ou AGNOETES, s. m. pl. (Théologie) secte d'hérétiques qui suivaient l'erreur de Théophrone de Cappadoce, lequel soutenait que la science de Dieu par laquelle il prévait les choses futures, connait les présentes et se souvient des choses passées, n'est pas la même, ce qu'il tâchait de prouver par quelques passages de l'Ecriture. Les Eunomiens ne pouvant souffrir cette erreur, le chassèrent de leur communion ; et il se fit chef d'une secte, à laquelle on donna le nom d'Eunomisphroniens. Socrate, Sozomene et Nicéphore qui parlent de ces hérétiques, ajoutent qu'ils changèrent aussi la forme du baptême usitée dans l'Eglise, ne baptisant plus au nom de la Trinité, mais au nom de la mort de Jesus-Christ. Voyez BAPTEME et FORME. Cette secte commença sous l'empire de Valents, vers l'an du salut 370.

AGNOITES ou AGNOETES, secte d'Eutychiens dont Thémistius fut l'auteur dans le VIe siècle. Ils soutenaient que Jesus-Christ en tant qu'homme ignorait certaines choses, et particulièrement le jour du jugement dernier.

Ce mot vient du Grec ἀγνοηται, ignorant, dérivé d’ἀγνοεῖν, ignorer.

Eulogius, patriarche d'Alexandrie, qui écrivit contre les Agnoïtes sur la fin du VIe siècle, attribue cette erreur à quelques Solitaires qui habitaient dans le voisinage de Jérusalem, et qui pour la défendre alléguaient différents textes du Nouveau Testament, et entre autres celui de S. Marc, ch. XIIIe Ve 32. que nul homme sur la terre ne sait ni le jour, ni l'heure du jugement, ni les Anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils, mais le Père seul.

Il faut avouer qu'avant l'hérésie des Ariens qui tiraient avantage de ce texte contre la divinité de Jesus-Christ, les Peres s'étaient contentés de leur répondre que ces paroles devaient s'entendre de Jesus-Christ comme homme. Mais depuis l'Arianisme et les disputes des Agnoïtes, les Théologiens Catholiques répondent que Jesus-Christ, même comme homme, n'ignorait pas le jour du jugement, puisqu'il en avait prédit l'heure en S. Luc, c. XVIIe Ve 31. le lieu en S. Matthieu, c. xxjv. Ve 28. les signes et les causes en S. Luc, c. xxj. Ve 25. ce qui a fait dire à S. Ambraise, lib. V. de fide, cap. XVIe n°. 204. Quomodo nescivit judicii diem, qui et horam praedixit, et locum et signa expressit ac causas ? mais que par ces paroles le Sauveur avait voulu réprimer la curiosité indiscrette de ses disciples, en leur faisant entendre qu'il n'était pas à-propos qu'il leur révélât ce secret : et enfin, que ces mots, le Père seul, n'excluent que les créatures et non le Verbe incarné, qui connaissait bien l'heure et le jour du jugement en tant qu'homme, mais non par la nature de son humanité quelqu'excellente qu'elle fût, dit S. Grégoire : in naturâ quidem humanitatis novit diem et horam, non ex naturâ humanitatis novit. Ideo scientiam, quam ex naturâ humanâ non habuit, in quâ cum angelis creaturâ fuit, hanc se cum angelis habere denegavit. Lib. I. epist. xlij. Wuitass. tract. de Trinit. part. I. qu. IVe art. 2. sect. IIIe p. 408. et seq. (G)