S. f. en terme d'Astronomie, est le temps qu'une planète met à faire sa révolution ; ou la durée de son cours, depuis qu'elle part d'un certain point des cieux jusqu'à ce qu'elle retourne à ce même point.

La période du soleil, ou plutôt de la terre, est de 365 jours, 5 heures, 49 minutes. Celle de la lune est de 27 jours, 7 heures, 43 minutes. Voyez SOLEIL, LUNE, etc. Les périodes des cometes sont encore inconnues pour la plupart. Il y en a néanmoins quelques-unes dont on croit connaître les périodes : une par exemple dont on sait que la période est de 75 à 76 ans, et qu'on a revue en 1759, une autre dont on croit que la période est de 129 ans, et qu'on attend en 1789 ou 1790 ; une autre enfin dont on croit que la période est de 575 ans, c'est la fameuse comete de 1680. Voyez COMETE.

Il y a une admirable harmonie entre les distances des planètes au soleil, et leurs périodes autour de cet astre ; la loi de cette harmonie est que les carrés des temps périodiques sont toujours comme les cubes des moyennes distances au soleil. Voyez PLANETE. Voici ces périodes et ces moyennes distances.

PERIODE, en terme de Chronologie, signifie une époque ou un intervalle de temps par lequel on compte les années, ou une suite d'années au moyen de laquelle le temps est mesuré de différentes manières, dans différentes occasions, et par des nations différentes. Voyez TEMS.

Telles sont les périodes calipique et méthonique, qui étaient deux différentes corrections du calendrier grec ; la période Julienne inventée par Jos. Scaliger ; la période victorienne, etc.

PERIODE CALIPIQUE, ainsi nommée de Calippus son inventeur, est une suite de 76 ans qui reviennent continuellement, et qui étant écoulés redonnent les pleines et les nouvelles lunes au même jour de l'année solaire.

La période calipique a été inventée pour perfectionner la période méthonique de 19 ans ; cette dernière période ne se trouvant pas assez exacte, Calippus, athénien, la multiplia par 4, et forma ainsi la période calipique. Voyez CALIPIQUE.

PERIODE CONSTANTINOPOLITAINE, est la période dont se servent les Grecs : elle est la même que la période julienne. Voyez PERIODE JULIENNE.

PERIODE DYONISIENNE, ainsi appelée de Denis le Petit, son inventeur, est la même chose que la période victorienne. Voyez PERIODE VICTORIENNE.

PERIODE D'HYPPARQUE, est une suite de 304 années solaires qui reviennent continuellement, et qui, selon Hypparque, redonnent en revenant les pleines et les nouvelles lunes au même jour de l'année solaire.

Cette période n'est autre que la période calipique multipliée par 4. Hypparque faisait l'année solaire de 365 jours, 5 heures, 55'12''; et de-là il concluait qu'en 304 ans la période calipique devrait errer d'un jour entier. C'est ce qui l'engagea à multiplier cette période par 4, et à ôter du produit un jour. Mais cette correction ne fait pas revenir les pleines et les nouvelles lunes au même jour de la période ; car il y en a qui anticipent d'un jour, 8 heures, 23', 29'', 20'''.

PERIODE JULIENNE, est une suite de 7980 ans, qui vient de la multiplication des cycles du soleil, de la lune, et des indictions l'un par l'autre, c'est-à-dire, des nombres 28, 19, 15. Elle commence au premier Janvier dans l'année julienne.

Chaque année de la periode julienne a son cycle solaire, son cycle lunaire, et son cycle d'indictions particulier, de sorte qu'il n'y a point dans toute l'étendue de cette periode deux années qui aient à-la-fais le même cycle solaire, le même cycle lunaire, et le même cycle d'indictions : d'où il s'ensuit que toutes les années de la période julienne sont distinguées les unes des autres.

Cette période fut inventée par Scaliger, comme renfermant toutes les époques, pour faciliter la réproduction des années d'une époque donnée, à celles d'une autre époque pareillement donnée. Elle s'accorde avec l'époque ou période constantinopolitaine, qui était en usage parmi les Grecs ; avec cette différence que les cycles solaires et lunaires, et celui des indictions, s'y comptent différemment, et que la première année de la période julienne diffère de celle de la période constantinopolitaine.

PERIODE, ou CYCLE METHONIQUE, appelé aussi cycle lunaire, est une suite de 19 ans, au bout desquels les pleines et les nouvelles lunes sont supposées revenir au même jour de l'année solaire. On a appelé cette période méthonique, du nom de son inventeur Methon. Voyez METHONIQUE. Voyez aussi CYCLE.

PERIODE VICTORIENNE, est un intervalle de 532 années juliennes, au bout desquelles les nouvelles et les pleines lunes reviennent au même jour de l'année julienne, selon le sentiment de Victorinus, ou Victorius, qui vivait sous le pape Hilaire.

