S. m. (Théologie) mauvais ange, et l'un de ces esprits célestes qui ont été précipités du ciel pour avoir voulu s'égaler à Dieu. Voyez ANGE.

Le mot diable vient du latin diabolus ; en grec , calomniateur, accusateur, trompeur. Adversarius vester diabolus, dit S. Paul ; tanquam leo rugiens circuit, quaerents quem devoret.

Les Ethiopiens, qui sont noirs, peignent le diable blanc, pour prendre le contrepié des Européens, qui le représentent noir. Les uns sont aussi bien fondés que les autres.

Il n'est point parlé du diable dans l'ancien Testament, mais seulement de satan. On ne trouve point non plus dans les auteurs payens le mot de diable dans la signification que les chrétiens y ont attachée, c'est-à-dire pour désigner une créature qui s'est révoltée contre Dieu : ils tenaient seulement qu'il y avait de mauvais génies qui persécutaient les hommes. Les Chaldéens admettaient de même un bon principe, et un mauvais principe ennemi des hommes. Voyez DEMON, PRINCIPE, etc.

Les relations que nous avons de la religion des Américains, disent qu'ils adorent le diable ; mais il ne faut pas prendre ce terme selon le style de l'Ecriture. Ces peuples ont l'idée de deux êtres opposés, dont l'un est bon et l'autre méchant ; ils mettent la terre sous la conduite de l'être malin, que nos auteurs appellent le diable, mais mal-à-propos. Dictionnaire de Trév. et Chambers. (G)

DIABLES CARTESIENS ou DE DESCARTES, (Physique) On appelle ainsi de petits plongeons de verre qui étant renfermés dans un vase plein d'eau, descendent au fond, remontent, et font tels mouvements qu'on veut. Ces petits plongeons sont de deux sortes ; les uns sont des masses solides de verre auxquelles on attache en-haut une petite boule pleine d'air, qui a comme une petite queue ouverte, ce qui rend le total moins pesant qu'un égal volume d'eau, mais de manière que la différence est fort petite ; les autres sont creux en-dedans, et percés en quelqu'endroit d'un petit trou. Ces plongeons étant enfermés dans un vase plein d'eau, dont le goulot soit étroit, si on presse avec le doigt la superficie de l'eau au goulot, l'air contenu dans le plongeon ou dans la boule, est condensé ; le plongeon devient plus pesant que l'eau, et descend : si on retire le doigt, l'air se dilate, le plongeon devient plus leger, et remonte. Voyez un plus grand détail dans l'essai de Phys. de Mussch. pag. 677, 678. Voyez aussi la figure de ces plongeons, Pl. de Physiq. fig. 24. et 25. (O)

DIABLE, s. m. oiseau, (Histoire naturelle, Ornithologie) on a donné ce nom aux Antilles à un oiseau de nuit, parce qu'on l'a trouvé très-laid. Il ressemble, dit-on, pour la figure à un canard ; il a le regard effrayant, et le plumage mêlé de noir et de blanc : il fait, comme les lapins, des trous en terre qui lui servent de nid ; Cet oiseau habite les plus hautes montagnes, et n'en descend que pendant la nuit : son cri est lugubre, et sa chair très-bonne à manger. Histoire naturelle des Antilles par le P. du Tertre, tome II. (I)

DIABLE, oiseau, voyez FOULQUE.

DIABLE DE MER, oiseau, voyez MAIROULE.

DIABLE, (Histoire naturelle, Ichtyologie) poisson de mer. Les pêcheurs des îles de l'Amérique appellent diable un grand poisson plat, en forme de grande raie ; il est plus large que long, ayant quelquefois plus de dix pieds du bout d'un aileron à l'autre, et plus de deux pieds d'épaisseur vers le milieu du corps. Sur le devant de la tête, au-dessus des yeux, sont deux espèces d'antennes flexibles, longues d'environ deux pieds, larges de six à sept pouces, plates, arrondies par le bout comme des palettes, et couvertes d'une peau fort épaisse. Ces antennes se recourbent en se tortillant comme des cornets ; elles ressemblent pour lors à de grosses cornes de bélier. La gueule de ce poisson est demesurément ouverte, ayant plus de deux pieds de large ; elle n'a point de dents, mais on remarque de grosses lèvres ou membranes très-épaisses qui recouvrent les gencives de ce monstre, lorsqu'il veut engloutir quelque gros poisson : au dessous de la tête, des deux côtés de l'estomac, sont les ouies formées par des ouvertures ou fentes transversales : il a une espèce de gouvernail sur le dos à la partie postérieure, de laquelle sort une queue très-agile, longue de quatre à cinq pieds, diminuant insensiblement en forme de fouet. Tout l'animal est couvert d'une peau très-forte, rude, grise sur le dos et blanche sous le ventre : sa chair est indigeste, et à-peu-près semblable à celle des grosses raies, dont ce poisson est vraisemblablement une espèce. Cet article est de M. LE ROMAIN.

DIABLE, (Maréchal-grossier) espèce de levier assez semblable pour la forme et pour l'usage, à celui dont se servent les Tonneliers pour faire entrer de force les cerceaux sur les tonneaux qu'ils relient. Les Maréchaux-grossiers emploient le diable à faire passer les bandes de fer sur les roues des voitures, lorsqu'ils bandent ces roues d'une seule piéce.

DIABLE, (Manufacture en laine) espèce de levier qui, dans le ramage des étoffes, sert à faire baisser les traverses d'en-bas, quand il s'agit d'élargir le drap : c'est par cette raison que le même instrument s'appelle aussi larget. Voyez MANUFACTURE EN LAINE.

DIABLE, terme de Rivière, grand chariot à quatre roues, qui par des verins sert à enlever et à conduire de grands fardeaux.

Diable se dit aussi d'une machine à deux roues dont se servent les Charpentiers pour porter quelques morceaux de bois.