S. f. en Physique, se dit du ralentissement du mouvement d'un corps, en tant que ce ralentissement est l'effet d'une cause ou force retardatrice. Ce mot retardation, n'est pas extrêmement usité. Voyez MOUVEMENT, RESISTANCE et RETARDATRICE.

La retardation des corps en mouvement provient de deux causes générales ; la résistance du milieu, et la force de la gravité.

La retardation qui provient de la résistance, se confond souvent avec la résistance même ; parce que par rapport à un même corps elles sont proportionnelles. Voyez RESISTANCE.

Cependant par rapport à différents corps, la même résistance produit différentes retardations : car si des corps de volumes égaux, mais de différentes densités, sont mus dans un même fluide avec une vitesse égale, le fluide agira également sur tous les deux ; en sorte qu'ils souffriront des résistances égales, mais différentes retardations ; et les retardations seront pour chacun des corps, comme les vitesses qui pourraient être engendrées par les mêmes forces dans les corps proposés ; c'est-à-dire que ces retardations sont en raison inverse des quantités de matière de ces deux corps, ou de leurs densités.

Supposons à présent que deux corps d'une égale densité, mais de volumes différents, se meuvent avec la même vitesse dans un même fluide, les résistances augmenteront en raison de leur surface, c'est-à-dire qu'elles seront l'une à l'autre, comme les carrés des diamètres des deux corps. Or les quantités de matières sont en raison des cubes des diamètres ; les résistances sont les quantités de mouvement perdu, les retardations sont les vitesses perdues ; et en divisant les quantités de mouvement par les quantités de matière, vous aurez les vitesses. Les retardations sont donc en raison directe des carrés des diamètres, et en raison inverse des cubes de ces mêmes diamètres, c'est-à-dire en raison inverse des diamètres eux-mêmes.

Si les corps sont égaux, et qu'ils se meuvent avec une même vitesse, et aient une densité égale, mais qu'ils se meuvent dans différents fluides, leurs retardations sont comme les densités de ces fluides.

Si des corps d'une même densité et d'un même volume, se meuvent dans le même fluide avec différentes vitesses, les retardations sont comme les carrés des vitesses.

Nous avons déjà dit que plus un corps a de surface, plus il souffre de résistance de la part d'un fluide où il se meut, et plus son mouvement est retardé. C'est pour cette raison que tous les corps ne descendent pas également vite dans l'air. Un morceau de plomb descend beaucoup plus vite qu'un morceau de liege de même poids ; parce que le morceau de liege ayant beaucoup plus de volume, présente à l'air une plus grande surface, et rencontre par conséquent un plus grand nombre de parties d'air : d'où il s'ensuit qu'il doit perdre davantage de son mouvement que le morceau de plomb, et par conséquent qu'il doit descendre moins vite. Voyez DENSITE, etc.

La retardation qui provient de la gravité est particulière aux corps qu'on lance en-haut. Un corps qu'on jette en-haut, est autant retardé qu'il serait accéléré s'il tombait en-bas. Il n'y a qu'un seul cas où la force de la gravité conspire entièrement avec le mouvement imprimé au corps ; savoir quand le corps est jeté verticalement de haut en bas : dans tout autre cas elle lui est contraire au moins en partie. Voyez ACCELERATION.

Comme la force de la gravité est uniforme, la retardation qui en provient sera égale dans des temps égaux. Voyez GRAVITE.

Ainsi, comme c'est la même force qui engendre le mouvement dans le corps tombant, et qui la diminue dans celui qui s'éleve, le corps monte jusqu'à ce qu'il ait perdu tout son mouvement ; ce qu'il fait en un même espace de temps qu'un corps tombant mettrait à acquérir la même vitesse avec laquelle il est lancé en-haut. Voyez PROJECTION, DESCENTE.

Les retardations qui proviennent de la résistance des fluides, sont l'une à l'autre, 1°. comme les carrés des vitesses ; 2°. comme les densités des fluides dans lesquels les corps se meuvent ; 3°. en raison inverse des diamètres des corps ; enfin, en raison inverse des densités de ces mêmes corps. Les nombres qui expriment la proportion de ces retardations, sont en raison composée de ces raisons ; on les trouve en multipliant le carré de la vitesse par la densité du fluide, et divisant le produit par le diamètre du corps, multiplié par sa densité.

M. Newton est le premier qui nous ait donné les lois de la retardation du mouvement dans les fluides, et Galilée le premier qui ait donné celle de la retardation du mouvement des corps pesans. Ces deux auteurs ont été commentés et étendus depuis par une infinité d'autres ; comme par MM. Huygens, Varignon, Bernoulli ; etc. On trouve dans le discours de ce dernier, sur les lois de la communication du mouvement, plusieurs beaux théorèmes sur les lois de la retardation du mouvement dans les fluides. M. Newton a démontré qu'un corps qui se meut dans un fluide d'une densité égale à la sienne, doit perdre la moitié de sa vitesse avant que d'avoir parcouru trois de ses diamètres. De-là il conclut que les planètes, et surtout les cometes, doivent se mouvoir dans une espace non résistant. Les Cartésiens ont fait jusqu'à présent, de vains efforts pour répondre à cette objection. Voyez RESISTANCE, etc. (O)

Si le mouvement d'un corps est retardé uniformément, c'est-à-dire si sa vitesse est diminuée également en temps égaux, l'espace que le corps parcourt est la moitié de celui qu'il décrirait par un mouvement uniforme dans le même temps. 2°. Les espaces décrits en temps égaux, par un mouvement retardé uniformément, décroissent suivant les nombres impairs 9, 7, 5, 3, etc. Voyez ACCELERATION.