui éclaire l'âme et lui donne des connaissances et des mouvements extraordinaires et surnaturels. Voyez CONNOISSANCE et SCIENCE.

Les prophètes ne parlaient que par l'inspiration divine, et le pécheur se convertit quand il ne résiste pas aux inspirations de la grâce. Voyez GRACE, PROPHETIE.

Inspiration se dit particulièrement au sujet des livres de l'Ecriture-sainte : on la définit un mouvement intérieur du Saint-Esprit, qui détermine un homme à écrire, et qui lui suggère le choix des choses qu'il doit écrire. L'idée d'inspiration suppose donc dans celui qui écrit un mouvement du Saint-Esprit qui le porte à écrire ce que la révélation lui a appris, ou ce qu'il sait par lui-même, et qui lui suggère le choix des choses qu'il doit écrire. Mais comme dans les livres saints on distingue les choses ou les matières, et les termes ou le style, et que les matières se divisent en prophéties, en histoires et en doctrines, et que les doctrines se divisent encore en philosophiques et en théologiques ; que ces dernières enfin se subdivisent en spéculatives et en pratiques, on demande si le Saint-Esprit a inspiré les auteurs sacrés et quant aux choses et quant aux termes dont ils se sont servis pour les énoncer.

Les sentiments des Théologiens sont fort partagés sur ces deux questions. Les uns soutiennent que le Saint-Esprit a dicté aux écrivains sacrés toutes les choses dont ils ont parlé, et qu'il leur a même suggéré les termes dont ils se sont servis. C'est le sentiment des facultés de Théologie de Douai et de Louvain dans leur censure de 1588.

D'autres prétendent que les écrivains sacrés ont été abandonnés à eux-mêmes dans le choix des termes ; qu'ils n'ont eu ni révélation ni inspiration dans tout ce qu'ils ont écrit, mais que le Saint-Esprit a tellement dirigé leur plume et leur esprit lorsqu'ils écrivaient, qu'il a été impossible qu'ils tombassent dans l'erreur. Lessius et quelques autres jésuites ont soutenu ce sentiment, qui occasionna la censure dont nous venons de parler, et M. Simon l'a embrassé depuis.

Holden, dans son ouvrage intitulé, Fidei divinae analysis, soutient que les écrivains sacrés ont été inspirés par le Saint-Esprit dans tous les points de doctrine, et dans tout ce qui a un rapport essentiel à la doctrine, mais qu'ils ont été abandonnés à eux-mêmes dans les mêmes faits, et en général dans toutes les questions étrangères à la religion.

M. le Clerc a été encore plus loin. Il prétend 1°. que Dieu a révélé immédiatement aux écrivains sacrés les prophéties qu'on trouve dans leurs livres, mais il nie que ce soit lui qui les ait portés à les mettre par écrit, et qu'il les ait conduits dans le moment même qu'ils les ont écrits. 2°. Il avance que Dieu n'a point révélé immédiatement aux écrivains sacrés toutes les autres choses qui se rencontrent dans leurs ouvrages, et qu'ils les ont écrites, ou sur ce qu'ils avaient Ve de leurs propres yeux, ou sur le récit de personnes véridiques, ou sur des mémoires écrits avant eux, sans inspiration et sans aucune assistance particulière du Saint-Esprit ; en un mot, il enseigne que les livres saints sont l'ouvrage de personnes de probité, qui n'ont pas été séduites et qui n'ont voulu séduire personne. Sentiments de quelques théologiens d'Hollande, lettre XIe et XIIe La Chambr. traité de la relig. tom. IV. dissert. IIIe pag. 157 et suiv.

Le sentiment le plus commun est, que le Saint-Esprit a inspiré les écrivains sacrés quant aux prophéties, aux points d'histoire et aux doctrines relatives à la religion, et que quant au choix et à l'arrangement des termes, il les a laissés à la disposition de chaque écrivain.

Les Payens prétendaient que leurs prêtres et leurs sibiles étaient divinement inspirés, lorsqu'ils rendaient leurs oracles. Les Poètes, pour paraitre inspirés, invoquent Apollon et les Muses lorsqu'ils veulent commencer quelque grand ouvrage. Voyez INVOCATION.

INSPIRATION, s. f. (Jurisprudence) se dit de l'élection d'un pape, lorsque tous les suffrages se sont réunis en faveur du même sujet, et principalement quand cela s'est fait au premier scrutin. Grégoire IX. en parle dans ses décretales, liv. VI, tit. VIe chap. 42. (A)