Quelques auteurs attribuent cette période à Denis le Petit, et l'appellent pour cette raison période Dionysienne : d'autres l'appellent grand cycle paschal, parce qu'elle a été inventée pour trouver le temps de la Pâque, et que dans l'ancien calendrier, la fête de Pâque au bout de 532 ans tombe au même jour.

La période victorienne se trouve en multipliant le cycle lunaire 19 par le cycle solaire 28 ; le produit de ces deux nombres est 532.

Mais il s'en faut quelquefois d'un jour, 16 heures, 58', 59'', 40''', que les pleines et les nouvelles lunes ne retombent au même jour dans cette période. Chambers. (O)

PERIODE CHALDAÏQUE, voyez SAROS.

PERIODE, en termes de Grammaire et de Rhétorique, est une petite étendue de discours qui renferme un sens complet, dont on distingue la fin par un point (.), et les parties ou divisions par la virgule (,), ou par le point et la virgule (;), ou par les deux points (:). Voyez PENSEE et POINT.

Le père de Colonia définit la période une pensée courte, mais parfaite ; composée d'un certain nombre de membres, et de parties dépendantes les unes des autres et jointes ensemble par un lien commun.

La période, suivant la fameuse définition d'Aristote, est un discours, qui a un commencement, un milieu et une fin, qu'on peut voir tout à-la-fais. Il définit aussi la période composée de membres, une élocution achevée, parfaite pour le sens, qui a des parties distinguées, et qui est facîle à prononcer tout d'une haleine.

Un auteur moderne définit la période d'une manière beaucoup plus courte et plus claire : une phrase composée de plusieurs membres, liés entr'eux par le sens et par l'harmonie.

On distingue en général de deux sortes de périodes, la période simple et la période composée. La période simple est celle qui n'a qu'un membre, comme la vertu seule est la vraie noblesse : c'est ce qu'on appelle autrement proposition, les Grecs la nommaient . La période composée est celle qui a plusieurs membres, et l'on en distingue de trois sortes : sa voir, la période à deux membres, appelée par les Grecs , et par les Latins bimembris ; la période à trois membres, , trimembris ; et celle à quatre membres, , ou quadrimembris.

Une vraie période oratoire ne doit avoir ni moins de deux membres, ni plus de quatre : ce n'est pas que les périodes simples ne puissent avoir lieu dans le cours, mais leur briéveté le rendrait trop décousu et en bannirait l'harmonie, pour peu qu'elles y fussent multipliées.

Dès qu'une période passe quatre membres, elle perd le nom de période et prend celui de discours périodique.

Voici un exemple d'une période à deux membres, tiré de Cicéron : ergò et mihi meae vitae pristinae consuetudinem, C. Caesar, interclusam aperuisti (premier membre), et his omnibus ad bene de republicâ sperandum, quasi signum aliquod sustulisti (second membre).

Exemple de la période à trois membres : nam cum anteà per aetatem hujus loci autoritatem contingère non auderem (premier membre), statueremque nihil huc nisi perfecto ingenio elaboratum que industriâ afferri oportère (second membre) omne meum tempus amicorum temporibus transmittendum putavi (traisième membre) ; Cic. pro lege Maniliâ.

On trouve un exemple de la période à quatre membres dans la belle description que fait le même orateur du supplice des parricides qu'on jetait dans la mer enfermés dans un sac : ità vivunt, ut ducère animam de coelo non queant (premier membre) ; ità moriuntur, ut eorum ossa terra non tangat (second membre) ; ità jactantur fluctibus, ut nunquàm abluantur (traisième membre) ; ità postremò ejiciuntur, ut ne ad saxa quidem mortui conquiescant (quatrième membre) ; Cic. pro Roscio Amerino.

Les anciens orateurs observaient assez scrupuleusement les règles de l'art pour la mesure, l'étendue et l'harmonie des périodes dans leurs harangues ; mais dans les langues modernes on est beaucoup moins sévère ou plus négligent.

Selon les règles de l'art oratoire, les membres d'une période doivent être égaux au-moins à-peu-près, afin que les repos ou suspensions de la voix à la fin de chaque membre puissent être à-peu-près les mêmes : mais on n'a point d'égard à cette règle, quand ce qu'on écrit n'est pas destiné à être prononcé en public.

