Philosophie & Logique

S. f. (Philosophie et Logique) opération de l'esprit dans laquelle nous considérons diverses idées, pour en connaître les relations par rapport à l'étendue, aux degrés, au temps, au lieu, ou à quelqu'autre circonstance.

Nous comparons en portant alternativement notre attention d'une idée à l'autre, ou même en la fixant en même temps sur plusieurs. Quand des notions peu composées font une impression assez sensible pour attirer notre attention sans effort de notre part, la comparaison n'est pas difficîle : mais on y trouve de plus grandes difficultés à mesure qu'elles se composent davantage, et qu'elles font une impression plus légère. Elles sont, par exemple, communément plus aisées en Géométrie qu'en Métaphysique.

S. f. (Philosophie, Logique et Métaphysique) L'opinion ou le sentiment intérieur que nous avons nous-mêmes de ce que nous faisons ; c'est ce que les Anglais expriment par le mot de consciousness, qu'on ne peut rendre en français qu'en le périphrasant.

Puisque, de l'aveu de tout le monde, il y a dans l'âme des perceptions qui n'y sont pas à son insu ; ce sentiment qui lui en donne la connaissance, et qui l'avertit du moins d'une partie de ce qui se passe en elle, M. l'abbé de Condillac l'appelle avec raison conscience. Si, comme le veut Locke, l'âme n'a point de perceptions dont elle ne prenne connaissance, en sorte qu'il y ait contradiction qu'une perception ne lui soit pas connue, la perception et la conscience doivent être prises pour une seule et même opération. Si au contraire il y a dans l'âme des perceptions dont elle ne prend jamais connaissance, ainsi que les Cartésiens, les Mallebranchistes et les Leibnitiens le prétendent, la conscience et la perception sont deux opérations très-distinctes. Le sentiment de Locke semble le mieux fondé ; car il ne parait pas qu'il y ait des perceptions dont l'âme ne prenne quelque connaissance plus ou moins forte ; d'où il résulte que la perception et la conscience ne sont réellement qu'une même opération sous deux noms. Entant qu'on ne considère cette opération que comme une impression dans l'âme, on peut lui conserver le nom de perception ; et entant qu'elle avertit l'âme de sa présence, on peut lui donner celui de conscience. Article de M(D.J.)

S. f. (Philosophie et Logique) nous trouvons en nous la faculté de recevoir des idées, d'apercevoir les choses, de se les représenter. L'idée ou la perception est le sentiment qu'a l'âme de l'état où elle se trouve.

Cet article, un des plus importants de la Philosophie, pourrait comprendre toute cette science que nous connaissons sous le nom de Logique. Les idées sont les premiers degrés de nos connaissances, toutes nos facultés en dépendent. Nos jugements, nos raisonnements, la méthode que nous présente la Logique, n'ont proprement pour objet que nos idées. Il serait aisé de s'étendre sur un sujet aussi vaste, mais il est plus à propos ici de se resserrer dans de justes bornes ; et en indiquant seulement ce qui est essentiel, renvoyer aux traités et aux livres de Logique, aux essais sur l'entendement humain, aux recherches de la vérité, à tant d'ouvrages de Philosophie qui se sont multipliés de nos jours, et qui se trouvent entre les mains de tout le monde.

S. m. pl. (Philosophie et Logique) ce sont les qualités qu'un être peut avoir et n'avoir pas, sans que pour cela son essence soit changée ou détruite. Ce sont des manières d'être, des façons d'exister, qui changent, qui disparaissent, sans que pour cela le sujet cesse d'être ce qu'il est. Un corps peut être en repos ou en mouvement, sans cesser d'être corps ; le mouvement et le repos sont donc des modes de ce corps ; ce sont ses manières d'être.

On donne quelquefois le nom d'accident à ce que nous appelons des modes ; mais cette expression n'est pas propre, en ce qu'elle donne l'idée de quelque chose qui survient à l'être et qui existe sans lui ; ou c'est cette manière de considérer deux êtres ensemble, dont l'un est mode de l'autre. Voyez l'art. ACCIDENT, comme sur la distinction des attributs et des modes voyez aussi l'article ATTRIBUT.

S. f. pl. (Philosophie, Logique et Morale) Les penchans, les inclinations, les désirs et les aversions, poussés à un certain degré de vivacité, joints à une sensation confuse de plaisir ou de douleur, occasionnés ou accompagnés de quelque mouvement irrégulier du sang et des esprits animaux, c'est ce que nous nommons passions. Elles vont jusqu'à ôter tout usage de la liberté, état où l'âme est en quelque manière rendue passive ; de-là le nom de passions.

L'inclination ou certaine disposition de l'âme, nait de l'opinion où nous sommes qu'un grand bien ou un grand mal est renfermé dans un objet qui par cela même excite la passion. Quand donc cette inclination est mise en jeu (& elle y est mise par tout ce qui est pour nous plaisir ou peine), aussi-tôt l'âme, comme frappée immédiatement par le bien ou par le mal, ne modérant point l'opinion où elle est que c'est pour elle une chose très-importante, la croit par-là même digne de toute son attention ; elle se tourne entièrement de son côté, elle s'y fixe, elle y attache tous ses sens, et dirige toutes ses facultés à la considérer ; oubliant dans cette contemplation, dans ce désir ou dans cette crainte presque tous les autres objets : alors elle est dans le cas d'un homme accablé d'une maladie aiguë ; il n'a pas la liberté de penser à autre chose qu'à ce qui a du rapport à son mal. C'est encore ainsi que les passions sont les maladies de l'âme.