S. f. (Astronomie) partie du jour naturel, qui dure tant que le soleil est sous notre horizon. Voyez JOUR.

La nuit proprement dite, c'est-à-dire, l'obscurité, ne commence qu'à la fin du crépuscule, voyez CREPUSCULE ; et la nuit, telle qu'on la définit ici, n'est considerée qu'astronomiquement.

Sous l'équateur, les nuits sont égales aux jours ; sous le pôle, la nuit dure la moitié de l'année. Le jour des équinoxes, les nuits sont égales aux jours dans tous les climats de la terre.

Dans l'hémisphère septentrional que nous habitons, les nuits sont plus grandes que les jours, depuis l'équinoxe d'automne jusqu'à celui du printemps, et les nuits sont plus courtes que les jours, depuis l'équinoxe du printemps jusqu'à celui d'automne.

Les plus grandes nuits de l'hémisphère septentrional arrivent au solstice d'hiver, et les plus courtes au solstice d'été ; c'est le contraire dans l'hémisphère méridional. Voyez GLOBE. (O)

Les anciens Gaulois et les anciens Germains, divisaient le temps, non par jours, mais par nuits ; comme il parait par différents endroits de Tacite et de César ; les Arabes font la même chose encore aujourd'hui.

Les premiers Anglais Saxons étaient dans le même usage.

Ainsi dans un concile, tenu en Angleterre l'an 824, nous lisons : Ibi finitâ et proscriptâ contentione coram episcopo post 30 noctes, illum juramentum ad Westminster deductum est. De-là sont venus les mots anglais, sevennight, fort night, qui signifient sept nuits, quatorze nuits, semaine, quinzaine. Chambers.

NUIT, (Critique sacrée) Les anciens Hébreux partageaient la nuit en quatre parties, qu'ils appelaient veilles dont chacune durait trois heures ; la première commençait au soleil couché et s'étendait jusqu'à neuf heures du soir ; la seconde jusqu'à minuit ; la troisième jusqu'à trois heures ; et la quatrième finissait au lever du soleil. Ces quatre parties de la nuit sont quelquefois appelées dans l'Ecriture le soir, le milieu de la nuit, le chant du coq, et le matin.

La nuit se prend figurément pour les temps d'affliction et d'adversité : probasti cor meum et visitasti nocte ; Psaumes XVe 3. 2°. Pour le temps de la mort : Joan. ix. 4. venit nox quando nemo potest operari. 3°. Les enfants de la nuit sont les Gentils, et les enfants du jour les Chrétiens ; ces derniers marchent à la lumière des vérités de l'Evangile, et les premiers marchent dans les ténèbres de l'ignorance ; nous ne sommes point enfants de la nuit, I. Thess. c. Ve 5. (D.J.)

NUIT, (Littérature) Les anciens Germains comptaient par les nuits. On trouve encore des vestiges de cette manière de compter dans les langues germaniques. En anglais senigth, abréviation de seven nigths, sept nuits, signifie huit jours ; fort-nigth pour fourtéen nigths, quatorze nuits, veut dire quinze jours. En Allemand, siben nachte, seven nachte, sept nuits, veut dire huit jours, la huitaine. Au titre 49. de la loi salique, on voit que les délais pour comparaitre en justice étaient de tel ou tel nombre de nuits. En plusieurs endroits de ce royaume, nos paysans pour dire aujourd'hui, se servent du vieux mot à-nuit ou à-trêt, corrompu du latin hâc nocte. Les Gaulois comptaient aussi par les nuits et non par les jours. C'est, dit César, parce qu'ils croyaient tous être descendus de Pluton. (D.J.)

NUIT, (Mythologie) La fable a fait la nuit une divinité, et la plus ancienne de toutes, parce que les ténèbres ont précédé la lumière. Elle était fille du chaos selon Hésiode. Les poètes qui l'ont suivi se sont efforcés de nous peindre cette divinité. Les uns lui donnent des ailes comme à l'amour et à la victoire, pour marquer la rapidité de sa course. Euripide la réprésente ingénieusement couverte d'un grand voîle noir, parsemé d'étoiles, parcourant sur son char la vaste étendue des cieux ; cette manière de représenter cette divinité, a été suivie par les Peintres et les Sculpteurs. On la trouve cependant quelquefois sans char, tenant d'une main son voîle parsemé d'étoiles qui voltige au gré des vents, et tournant de l'autre son flambeau vers la terre dont elle s'approche, comme si elle voulait éteindre sa torche. C'est ainsi qu'on voit la nuit dans un dessein tiré d'un manuscrit de la bibliothèque du roi, que dom Bernard de Montfaucon a fait graver dans sa paléographie. Il parait de-là que cette manière de peindre la nuit fut pratiquée jusqu'au moyen âge, et était encore usitée au dixième siècle.

Les Poètes donnent à la déesse, sans le commerce d'aucun dieu, des enfants de son espèce : le cruel destin, les parques, les ténèbres, la misere, la mort, la douleur, l'envie, le travail, la vieillesse ; cette famille n'était point belle. Enée, avant que de descendre dans les enfers, immole une brebis noire à la nuit comme mère des Euménides. Pausanias dit que cette déesse avait un temple qu'on nommait le temple des divinations, parce que le temps de la nuit est le plus propre à approfondir des choses obscures et difficiles. C'est peut-être pour cela que les Grecs donnaient à la nuit l'épithète de sage et de prudente. (D.J.)