S. f. (Physique) c'est la couleur qui est occasionnée par la texture des parties de la surface d'un corps, telle que les rayons de lumière qui tombent dessus sont amortis ou absorbés, sans se réfléchir que très-peu ou point du tout. La noirceur n'est donc pas proprement une couleur, mais la privation de toute couleur, voyez COULEUR et LUMIERE. La noirceur est directement opposée à la blancheur, qui vient de ce que les parties réfléchissent indifféremment tous les rayons qui tombent sur elles, de quelque couleur qu'ils soient, voyez BLANCHEUR. Newton dans son traité d'optique, montre que pour produire un corps de couleur noire, il faut que les corpuscules qui le composent soient moindres que ceux qui forment les autres couleurs ; parce que quand les particules composantes sont trop grandes, elles réfléchissent alors beaucoup de rayons ; mais si elles sont moindres qu'il ne faut pour réfléchir le bleu le plus foncé, qui est la plus sombre de toutes les couleurs, elles réfléchiront si peu de rayons que le corps paraitra noir. De-là il est aisé de juger pourquoi le feu et la putréfaction, en divisant les particules des substances, les rendent noires : pourquoi un habit noir est plus chaud qu'un autre habit, toutes choses d'ailleurs égales ; c'est qu'il absorbe plus de rayons et en réfléchit moins, voyez CHALEUR : pourquoi une petite quantité de substances noires communiquent leur couleur aux autres substances auxquelles elles sont jointes ; leurs petites particules, par la raison de leur grand nombre, couvrant aisément les grosses particules des autres : pourquoi les verres qui sont travaillés et polis soigneusement avec du sable, rendent noir le sable aussi-bien que les particules qui se détachent du verre : pourquoi les substances noires s'enflamment au soleil, plus aisément que les autres ; ce dernier effet vient en partie de la multitude des rayons qui s'absorbent au-dedans de la substance, et en partie de la commotion faite des corpuscules composans : pourquoi quelques corps noirs tiennent un peu de la couleur bleue ; ce qui se peut éprouver en regardant à-travers un papier blanc des objets noirs, alors le papier paraitra bleuâtre ; la raison de cela est que le bleu obscur du premier ordre des couleurs, est la couleur qui approche le plus du noir, parce que c'est celle qui réfléchit moins de rayons, et que parmi ces rayons, elle ne réfléchit que les bleus. Donc réciproquement, si les corps noirs réfléchissent quelques rayons, ce doit être les bleus préférablement aux autres. Voyez BLEU. Chambers. (O)

NOIRCEUR, (Médecine) la couleur noire naturelle, et celle qui doit sa naissance à la teinture, n'annoncent rien de fâcheux ; mais celle qui vient d'une cause morbifique, est d'un mauvais présage.

Le sang, la graisse, la bile, la moèlle, les crachats, la mucosité, les matières fécales, les matières rejetées par le vomissement, l'urine, le pus et la pituite, sont sujets à acquérir une couleur noire, produite par la matière de la mélancolie.

Ces humeurs corrompues et tombées dans le sphacele, sont un triste pronostic dans les maladies aiguës ; comme l'inflammation, les fiévres érésypélateuses, malignes, épidémiques, la peste, la petite vérole. Elles sont également mauvaises dans les maladies chroniques, l'ictère, les contusions, les brulures, et dans la congélation des membres, soit que ces matières s'évacuent, soit qu'elles s'attachent aux parties, soit enfin que la mauvaise couleur de ces humeurs se manifeste à la peau.

La méthode curative demande de corriger, d'évacuer, de dissiper, d'adoucir la malignité. Il faut encore arrêter par les antiseptiques, autant qu'il est possible, le progrès de la corruption des humeurs.