S. m. (Théologie) livre d'Eglise, qui contient pour chaque jour de la semaine et pour chaque fête, l'office du jour et de la nuit. Voyez OFFICE.

Le breviaire est composé des prières qu'on récite dans l'église à diverses heures du jour : savoir, l'office de la nuit, que l'on appelle matines, que l'on récitait autrefois la nuit ; usage qui s'est encore conservé dans quelques cathédrales, et dans la plupart des ordres religieux : laudes, qu'on disait au lever du soleil : prime, tierce, sexte et none, ainsi nommées des heures du jour où on les récitait, suivant l'ancienne manière de compter ces heures : vêpres, qui se disait après soleil couché. On a depuis ajouté complies, mais sans les séparer absolument des vêpres, afin de rendre à Dieu un tribut de prières sept fois par jour, pour se conformer à ce passage du psalmiste : septies in die laudem dixi tibi. Voyez HEURES. L'usage de réciter des prières à ces diverses heures de la nuit et du jour, est très-ancien dans l'Eglise : on les appelait en Occident le cours ; on leur a donné depuis le nom de breviaire, soit que l'ancien office ait été abrégé, soit que ce recueil soit comme un abrégé de toutes les prières.

Le docteur Mege tire l'origine du nom de breviaire, de la coutume qu'avaient les anciens moines de porter dans leurs voyages de petits livres qui contenaient les pseaumes, les leçons, et ce qu'on lisait en chaire ; le tout extrait des grands livres d'église : et le P. Mabillon assure, qu'il a Ve dans les archives de Citeaux deux pareils livres, qui n'avaient pas plus de trois doigts de large, écrits en très-petit caractère avec des abréviations, où très-peu de syllabes exprimaient une période entière.

Le breviaire est composé de pseaumes, de leçons tirées de l'Ecriture, ou des homélies des Peres, ou des histoires des Saints ; d'hymnes, d'antiennes, de répons, de versets, d'oraisons convenables au temps, aux fêtes, et aux heures. Les églises ayant chacune rédigé les offices qui étaient en usage chez elles, il en a résulté de la différence entre les breviaires ; il s'est même glissé dans plusieurs, quantité de fausses légendes des Saints : mais la critique qui s'est si fort perfectionnée depuis un siècle, en a purgé la plupart. Les conciles de Trente, de Cologne, les papes Pie V. Clément VIII. et Urbain VIII. ont travaillé à cette réforme ; et aujourd'hui les églises de France en particulier, ont des breviaires composés avec beaucoup de soin et d'exactitude. Celui qu'on appelle breviaire romain, n'est point l'ancien breviaire de l'église de Rome, mais un breviaire que les Cordeliers récitaient dans la chapelle du pape, et que Sixte IV. adopta. Plusieurs de ses successeurs ont voulu en faire un breviaire universel pour toute l'Eglise : mais ce projet est demeuré sans exécution. Le cardinal Quignonez s'était aussi proposé de le simplifier, en supprimant le petit office de la Vierge, les versets, les répons, et une grande partie de la vie des Saints. Son projet n'a pas non plus eu lieu.

Les principaux breviaires, après celui de Rome et ceux des églises particulières, sont ceux des Bénédictins, des Bernardins, des Chartreux, des Prémontrés, des Dominicains, des Carmes, de Cluny, et le breviaire mozarabique dont on se sert en Espagne. Celui des Franciscains et des Jésuites est le même que le romain, à l'exception de quelques fêtes propres et particulières à l'un ou l'autre de ces ordres.

Le breviaire des Grecs, qu'ils appellent horologium, est à-peu-près le même dans toutes leurs églises et monastères. Ils divisent le pseautier en vingt parties, qu'ils nomment , pauses ou repos ; et chaque pause est subdivisée en trois parties : en général, le breviaire grec consiste en deux parties, dont l'une contient l'office du soir appelé , et l'autre celui du matin, qui comprend matines, laudes, les petites heures, vêpres et complies. Celui des Maronites contient quelques différences plus considérables. Voyez MARONITE.

Parmi les peuples qui parlent la langue sclavone, ou quelques-uns de ses dialectes, le breviaire est en langue vulgaire, comme parmi les Maronites en syriaque, parmi les Arméniens en arménien, etc. Ceux qui disent le breviaire en sclavon, sont divisés quant au rit. Les habitants de la Dalmatie et des côtes voisines de cette province, de même que ceux qui sont plus avant dans les terres, comme en Hongrie, Bosnie, et Esclavonie, suivent le rit romain ; en Pologne, Lithuanie, Moscovie, ils suivent le rit grec. Le breviaire des Abyssins et des Cophtes est presque le même. Voyez COPHTES, GRECS, etc.

L'usage de réciter le breviaire en particulier était originairement de pure dévotion ; non-seulement des ecclésiastiques, mais même des laïcs l'ont pratiqué quand ils ne pouvaient pas assister à l'office dans l'église : mais on ne trouve pas de loi ancienne qui y oblige les ecclésiastiques. La première est le decret du concîle de Bâle, suivi de celui de Latran sous Jules II. et Léon X. encore ne regardent-ils expressément que les bénéficiers. Mais les casuistes pensent en général, que tous les ecclésiastiques promus aux ordres sacrés, ou possédant des bénéfices, sont tenus au breviaire sous peine de péché mortel ; et quant à ces derniers, qu'ils sont obligés à la restitution des fruits de leur bénéfice proportionnément au nombre de fois qu'ils ont manqué de réciter leur breviaire. Mege. Joly, de recit. hor. canon. Mabillon, de cursu gallican. De Vert, des cérémonies. (G)