Le discours ordinaire et familier admet des périodes plus longues et plus courtes que les périodes oratoires. Dans un discours public, les périodes trop courtes, et pour ainsi dire trop mutilées, nuisent au grand et au sublime dont elles interrompent la marche majestueuse. Au contraire les périodes trop longues l'appesantissent cette marche, tiennent l'esprit de l'auditeur dans une suspension qui produit souvent de l'obscurité dans les idées. D'ailleurs la voix de l'orateur n'est pas assez forte pour soutenir le ton jusqu'au bout ; on sait à cet égard les plaisanteries qu'on a faites sur les longues périodes de Maimbourg. Phalarée, Hermogène, Térence et les autres rhéteurs bornent à quatre membres la juste longueur de la période, appelée par les Latins ambitus et circuitus selon ce distique :

Quatuor è membris plenum formare videbis

Rhetora circuitum ; sive ambitus ille vocatur.

C'est aussi le sentiment de Cicéron qui dit dans l'orateur : constat ille ambitus et plena comprehensio ex quatuor ferè partibus, quae membra dicuntur, ut et aures impleat et nè brevior sit quam satis est neque longior.

Cet orateur nous fournit un exemple du discours périodique dans l'exorde de l'oraison pour le poète Archias : si quid in me sit ingenii, judices, quod sentio quam sit exiguum, aut si qua exercitatio dicendi, in quâ me non inficior mediocriter esse versatum : aut si hujusce rei ratio aliqua optimarum artium studiis et disciplinâ profecta, à quâ ego confiteor nullum aetatis meae tempus abhorruisse, earum rerum omnium vel imprimis hic Aul. Licinius fructum à me repetère proprio suo jure debet.

Il y a encore des périodes qu'on nomme rondes, et d'autres qu'on nomme carrées, à cause de leur construction et de leurs chutes différentes. La période carrée est celle qui est composée de trois ou quatre membres égaux, distingués l'un de l'autre, comme celle que nous avons citée sur le châtiment des parricides, ou celle-ci de M. Fléchier : si M. de Turenne n'avait su que combattre et vaincre (premier membre), s'il ne s'était élevé au-dessus des vertus humaines (second membre), si sa valeur et sa prudence n'avaient été animées d'un esprit de foi et de charité (traisième membre), je le mettrais au rang des Fabius et des Scipions (quatrième membre). Tous ces membres, comme on voit, ont entr'eux une juste proportion.

La période ronde est celle dont les membres sont tellement joints et pour ainsi dire enchâssés les uns dans les autres, qu'à-peine voit-on ce qui les unit, de sorte que la periode entière coule avec une égalité parfaite, sans qu'on y remarque de repos considérable ; telles sont les périodes de Cicéron à deux et à trois membres, rapportées ci-dessus.

D'autres appellent période ronde celle dont les membres sont tellement disposés, qu'on pourrait mettre le commencement à la fin, et vice versâ, sans ôter au sens ni à l'harmonie du discours ; et ils en citent pour exemple cette période de Cicéron : si, quantùm in agro locisque désertis audacia potest, tantùm in foro atque in judiciis impudentia valeret, non minùs in causâ cederet Aulus Caecina Sexti Ebutii impudentiae, quam tùm in Ve faciendâ cessit audaciae ; car on pourrait la commencer par ces mots : non minùs in causâ cederet, etc. sans que la pensée ni le nombre oratoire en souffrissent.

Enfin, on appelle période croisée, periodus decussata, celle dont les membres sont opposés, telle qu'est celle qu'on vient de lire ; ou celle-ci de M. Flechier : plus grande, dans ce dépouillement de sa grandeur, et plus glorieuse lorsqu' entourée de pauvres, de malades, ou de mourants, elle participait à l'humilité et à la patience de Jesus-Christ, que lorsqu'entre deux haies de troupes victorieuses, dans un char brillant et pompeux, elle prenait part à la gloire et aux triomphes de son époux. On en trouve un grand nombre de cette espèce dans cet orateur, qui donnait beaucoup et peut-être trop dans les antithèses.

Au demeurant, il n'y a gueres de lois à prescrire sur l'emploi de la période. En général, le commencement d'un discours grave et noble sera périodique ; mais dans le cours de sa harangue, l'orateur se laisse diriger par le caractère de ses pensées, par la nature de ses images, par le sujet de son récit. Tantôt ses phrases sont coupées, courtes, vives et pressées ; tantôt elles deviennent plus longues, plus tardives et plus lentes. On acquiert par une longue habitude d'écrire, la facilité de prendre le rithme qui convient à chaque chose et à chaque instant ; presque sans s'en apercevoir et à la longue, ce goût dont la nature donne le germe et que l'exercice déploie, devient très-scrupuleux.

PERIODE, (Belles Lettres) se dit aussi du caractère ou du point (.), qui marque et détermine la fin des périodes dans le discours, et qu'on appelle communément plein repos ou point. Voyez PONCTUER.

Le P. Buffier remarque qu'il se rencontre deux difficultés dans l'usage de la période ou du point, savoir de la distinguer du colon ou de deux points, et de déterminer précisément la fin d'une période ou d'une pensée.

