S. f. (Métaphysique) les Indiens, les Perses, et en général tous les orientaux, admettaient bien la métempsycose comme un dogme particulier, et qu'ils affectionnaient beaucoup ; mais pour rendre raison de l'origine du mal moral et du mal physique, ils avaient recours à celui des deux principes qui était leur dogme favori et de distinction. Origène qui affectait un christianisme tout métaphysique, enseigne que ce n'était ni pour manifester sa puissance, ni pour donner des preuves de sa bonté infinie, que Dieu avait créé le monde ; mais seulement pour punir les âmes qui avaient failli dans le ciel, qui s'étaient écartées de l'ordre. Et c'est pour cela qu'il a entremêlé son ouvrage de tant d'imperfections, de tant de défauts considérables, afin que ces intelligences dégradées, qui devaient être ensevelies dans les corps, souffrissent davantage.

L'erreur d'Origène n'eut point de suite ; elle était trop grossière pour s'y pouvoir méprendre. A l'égard de la métempsycose, on abusa étrangement de ce dogme, qui souffrit trois espèces de révolutions. En premier lieu les orientaux et la plupart des Grecs croyaient que les âmes séjournaient tour-à-tour dans les corps des différents animaux, passaient des plus nobles aux plus vils, des plus raisonnables aux plus stupides ; et cela suivant les vertus qu'elles avaient pratiquées, ou les vices dont elles s'étaient souillées pendant le cours de chaque vie. 2°. Plusieurs disciples de Pythagore et de Platon ajoutèrent que la même âme, pour surcrait de peine, allait encore s'ensevelir dans une plante ou dans un arbre, persuadé que tout ce qui végete a du sentiment, et participe à l'intelligence universelle. Enfin quand le Christianisme parut, et qu'il changea la face du monde en découvrant les folles impiétés qui y régnaient, les Celses, les Crescens, les Porphyres eurent honte de la manière dont la métempsycose avait été proposée jusqu'à eux ; et ils convinrent que les âmes ne sortaient du corps d'un homme que pour entrer dans celui d'un autre homme. Par-là, disaient-ils, on suit exactement le fil de la nature, où tout se fait par des passages doux, liés, homogènes, et non pas des passages brusques et violents ; mais on a beau vouloir adoucir un dogme monstrueux au fond, tout ce qu'on gagne par ces sortes d'adoucissements, c'est de le rendre plus monstrueux encore.