en Métallurgie, on donne en général le nom de fondants dans les travaux de la Docimasie et de la Métallurgie, à des substances que l'on joint à d'autres corps pour les faire entrer en fusion, afin que par ce moyen la partie métallique puisse s'en dégager. Tous les sels alkalis, les sels neutres, tels que le nitre, le tartre, le borax, le sel ammoniac, le flux blanc et le flux noir, doivent être regardés comme de très-bons fondants, voyez FLUX ; mais on ne peut en faire usage que dans les essais ou dans les opérations de la Docimasie, qui se font en petit, et dans lesquelles on opère sur une matière d'un petit volume ; il serait trop couteux de se servir de ces sels lorsqu'il s'agit des travaux en grand de la Métallurgie, dans lesquels on veut traiter de grandes masses de substances minérales, pour en dégager la partie métallique qui est quelquefois très-petite, eu égard aux substances terreuses, pierreuses, etc. qui l'accompagnent. Il faut donc pour lors avoir recours à d'autres substances que l'on puisse se procurer à peu de frais, et qui soient propres à produire les effets que l'on se propose. On prend pour cela tantôt des pyrites, tantôt des cailloux ; du quartz, du spath, ce qu'on appelle fluors, des terres argilleuses, tantôt des pierres ou terres calcaires, etc. et surtout des scories qu'on a obtenu par les opérations précédentes ; et l'on joint suivant l'exigence des cas une ou plusieurs de ces matières avec la mine que l'on veut traiter dans le fourneau de fusion, et elles facilitent la séparation du métal.

La castine employée dans la fonte du fer ou sans fourneau de grosses forges, est un vrai fondant. Voyez CASTINE, FORGE, FER. Le plomb employé dans l'opération de la coupelle, hâte la fusion des substances métalliques auxquelles il est appliqué à la façon des fondants. Voyez ESSAI. Les Chimistes emploient des sels, et surtout l'alkali fixe ordinaire, pour procurer de la fusibilité à des corps rebelles ; au tartre vitriolé, par exemple, dans la préparation du soufre, à divers résidus terreux dans lesquels on veut rechercher l'acide vitriolique par l'épreuve de la production du soufre, voyez SOUFRE. Les sels fusibles, tels que l'alkali fixe, le borax, et même le sel marin, favorisent bien la fusion des substances pierreuses et terreuses, avec lesquelles on les traite et les dispose à la vitrification, voyez VITRIFICATION. Il y a cependant à cet égard des raretés dont l'observation est dû. à M. Pott. Voyez TERRE, PIERRE, LITHOGEOGNOSIE, etc.

Mais quant aux substances métalliques, rien n'est plus heureux que quand une mine porte son fondant avec elle, c'est-à-dire quand elle se trouve jointe dans le filon avec des substances propres à faciliter sa fusion.

Il est impossible de donner des règles générales sur les fondants qu'il faut employer dans les travaux de la Métallurgie ; on sent aisément que cela doit nécessairement varier en raison de la nature des substances qui servent de minière, d'enveloppe, ou de matrice à la partie métallique ; et l'on voit clairement qu'une substance qui sera un très-bon fondant pour le traitement d'une mine, deviendra nuisible pour le traitement d'une autre. Il est donc très-important de connaître d'abord la nature de ces substances, en suite de quoi il faut que l'expérience ait appris les effets que produisent dans le feu avec ces mêmes substances, d'autres matières que l'on peut y joindre. En effet les fondants n'agissent point de la même manière, et il est très-essentiel de ne point prendre le change sur la façon dont ils opèrent.

Il y a des corps qui facilitent la fusion, soit parce que par eux-mêmes ils sont propres à y entrer par l'action du feu, soit parce qu'étant unis avec d'autres corps infusibles, ils les rendent fusibles ; cela se fait ou parce que ces corps absorbent les acides et les soufres qui s'opposent à la fusibilité ; ou ils agissent comme phlogistique, en fournissant, lorsqu'il en est besoin, le principe inflammable au métal qui l'avait perdu, et qui était dans un état de chaux ; ou ils se combinent avec les substances nuisibles dont il faut dégager le métal, qui par-là est mis en liberté. Il y a des substances qui prises séparément, ne peuvent point entrer en fusion : mais qui mêlées avec d'autres substances aussi peu propres qu'elles à se fondre, deviennent par ce mélange propres à devenir des fondants. C'est ainsi que la craie seule ne se fond point : mais si l'on y joint de l'argille, le mélange se fond et fait du verre. En général la même chose arrive par le mélange des terres argilleuses et gypseuses, argilleuses et calcaires, de l'argille et des cailloux, du gypse et des cailloux, etc.

Un phénomène non moins digne de remarque, c'est qu'il y a des substances qui n'ayant point la propriété d'être fusibles, ni par elles-mêmes ni mêlées avec d'autres substances, deviennent cependant fusibles par l'addition d'une troisième substance aussi peu fusible qu'elles, qu'on leur ajoutera. C'est ainsi que les pierres calcaires et les pierres gypseuses mêlées ensemble sont infusibles ; mais elles entreront en fusion si on leur joint de l'argille, qui cependant par elle-même n'est pas plus propre qu'elles à entrer en fusion.

