(Chronologie) est un terme fort en usage dans la Chronologie. Ce mot se prend en deux sens dans la Chronologie, en tant qu'il est joint avec le mot année et avec le mot période.

JULIENNE (ANNEE) ; c'est une ancienne manière de supputer les années, qui est ainsi appelée de Jules César son inventeur, pour la distinguer de la Grégorienne, qui est en usage dans la plus grande partie de l'Europe. Voyez AN et CALENDRIER.

Période julienne est une période à qui on a donné ce nom, parce que c'est Jules Scaliger qui en a parlé le premier. Voyez ANNEE. Cette période est formée du produit du cycle solaire 28, par le cycle lunaire 29, et par le cycle des indictions 15 ; ce qui fait 7980 ans. Voyez CYCLE.

On la fait commencer environ 764 ans avant la création du monde plus ou moins selon l'hypothèse qu'on veut suivre. Son principal avantage consiste en ce que les mêmes années du cycle solaire, lunaire ou de l'indiction qui appartiennent à une année de cette période, ne peuvent se rencontrer ensemble qu'au bout de 7980 ans. Comme on suppose dans cette période que le cycle solaire est 28, et qu'il revient toujours le même au bout de 28 ans, on voit que c'est principalement à l'année julienne qu'elle convient : car dans l'année julienne le cycle solaire est constamment 28, parce que chaque quatrième année est toujours bissextile, au lieu qu'il n'en est pas de même dans l'année grégorienne, ou sur quatre années séculaires consécutives, il n'y en a qu'une qui soit bissextile. La première année de l'ére chretienne dans tous nos systèmes de Chronologie est toujours la 4714e de la période julienne. Ainsi pour trouver à quelle année de la période julienne appartient une année donnée depuis J. C. on ajoutera à cette année 4713 pour les nombres d'années qui se sont écoulées avant la naissance de Notre Seigneur, et la somme donnera l'année de la période julienne que l'on cherche.

Je veux savoir, par exemple, à quelle année de la période julienne répond l'année 1720. 1720 + 4713 = 6433, qui est l'année de la période que l'on cherche.

Si l'on connait au contraire l'année de la période julienne, et que l'on veuille savoir quelle est l'année de J. C. qui lui répond, il n'y a qu'à retrancher de la première 4713, et le reste sera l'année que l'on cherche.

Je veux savoir, par exemple, quelle année de J. C. répond à la période 6433 ; 6433 - 4713 = 1720, qui est l'année que l'on cherche.

Si l'année donnée de la période julienne était moindre que 4713, il faudrait la retrancher de 4714 (qui est l'année de cette période qui répond à la première de J. C.) et le restant montrerait de combien l'année donnée de la période julienne a précédé la naissance de J. C.

Je suppose, par exemple, que la ville de Rome a été bâtie l'année 3960 de la période julienne, et je veux savoir de combien sa fondation a précédé la naissance de J. C. 4714 - 3960 = 754, qui montre que Rome a été bâtie 754 ans avant J. C.

Comme cette période n'est pas encore achevée, et qu'elle a commencé longtemps avant les époques les plus anciennes que nous connaissions, il est évident qu'elle doit renfermer tous les événements qui sont arrivés sur la terre, et tous les faits historiques, en sorte qu'il ne peut y avoir qu'une année dans toute cette période qui réponde au même nombre des trois cycles dont elle est composée. C'est pourquoi si les Historiens avaient eu soin de marquer dans leurs annales les cycles de chaque année, il n'y aurait plus d'incertitude dans les époques ni dans la Chronologie. On suppose que la première année de la période julienne avait 1 de cycle solaire, 1 de cycle lunaire, et 1 d'indiction.

On peut proposer sur la période julienne un autre problème qui a fort exercé les Chronologistes. Etant donnée l'année du cycle solaire, celle du cycle lunaire et celle de l'indiction, on propose de trouver l'année de la période julienne.

On multipliera le nombre 3845 par le nombre du cycle solaire, le nombre 4200 par le nombre du cycle lunaire, et le nombre 6916 par l'année de l'indiction. Ensuite on divisera la somme des trois produits par 7980, et négligeant le quotient, le reste sera l'année de la période julienne. Exemple. Sait pris l'année 1718, le nombre du cycle solaire 19, celui du cycle lunaire 9, et de l'indiction 11, si on multiplie 4845 par 19, le produit sera 92055 ; de même si on multiplie 4200 par 9, le produit sera 37800 ; enfin si on multiplie 6916 par 11, le produit sera 76076. Or la somme des produits est 205931, qui étant divisée par 7980, et négligeant le quotient, le reste sera 6431, qui marque que l'année 1718 est la 6431e de la période julienne ; voici la raison de cette pratique. Le nombre 4200 est le produit de 28 par 150, ou de 15 par 280, ou de 19 par 221, en ajoutant 1 à ce dernier produit ; le nombre 4845 est le produit de 19 par 255, ou de 15 par 323, ou de 28 par 173, en ajoutant 1 à ce dernier produit ; le nombre 6916 est le produit de 19 par 364, ou de 28 par 247, ou de 15 par 461, en ajoutant 1 à ce dernier produit ; donc si on multiplie 4200 par le cycle lunaire donné 9, ce produit pourra se diviser exactement par 28 et par 15, c'est-à-dire par le cycle solaire et le cycle des indictions ; mais en le divisant par 19, qui est le cycle lunaire il restera 9 ; car 4200 multiplié par 9, est égal à 28 multiplié par 9 et par 150, ou à 15 multiplié par 9 et par 280, ou à 19 multiplié par 9 et par 221, auquel produit il faudra ajouter 9. On verra par la même raison, que si on multiplie par 4845 le nombre 19 du cycle solaire 9, le produit se divisera exactement par 19 et par 15, mais que divisant par 28 il doit rester 19 : et enfin que si on multiplie le nombre 11 de l'indiction par 6916, le produit pourra se diviser exactement par 28 et par 19, mais que divisant par 15, il restera 11. On démontrera de même que la règle que nous avons donnée est générale, quels que soient les nombres donnés du cycle solaire, du cycle lunaire et de l'indiction.

