S. f. (Théologie) nom que les Grecs ont donné à l'hymne angélique ou cantique de louange que les Latins chantent à la messe, et qu'on nomme communément le Gloria in excelsis ; parce qu'il commence en grec par le mot , c'est-à-dire gloire.

Ils distinguent dans leurs livres liturgiques, la grande et la petite doxologie. La grande doxologie est celle dont nous venons de parler. La petite doxologie est le verset Gloria Patri et Filio, etc. par lequel on termine le chant, ou la récitation de chaque pseaume dans l'office divin, et qui commence en grec par le même mot .

Philostorge, dans son III. livre, n°. 13, nous donne trois formules de la petite doxologie. La première est Gloire au Père, au Fils, et au S. Esprit. La seconde, Gloire au Père par le Fils dans le S. Esprit. Et la troisième, Gloire au Père dans le Fils et le saint-Esprit. Sozomene et Nicéphore en ajoutent une quatrième ; savoir, Gloire au Père et au Fils dans le saint-Esprit.

La première de ces doxologies est celle qui est en usage dans les églises d'Occident. Elle fut instituée, selon quelques-uns, vers l'an 350, par les catholiques d'Antioche ; mais S. Basile, dans son livre du S. Esprit, chap. xxvij et xxjx, remarque que cet usage était beaucoup plus ancien, quoiqu'il ne fût pas universel. Les trois autres furent composées par les Ariens. La seconde était celle d'Eunomius et d'Eudoxe, et elle est adoptée par Philostorge qui était dans leurs sentiments. Ces trois formules furent faites vers l'an 341, au concîle d'Antioche, où les Ariens qui commençaient à n'être plus d'accord entr'eux, voulurent avoir des doxologies relatives à leurs divers sentiments. Philostorge attribue à Flavien, qui fut d'abord patriarche d'Antioche, la première origine de la doxologie des Catholiques ; mais l'autorité de cet auteur Arien est fort suspecte sur un fait dont Sozomene et Théodoret ne disent rien. Il y eut effectivement à Antioche de grandes disputes sur la forme de la doxologie ; les Catholiques retinrent la première ; et les Ariens et autres Anti-trinitaires, quelqu'une des trois autres. Saint Basîle a tâché de justifier la seconde.

Au reste, comme le remarque Bingham, la petite doxologie n'a pas toujours été uniforme dans les églises catholiques. Le quatrième concîle de Tolede, tenu en 533, s'exprime ainsi à cet égard : In fine omnium psalmorum dicimus, Gloria et honor Patri et Filio et Spiritui sancto, in saecula saeculorum, amen ; où l'on omet ces paroles aujourd'hui et depuis longtemps reçues, Sicut erat in principio et nunc et semper, et où l'on ajoute le mot honor. Cette forme de doxologie n'était pourtant pas particulière à l'église d'Espagne, car l'église Grecque s'en servit quelque temps, comme il parait par le traité de S. Athanase de la Virginité. Strabon, de reb. eccles. c. xxv, rapporte que les Grecs la conçurent ensuite en ces termes : Gloria Patri et Filio et Spiritui sancto, et nunc et semper, et in saecula saeculorum, amen ; mais il ne marque pas l'époque de ce changement. Il parait par le second concîle de Vaison, tenu en 529, que ces mots, Sicut erat in principio, n'étaient pas encore universellement introduits dans la doxologie de l'église Gallicane, puisque les PP. du concîle souhaitent qu'on les y insere pour prémunir les fidèles contre l'erreur des Ariens, qui prétendaient que le Fils n'avait pas été de toute éternité. Outre cette doxologie qui terminait les pseaumes, Bingham observe qu'il y en avait anciennement une, dont il cite un exemple tiré des constitutions apostoliques, l. VIII. c. XIIe par laquelle on terminait les prières : Omnis gloria, veneratio, gratiarum actio, honor, adoratio, Patri et Filio et Spiritui sancto nunc et semper et in insinita ac sempiterna saecula saeculorum, amen. Ou cette autre : Per Christum cum quo tibi et Spiritui sancto gloria, honor, laus, glorificatio, gratiarum actio in saecula, amen. Et enfin celle-ci, par laquelle on concluait les sermons ou homélies : Ut obtineamus aeternam vitam per Jesum Christum cui cum Patre et Spiritu sancto gloria et potestas in saecula saeculorum, amen. Bingham, orig. eccles. tom. VI. lib. XIV. c. XIe §. 1.

Quelques auteurs se servent du mot hymnologie, comme synonyme à doxologie ; mais il y a entre ces deux mots une différence : hymnologie se dit des pseaumes, cantiques, hymnes, etc. ou de la récitation de toutes ces choses : et doxologie, du dernier verset Gloire au Père, etc. répété à la fin de chaque pseaume. Cependant les rubricaires se servent communément du mot doxologie, pour exprimer la dernière strophe ou la conclusion de chaque hymne, où l'on rend gloire aux trois personnes de la sainte Trinité. Voyez HYMNE.

Quant à la grande doxologie ou au Gloria in excelsis, excepté les premières paroles que les évangélistes attribuent aux anges qui annoncèrent aux bergers la naissance de Jesus-Christ, on ignore par qui le reste a été ajouté ; et quoiqu'on appelle toute la pièce l'hymne angelique, les PP. ont reconnu que tout le reste était l'ouvrage des hommes. C'est ce qu'on voit dans le 13e canon du IVe concîle de Tolede. Ce qu'il y a de certain, c'est que ce cantique est très-ancien. S. Chrysostome observe que les Ascetes le chantaient à l'office du matin. Mais de toute antiquité, on l'a chanté principalement à la messe, non pas cependant tous les jours. La liturgie mozarabique veut qu'on le chante le jour de Noë avant les leçons, c'est-à-dire avant la lecture de l'épitre et de l'évangile. Dans les autres églises, on ne le chantait que le dimanche, à Pâques, et autres fêtes les plus solennelles ; et encore aujourd'hui dans l'église Romaine, on ne le dit point à la messe les jours de férie et de fêtes simples, non plus que dans l'avent ni depuis la septuagésime jusqu'au samedi saint exclusivement. Bingham, orig. eccles. tom. VI. l. XIV. c. XIe §. 2. (G)