On voit par-là que la connaissance des fondants est une des choses les plus importantes dans les travaux de la Métallurgie, et qui demande le plus de soin et d'attention ; d'ailleurs elle suppose une connaissance étendue de la Chimie, attendu que pour opérer avec succès, il faut savoir les différents effets qui résultent de la combinaison des corps quand on les expose à l'action du feu. C'est à l'étude et à l'expérience à instruire sur ces choses. On pourra surtout tirer beaucoup de lumière de l'ouvrage de Mr. Pott, de l'académie de Berlin, qui a pour titre litogeognosie ou examen chimique des terres et des pierres ; de la Métallurgie de Stahl, et de l'introduction à la Minéralogie de M. Henkel. Voyez FUSION, METALLURGIE et FLUX. (-)

FONDANT, (Métallurgie) c'est la partie d'un fourneau à manche où le feu est le plus violent. On conçoit que ce doit être celle où le vent des soufflets agit avec le plus d'impétuosité ; mais elle ne se trouve pas immédiatement dans l'endroit du fourneau le plus voisin de la tuyere. Ce n'est qu'un peu plus avant et dans une certaine étendue de la masse du charbon et de la mine : car le souffle refroidit la matière qu'il frappe la première ; ce qui oblige de faire le nez. Voyez ce mot. Schlutter.

FONDANT, adj. (Thérapeutique) terme fort usité dans le langage de la théorie moderne, pour exprimer une propriété de certains remèdes assez mal determinée, comme toutes les vertus altérantes. Celle-ci ressemble assez à la qualité atténuante, incisive, apéritive. Voyez INCISIF, APERITIF, ATTENUANT.

Les remèdes désignés spécialement par le nom de fondant, sont tous des présents de la Chimie ; ce sont 1°. l'un et l'autre alkali fixe ; 2°. plusieurs sels neutres, tels que le sel végetal ; le sel de Seignette, le sel fixe ammoniac, les sels d'Epsom et de Seidlitz, le sel de Glauber, mais principalement le tartre vitriolé et ses diverses espèces : savoir le sel polichreste de Glaser, le sel de duobus, et le nitre antimonié. 3°. Les teintures antimoniales tirées avec les esprits ardents ou avec les acides végétaux. Voyez ANTIMOINE. Le fameux fondant de Rotrou est de l'antimoine diaphorétique non lavé, et qui a été préparé avec l'antimoine crud ou entier. 4°. Plusieurs préparations mercurielles : savoir le mercure sublimé doux, la panacée, le précipité blanc, le précipité jaune, l'aethiops minéral, et même le mercure coulant. 5°. Enfin le savon ordinaire.

On peut grossir cette liste de fondants en ajoutant aux remèdes chimiques que nous venons de nommer, l'aloès et les gommes résines qui sont des produits naturels.

Tous ces remèdes donnés en dose convenable, sont des purgatifs ; mais quand les Médecins les emploient à titre de fondants, c'est toujours en une dose trop faible pour qu'ils puissent produire une purgation pleine et entière. Cependant on estime leur action, même dans ce cas, par des legeres évacuations qu'ils ne manquent pas de procurer ordinairement. Un gros de sel de Glauber ou un demi-gros de tartre vitriolé pris le matin dans un bouillon, procure communément une ou deux selles dans la matinée. La dose moyenne de mercure doux ou de panacée, une pilule aloétique fondante, vingt gouttes de teinture des scories succinées de Stahl, etc. produisent le même effet dans le plus grand nombre de sujets.

On pourrait peut-être déduire de ces évacuations l'action médicinale des fondants ; cette théorie paraitrait très-raisonnable à ceux qui pensent que toute action médicamenteuse véritablement curative, se borne à exciter des évacuations, et qui ne croient point à la plupart des altérations prétendues procurées au corps même des humeurs par des remèdes. Mais ce sentiment, tout plausible qu'il pourra paraitre à quelques médecins, n'est pas celui du grand nombre.

Selon la théorie régnante, les fondants agissent sur la substance même des humeurs, les divisent, les brisent, les mettent dans une fonte réelle.

On ordonne les fondants contre le prétendu épaississement des humeurs, leur disposition aux concrétions, aux hérences ; que cette disposition se trouve ou non dans les sujets attaqués des maladies suivantes, les fondants sont toujours leur véritable remède. Leur bon effet est constaté par l'observation toujours supérieure aux lumières théoriques, et peut-être suffisante sans elles.

Les maladies dont nous voulons parler, sont les obstructions proprement dites des glandes et des viscères, les tumeurs écrouelleuses et vénériennes, les concrétions et les dépôts laiteux ; certaines hydropisies et bouffissures des parties extérieures ; certaines suppressions de règles, etc. Voyez les articles particuliers de ces maladies.

Les fondants sont contre indiqués dans tous les cas où les humeurs sont censées en dissolution ou en fonte ; tous ces cas sont compris dans l'extension qu'on donne aujourd'hui à la classe des affections scorbutiques. Voyez SCORBUT. (b)

FONDANT, (Peinture en émail) matière servant pour les émaux. Voyez PEINTURE en EMAIL ; voyez les articles PORCELAINE et FAYENCE.