(Philosophie) c'est celui qui se fait une idée plus ou moins effrayante de la divinité et du culte religieux.

La crainte continuelle qui agitait ce malheureux sur la tête duquel était suspendue une pierre énorme, ne rendait pas son état plus triste, que l'est quelquefois la situation du superstitieux. Le sommeil peut délivrer un esclave de la vie importune d'un maître qu'il déteste, et lui faire oublier le poids de ses chaînes ; mais le sommeil du superstitieux est communément agité par des visions effrayantes. Il craint l'Etre bienfaisant, et regarde comme tyrannique son empire paternel. Inconsolable dans l'adversité, il se juge digne des maux qu'il souffre, et ne suit que de fausses démarches pour en adoucir le fardeau. Il ne croit jamais avoir rempli ses devoirs, parce qu'il n'en connait ni l'étendue, ni les bornes. Il s'attache surtout aux formalités, qu'il regarde comme des choses essentielles. Telle est la source des minuties qui sont si chères aux âmes faibles et aux ignorants. Aussi voit-on que les personnes de peu de génie, celles qui ont été mal élevées, celles qui ont passé leur jeunesse dans le vice et le libertinage, deviennent naturellement superstitieuses. En général, il n'y a point d'absurdité si grossière, ni de contradiction si palpable, que les grands, le petit peuple, les soldats, les vieilles femmes et la plupart des joueurs, ne se portent à croire sur les causes invisibles, la religion, la divination, les songes, et toutes les pratiques les plus vaines et les plus ridicules. (D.J.)