adj. (Philosophie) c'est le nom que les Grecs donnaient par mépris à toutes les nations qui ne parlaient pas leur langue, ou du moins qui ne la parlaient pas aussi-bien qu'eux. Ils n'en exceptaient pas même les Egyptiens, chez lesquels ils confessaient pourtant que tous leurs philosophes et tous leurs législateurs avaient voyagé pour s'instruire. Sans entrer ici avec Brucker, dans les différentes étymologies de ce terme, ni sans examiner s'il est composé du bar des Arabes, qui signifie désert, ou s'il est dérivé du terme par lequel les Chaldéens rendent le foris ou l'extra des Latins ; je remarquerai seulement que dans la suite des temps, les Grecs ne s'en servirent que pour marquer l'extrême opposition qui se trouvait entr'eux et les autres nations, qui ne s'étaient point encore dépouillées de la rudesse des premiers siècles, tandis qu'eux-mêmes, plus modernes que la plupart d'entr'elles, avaient perfectionné leur gout, et contribué beaucoup aux progrès de l'esprit humain. Ainsi toutes les nations étaient réputées barbares, parce qu'elles n'avaient ni la politesse des Grecs, ni une langue aussi pure, aussi féconde, aussi harmonieuse que celle de ses peuples. En cela ils furent imités par les Romains, qui appelaient aussi barbares tous les autres peuples, à l'exception des Grecs, qu'ils reconnaissaient pour une nation savante et policée. C'est à-peu-près comme nous autres Français, qui regardons comme grossier tout ce qui s'éloigne de nos usages. Les Grecs et les Romains étaient jaloux de dominer plus encore par l'esprit, que par la force des armes, ainsi que nous voulons le faire par nos modes.
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