S. m. (Physique) météore qui parait en forme d'anneau ou de cercle lumineux et de diverses couleurs, autour du soleil, de la lune, et des étoiles. Voyez METEORE.

Ce mot est formé du grec ou , area, aire, surface.

Les Physiciens regardent le halo comme un effet de la réfraction des rayons de lumière qui passent par les vésicules fines et rares d'une petite nue ou vapeur, laquelle se trouve dans notre athmosphère. Ces rayons arrivent à l'oeil du spectateur, après avoir souffert sans réflexion dans les gouttes de la nue deux réfractions, l'une à l'entrée, l'autre à leur sortie ; et la différente réfrangibilité des rayons produit les différentes couleurs du halo. Voyez REFRANGIBILITE, REFRACTION, ULEURLEUR.

On confirme cette explication en ajoutant qu'une certaine quantité d'eau étant lancée vers le soleil, on la voit, dans le moment qu'elle se brise et se disperse en gouttes, former une espèce d'halo ou d'arc-en-ciel représentant les mêmes couleurs que le véritable ; avec cette différence que dans l'arc-en-ciel ordinaire il y a réflexion avec réfraction, et que dans le halo il n'y a que réfraction. Voyez ARC-EN-CIEL.

Ces sortes de couronnes sont quelquefois blanches, et d'autres fois elles ont les mêmes couleurs que l'arc-en-ciel ; tantôt on n'en voit qu'une, et tantôt on en voit plusieurs qui sont concentriques : Snellius dit qu'il en a Ve six autour du soleil. Le diamètre de celles qu'on a observées autour de Sirius et de Jupiter, n'a jamais été de plus de cinq degrés ; celles de la lune vont depuis deux degrés jusqu'à quatre-vingt-dix de largeur. Le diamètre de ces couronnes varie pendant le temps qu'on observe le phénomène.

On peut produire artificiellement de semblables couronnes, en mettant, lorsqu'il fait froid, entre l'oeil et une bougie allumée un pot plein d'eau chaude, dont la vapeur monte en haut : c'est pour cela que l'on aperçoit souvent ces anneaux dans les bains autour de la bougie.

Une autre manière de représenter ce phénomène, c'est de pomper l'air d'une cloche de verre, et regardant à-travers cette cloche la flamme d'une chandelle placée derrière la cloche : car aussi-tôt que l'air se sera raréfié jusqu'à un certain point, on ne manquera pas d'apercevoir un anneau autour de la flamme. On peut voir la même chose, en faisant rentrer dans un récipient l'air qui en avait été pompé ; car dès que cet air se trouvera avoir la même densité, on verra paraitre cet anneau avec diverses couleurs. De même, lorsqu'on met deux verres objectifs de grands télescopes l'un sur l'autre, la lumière qui tombe dessus passe à-travers en quelques endroits, et se réfléchit des endroits voisins ; ce qui fait paraitre divers anneaux colorés : c'est ce qu'on remarque encore, lorsqu'on fait de petites bulles d'air avec l'eau de savon ; car on voit dessus et à-travers ces bulles de semblables anneaux colorés. Musschenbr. Essai de Physique.

Voici les principales raisons par lesquelles M. Musschenbroeck prouve que la cause des halos est dans notre athmosphère. S'il y a une athmosphère autour des astres précédents, il parait impossible qu'elle soit de l'étendue qu'on observe dans les halos. Ces couronnes ne peuvent être aperçues que de peu de personnes à-la-fais, et rarement à une plus grande distance que deux ou trois lieues ; elles disparaissent aussi-tôt que le vent vient à souffler, quoiqu'elles continuent quelquefois lorsqu'il ne fait qu'un petit vent frais ; mais dès qu'il augmente, elles se dissipent. Personne ne les a jamais observées dans un temps tout à fait serein. Si le nuage flotte dans l'air, la couronne commence à disparaitre du côté où l'air devient plus net.

Les couronnes des halos sont plus faibles que celles de l'arc-en-ciel. Dans les couronnes de halo que M. Newton vit en 1692, les couleurs se suivaient du centre vers la circonférence, de la manière suivante. La couleur de l'anneau interne était bleue en-dedans, blanche au milieu, et rouge en-dehors ; la couleur interne du second anneau était pourpre, ensuite bleue, puis verte, jaune, et d'un rouge pâle ; la couleur interne du troisième anneau était d'un bleu pâle, et l'externe d'un rouge pâle. M. Huygens a observé dans le contour extérieur un bleu pâle, et dans l'intérieur une couleur rouge. M. Musschenbroeck a Ve plusieurs couronnes dont la couleur interne était rouge ; et d'autres observateurs ont encore indiqué diverses variétés.

Ce phénomène n'arrive pas tous les jours ; la raison principale est qu'il faut que les particules soient assez raréfiées pour donner passage aux rayons : car autrement elles forment des nuages épais qui ne transmettent pas la lumière. Cependant les halos sont plus fréquents qu'on ne le croit ; on n'y fait pas attention, parce que l'on envisage rarement le soleil pendant le jour. Mais les observateurs attentifs assurent que ce phénomène est fréquent. Depuis le premier de Janvier jusqu'au premier de Juin 1735, M. Musschenbroeck a Ve à Utrecht ces couronnes environ vingt fois autour du soleil ; et un autre physicien a observé le même phénomène plus de soixante fois en un an.

M. Fritsch vit le 11 Avril 1729 autour du soleil un cercle qui avait trois couleurs, dont l'externe était rouge, celle du milieu jaune, et l'interne blanche ; et il se trouvait éloigné du soleil de deux diamètres de cet astre. On y remarquait outre cela un cercle blanc parallèle à l'horizon, qui passait par le soleil : il y avait encore deux autres demi-cercles blancs plus petits qui commençaient de chaque côté dans le soleil, et qui étaient placés au-dedans du grand cercle.

On a tort de croire que les halos annoncent la pluie ou l'orage ; souvent le lendemain et quelques autres jours après il fait un temps fort serein et fort calme. Ceux qui veulent approfondir davantage ce sujet, peuvent recourir au traité posthume de M. Huygens, de coronis ; à l'Optique de Newton, liv. II. ch. IVe et à l'Essai de Physique de Musschenbroeck, d'où cet article est tiré par extrait. (O)