Au reste il est clair que la difficulté de ce problème et de tous les autres semblables, se réduit à trouver un nombre qui, divisé par 28 il reste 19, divisé par 19 il reste 9, et divisé par 15 il reste 11. M. Euler a donné dans le tome VII. des Mémoires de l'académie de Pétersbourg une méthode générale pour résoudre ces sortes de questions, quels que soient les nombres par lesquels il faut faire la division, et en quelque quantité que soient ces nombres, et quels que doivent être les restes. Voyez le tome VII. des Mém. acad. de Petersbourg, pag. 46. Il est encore bon de remarquer que ces questions sont en quelque manière indéterminées, et qu'elles ont une infinité de solutions, si on les prend dans toute leur généralité. Car, par exemple, après avoir trouvé que l'année 16431 de la période julienne est celle qui a 19 de cycle solaire, 9 de cycle lunaire et 11 d'indiction, on trouve que l'année 6431, plus 7980 ou 6431, plus deux fois 7980 ; ou 6431, plus trois fois 7980 et ainsi à l'infini, ont les mêmes nombres de cycle solaire, de cycle lunaire, et de cycle d'indiction. Mais ces années appartiendraient à de nouvelles révolutions de la période julienne ; de sorte que pour trouver l'année de la période julienne à laquelle répond une année proposée qui a 19, 9 et 11 de cycles, il faut non-seulement trouver un nombre qui étant successivement divisé par 28, 19 et 15, il reste 19, 9 et 11 ; il faut encore que ce nombre soit le plus petit qu'il soit possible parmi tous ceux qui ont cette propriété, telle est dans la question présente le nombre 6431, et alors le problème dont il s'agit est déterminé, et n'a qu'une seule solution.

La période julienne est la même que la période ou époque constantinopolitaine, dont les Grecs se servent, avec cette différence que les cycles solaires, lunaires et des indictions s'y comptent autrement, et que la première année de cette époque est différente de la première année de la période Julienne. Voyez EPOQUE.

Quelques auteurs, dans leurs tables astronomiques ou dans leurs éphémérides, comptent les années suivant cette période ; mais quoique Kepler et Bouillaud en aient fait usage, cependant c'est dans l'Astronomie de Mercator publiée en 1676, qu'on s'en sert uniquement. Instit. Astron. de M. Le Monnier.

La période julienne est le produit de la période dyonisienne par 15. Voyez PERIODE. (O)

JULIENNE, (Botanique) hesperis, genre de plante qu'on caractérise ainsi. Sa fleur est d'ordinaire à quatre pétales en forme de croix. Du calice s'élève le pistil qui devient une gousse longue, unie, conique, à deux panneaux divisés en deux cellules, séparées par une cloison intermédiaire, et pleines de semences oblongues, sphériques ou cylindriques.

M. de Tournefort compte vingt-six espèces de julienne, dont nous décrirons la plus commune, hesperis hortensis. Elle porte à la hauteur de deux pieds des tiges rondes, veluès, remplies de moèlle. Ses feuilles sont rangées alternativement le long des tiges ; elles ressemblent à celles de la roquette, mais elles sont moins découpées ; d'ailleurs elles sont dentelées en leurs bords, pointues, cotonneuses, d'un verd noirâtre, et d'un goût un peu âcre. Il sort de leurs aisselles de petits rameaux qui portent des fleurs approchantes de celles du giroflier, belles, jaunes, composées chacune de quatre pétales disposés en croix, tantôt blancs, tantôt purpurins, tantôt de couleurs diversifiées, comme blanches avec des taches purpurines. Ces fleurs répandent une odeur suave, très-agréable ; il leur succede des siliques lisses, renfermant des semences oblongues ou rondelettes, rougeâtres et âcres : ses racines sont petites, ligneuses et blanches.

La julienne diffère principalement du giroflier par ses gousses qui sont cylindriques et non pas aplaties ; et par ses graines qui sont enflées, non bordées d'une aile, et qui de plus sont reçues dans des creux de la cloison intermédiaire.

Les juliennes que les Fleuristes cultivent principalement, ce sont celles à fleur pourpre, blanche, panachée, soit simple, soit double, surtout ces dernières. En effet la julienne blanche double, hesperis hortensis, flore albo, pleno, H. R. P. n'est point inférieure en beauté à la plus belle girofflée. Toutes les juliennes fleurissent en Mai, et les juliennes simples perfectionnent leurs graines en Aout.

Les juliennes se multiplient de graine, de bouture, ainsi que de plan enraciné. Il faut les semer en Mars, soit en planche, soit en pots dans une terre meuble, non fumée, et couverte d'un bon doigt de terreau. Si on veut avoir des juliennes de bouture, on coupe des branches contre le pied ; quand les fleurs sont passées, on les fiche en terre et on les arrose ; on les met ensuite à l'ombre pendant quelques jours, et l'année suivante on les replante où l'on juge à propos.

Pour multiplier les juliennes de plant enraciné, il faut prendre un pied de deux ans qui ait fait touffe ; on en éclate les tiges, de telle manière que chaque brin a des racines ; on les replante, on les arrose aussi-tôt : on les laisse reprendre, et on leur donne une culture convenable. Voyez Morin, culture des fleurs. (D.J.)