eliquatio, s. f. (Métallurgie) c'est ainsi qu'on nomme dans les fonderies une opération par laquelle on sépare du cuivre la portion d'argent qu'il peut contenir ; cette portion d'argent se trouve dans le cuivre, parce que souvent les mines de cuivre sont mêlées avec des particules de mines d'argent. L'opération de la liquation est une des plus importantes dans la Métallurgie : elle exige beaucoup d'expérience et d'habileté dans ceux qui la pratiquent. Pour la faire on commence par joindre avec le cuivre noir une certaine quantité de plomb ou de matière contenant du plomb, telle qu'est la litharge : ce plomb entrant en fusion s'unit avec l'argent, avec qui il a plus d'affinité que l'argent n'en a avec le cuivre ; et après que le plomb s'est chargé de la portion d'argent, il l'entraîne avec lui, et le cuivre reste sous une forme poreuse et spongieuse : alors il est dégagé pour la plus grande partie de l'argent qu'il contenait.

L'opération par laquelle on joint du plomb avec le cuivre noir, se nomme rafraichir, voyez cet article ; elle se fait en joignant du plomb avec le cuivre noir encore rouge qui, au sortir du fourneau, a été reçu dans la casse ou dans le bassin destiné à cet usage : par ce moyen on forme des espèces de gâteaux ou de pains composés de cuivre et de plomb, que l'on nomme pains ou pièces de rafraichissement.

Ou bien au lieu de joindre du plomb au cuivre noir de la manière qu'il vient d'être indiqué, on fond avec lui de la litharge, qui est une vraie chaux de plomb, ou de la cendrée de la grande coupelle, qui est imbibée de chaux de plomb. Par le contact des charbons qui sont dans le fourneau, ces substances reprennent leur forme métallique, elles redeviennent du plomb, et ce métal s'unit avec le cuivre noir ; et le tout étant fondu découle dans le bassin, et forme ce qu'on nomme des pains ou pièces de rafraichissement.

On porte ces pains sur le fourneau de liquation qui a été suffisamment décrit à l'article CUIVRE, pag. 544, où l'on trouvera aussi l'explication de la Planche qui le représente. On les place verticalement sur ce fourneau, en laissant un intervalle entre chaque pain pour pouvoir mettre du charbon entr'eux, et l'on met un morceau de fer entre deux pour qu'ils se soutiennent droits : alors on allume le feu, et le plomb découle des pains ou pièces qui sont posés sur le fourneau ; ils deviennent poreux et spongieux par les trous qu'y laisse l'argent en se dégageant : pour lors on les appelle pains ou pièces de liquation. On les fait passer par une nouvelle opération qu'on appelle ressuage, voyez cet article. Quant au plomb qui a découlé après s'être chargé de l'argent, on le nomme plomb d'œuvre, et on en sépare l'argent à la coupelle.

Dans cette opération on a encore ce qu'on appelle des épines de liquation : ce sont de petites masses anguleuses et hérissées de pointes qui contiennent de la litharge, du cuivre, du plomb et de l'argent ; l'on fait repasser ces épines par le fourneau de fusion dans une autre occasion.

Avant que de recourir à l'opération de la liquation, il faut connaître la quantité d'argent que contient le cuivre, et s'être assuré par des essais si elle est assez considérable pour qu'on puisse la retirer avec profit. C'est sur cette quantité d'argent qu'il faudra aussi se régler pour savoir la quantité de plomb qu'il conviendra de joindre au cuivre noir. Par exemple, on joint 250 livres de plomb sur 75 livres de cuivre noir qui contient peu d'argent ; si le cuivre noir était riche et contenait neuf ou dix onces d'argent, il faudrait, sur 75 livres de cuivre, mettre 375 livres de plomb.

Il est plus avantageux de se servir de bois et de fagots pour la liquation, que de charbon : c'est une découverte qui est dû. à Orschall, qui a fait un traité en faveur de cette méthode. Voyez l'art. de la fonderie d'Orschall.