PHILOSOPHIE DE, (Histoire, Philosophie) il ne faut point oublier cet homme parmi les réformateurs de la philosophie et les fondateurs de l'éclectisme renouvellé ; il mérite une place dans l'histoire des connaissances humaines, par ses talents, ses efforts et ses persécutions. Il naquit à Leipsic en 1655. Son père, homme savant, n'oublia rien de ce qui pouvait contribuer à l'instruction de son fils ; il s'en occupa lui-même, et il s'associa dans ce travail important les hommes célèbres de son temps, Filier, Rapporte, Ittigius, les Alberts, Menckenius, Franckensteinius, Rechenbergius et d'autres qui illustraient l'académie de Leipsic ; mais l'élève ne tarda pas à exciter la jalousie de ses maîtres dont les sentiments ne furent point une règle servîle des siens. Il s'appliqua à la lecture des ouvrages de Grotius. Cette étude le conduisit à celle des lois et du droit. Il n'avait personne qui le dirigeât, et peut-être fut-ce un avantage pour lui. Puffendorf venait alors de publier ses ouvrages. La nouveauté des questions qu'il y agitait, lui suscitèrent une nuée d'adversaires. Thomasius se rendit attentif à ces disputes, et bientôt il comprit que la théologie et la jurisprudence avaient chacune un coup d'oeil sous lequel elles envisageaient un objet commun, qu'il ne fallait point abandonner une science aux prétentions d'une autre, et que le despotisme que quelques-unes s'arrogent, était un caractère très-suspect de leur infaillibilité. Dès ce moment il foula aux pieds l'autorité ; il prit une ferme résolution de ramener tout à l'examen de la raison et de n'écouter que sa voix. Au milieu des cris que son projet pourrait exciter, il comprit que le premier pas qu'il avait à faire, c'était de ramasser des faits. Il lut les auteurs, il conversa avec les savants, et il voyagea ; il parcourut l'Allemagne ; il alla en Hollande ; il y connut le célèbre Graevius. Celui-ci le mit en correspondance avec d'autres érudits, se proposa de l'arrêter dans la contrée qu'il habitait, s'en ouvrit à Thomasius ; mais notre philosophe aimait sa patrie, et il y retourna.
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