On a remarqué que les membres surnuméraires d'une période séparés des autres par des colons et des demi-colons commencent ordinairement par une conjonction. Voyez COLON. Cependant il est certain que ces conjonctions sont encore le plus souvent le commencement d'une nouvelle période, que des membres surnuméraires de la période précédente. C'est le sens du discours et le discernement de l'auteur qui doivent le guider dans l'usage qu'il fait de ces deux différentes ponctuations. Une règle générale là-dessus et qu'il faut admettre, si l'on ne veut pas renoncer à toutes les régles, c'est que quand le membre surnuméraire est aussi long que le reste de la période, c'est alors une période nouvelle ; que s'il est beaucoup plus court, c'est un membre de la période précédente.

La seconde difficulté consiste en ce qu'il y a plusieurs phrases courtes et coupées, dans lesquelles le sens parait être complet, et qui néanmoins ne semblent pas être de nature à devoir se terminer par un point. Ce qui arrive fréquemment dans le discours libre et familier, par exemple : Vous êtes tous en suspens : faites promptement vos propositions ; vous seriez blâmables d'hésiter plus longtemps. D'où l'on voit qu'il y a de simples phrases, dont le sens est aussi complet que celui des périodes, et qui, à la rigueur, doivent être terminées par des points ; mais leur briéveté fait qu'on y substitue les deux points.

PERIODE, PERIODIQUE, (Médecine) ces mots sont tirés du grec , formé de , à l'entour, et , chemin, ils signifient littéralement circuit et circulaire ; les Physiologistes s'en servent quelquefois pour désigner la circulation du sang ; mais ces termes sont plus usités dans la Pathologie. La période marque proprement le temps qui s'écoule entre les accès, paroxysmes ou redoublements des maladies intermittentes ; ainsi la période comprend deux temps, celui du paroxysme et celui de la remission. Voyez ces mots. La période peut être fixe et constante, ou vague et indéterminée ; elle est fixe dans la plupart des fièvres intermittentes, vague dans les fièvres erratiques, et pour l'ordinaire dans la goutte et l'épilepsie ; sa durée peut varier beaucoup ; elle est d'un jour dans les fièvres quotidiennes, de deux jours dans les tierces, de trois dans les quartes, d'un an dans les annuelles, quelquefois de plusieurs années dans la goutte.

On donne la qualité ou l'épithète de périodiques à toutes ces maladies qui éprouvent pendant un certain temps des alternatives de bien et de mal, de diminution et d'augmentation des symptômes qui cessent même tout à fait et recommencent ensuite ; ainsi périodique peut être regardé comme synonyme d'intermittent. La cause de ces maladies, après avoir beaucoup exercé les Médecins, est encore pour eux un mystère profond, et dans le siècle éclairé où nous vivons, les Médecins cherchent peu à le pénétrer, ayant appris par les erreurs de ceux qui les ont précédé combien les recherches dans ce genre sont pénibles, et combien elles ont été infructueuses. Voyez PAROXYSME, FIEVRE INTERMITTENTE, etc. On doit se contenter de savoir que toutes les maladies périodiques affectent principalement les nerfs ; que c'est cette affection nerveuse qui est la cause de la périodicité ; mais on ne peut aller plus avant, c'est là le nec plus ultrà ; l'action de cette cause, son mécanisme, sont tout à fait ignorés, on n'en connait que les effets ; des observations pratiques ont appris 1° que ces maladies n'étaient pas dangereuses, quocumque modo intermittant, (Hippocr. aphor. 43. lib. IV.) ; 2° qu'il était quelquefois au contraire dangereux de les faire cesser à bonne heure ; 3° que les remèdes les plus propres à emporter leur périodicité étaient les nerveux, antispasmodiques, amers, vertus qui se trouvent éminemment réunies dans le quinquina, remède anti-périodique par excellence : j'ai quelques observations particulières qui m'ont constaté une vertu semblable dans le castor, la rhuè, l'assa-fétida, et autres anti-hystériques, même vis-à-vis des fièvres intermittentes ; mais qu'on n'oublie jamais que l'usage de ces remèdes n'est pas sur, et qu'il est d'autant plus à craindre qu'ils sont plus efficaces. Je ne m'arrêterai point à rassembler une quantité d'observations de fièvres intermittentes trop-tôt suspendues ou coupées, comme on dit, et qui sont devenues mortelles, aiguës, ou qui ont dégénéré en différentes affections chroniques très-fâcheuses. La goutte fournit aussi des exemples terribles : on me rapportait, il y a quelques jours, qu'une personne ayant pris du quinquina par l'avis de quelque charlatan pour guérir une goutte violente dont il était tourmenté, fut effectivement soulagé, les accès furent moins forts et plus éloignés les uns des autres ; mais il mourut peu de temps après subitement, victime de l'ignorance de son prétendu guérisseur et de sa propre crédulité. (m)