S. m. (Physique) est l'effort avec lequel un corps tend à descendre, en vertu de sa pesanteur ou gravité. Il y a cette différence entre le poids d'un corps et la gravité, que la gravité est la force même ou cause qui produit le mouvement des corps pesans, et le poids comme l'effet de cette cause, effet qui est d'autant plus grand que la masse du corps est plus grande, parce que la force de la gravité agit sur chaque particule du corps. Ainsi le poids d'un corps est double de celui d'un autre, quand sa masse est double ; mais la gravité de tous les corps est la même, en tant qu'elle agit sur de petites parties égales de chaque corps. Voyez GRAVITE, PESANTEUR.

M. Newton a prouvé que le poids de tous les corps à des distances égales du centre de la terre est proportionnel à la quantité de matière qu'ils contiennent ; et il suit de là que le poids des corps ne dépend en aucune manière de leurs formes ou de leur texture, et que tous les espaces ne sont pas également remplis de matière. Voyez VUIDE.

Le même M. Newton ajoute que le poids du même corps est différent à différents endroits de la surface de la terre à cause qu'elle n'est point sphérique, mais sphéroïde. En effet l'élévation de la terre à l'équateur fait que la pesanteur y est moindre qu'aux pôles, parce que les points de l'équateur sont plus éloignés du centre que les pôles ; c'est ce qu'on a vérifié par les expériences des pendules. Voyez FIGURE DE LA TERRE.

Un corps plongé dans un fluide qui est d'une pesanteur spécifique moindre que lui, perd de son poids une partie égale à celle d'un pareil volume du fluide ; en effet, si un corps était du même poids que l'eau, il s'y soutiendrait en quelque endroit qu'on le plaçât, puisqu'il serait alors dans le même cas qu'une portion de fluide qui lui serait égale et semblable en grosseur et en volume. Ainsi dans ce cas il ne ferait aucun effort pour descendre ; donc lorsqu'il est plus pesant qu'un pareil volume de fluide, l'effort qu'il fait pour descendre est égal à l'excès de son poids sur celui d'un égal volume de fluide. Voyez FLUIDE.

Par conséquent un corps perd plus de son poids dans un fluide plus pesant que dans un fluide qui l'est moins, et pese par conséquent plus dans un fluide plus léger que dans un plus pesant. Voyez PESANTEUR SPECIFIQUE, GRAVITE, FLUIDE, HYDROSTATIQUE, etc. De plus, toutes choses d'ailleurs égales, plus un corps a de volume, plus il perd de son poids dans un fluide où on le plonge. De là il s'ensuit qu'une livre de plomb et une livre de liege qui sont également pesantes lorsqu'elles sont posées dans l'air, ne le seront plus dans le vide : la livre de liege sera alors plus pesante que la livre d'or, parce que la masse de liege qui pesait une livre dans l'air, perdait plus de son poids que la masse d'or qui avait moins de volume. Si le corps est moins pesant qu'un égal volume de fluide, alors il ne s'enfonce pas tout à fait dans le fluide, il surnage, et il s'enfonce dans le fluide jusqu'à ce que sa partie enfoncée occupe la place d'un volume de fluide qui serait d'une pesanteur égale à celle du corps entier.

Trouver le poids d'une quantité donnée de fluide, par exemple, du vin contenu dans un muid. Trouvez d'abord la quantité de liqueur par les règles de jaugeage ; suspendez ensuite dans cette liqueur un pouce cube de plomb par le moyen d'un crin, et voyez à l'aide de la balance hydrostatique ce que ce pouce cube de plomb perd de son poids, et vous aurez par ce moyen le poids d'un pouce cube du fluide donné. Cela fait, le fluide étant supposé homogène, et par conséquent proportionnel au volume, vous aurez le poids total par la règle de trois. Si, par exemple, la capacité du muid est de 86 pieds cubes, et que le pied cube de vin pese 68 livres, le poids de tout le vin sera de 5984 livres.

Le poids du pied cube d'eau a été déterminé par plusieurs personnes ; mais comme dans les différentes fontaines, etc. les poids de l'eau est différent, et que le poids de la même eau ne reste pas constamment le même dans tous les temps, les différents auteurs qui en ont parlé ne se sont pas accordés. On fixe ordinairement le poids du pied cube d'eau commune ou douce à 70 livres. Le pied cube d'eau de mer pese environ 2 livres de plus.

Poids de l'air. On a trouvé par plusieurs expériences non-seulement que l'air pese, mais aussi la quantité précise du poids d'une certaine portion d'air déterminée.

Trouver le poids d'un pouce cube d'air. Pesez un vaisseau rond rempli d'air commun avec toute l'exactitude possible : tirez ensuite l'air, et pesez le vaisseau dont l'air aura été tiré : soustrayez le dernier poids du premier, et le reste sera le poids de l'air ôté. De plus, trouvez l'espace que contient le vaisseau par les lois de la stéréométrie (Voyez SPHERE) et la proportion qui est entre l'air actuel du vaisseau et l'air naturel tel qu'il était d'abord, par les moyens enseignés à l'article de la machine pneumatique ; cela fait, vous aurez le volume de l'air restant par la règle de trois, et soustrayant ce volume de la capacité du vaisseau, vous aurez le volume de l'air qui a été ôté. Si on a une excellente machine pneumatique avec laquelle on puisse pousser si loin l'exhaustion que l'air qu'on laisse dans le ballon puisse être négligé, on prendra pour le volume d'air ôté la capacité même du vaisseau.

Ayant donc par ce moyen le poids et le volume de l'air ôté qu'on a tiré, on aura par la règle de trois le poids d'un pouce cube d'air.

Otto Guericke est le premier qui ait employé cette méthode. Burcher de Volder s'en est servi ensuite, et a donné les circonstances suivantes de son expérience. Le poids du vaisseau sphérique plein d'air commun était de 7 livres 1 once 2 drachmes 48 grains ; lorsqu'il était vide, de 7 livres 1 once 1 drachme 31 grains ; l'ayant rempli d'eau, il était de 16 livres 12 onces 7 drachmes 14 grains. Le poids de l'air était donc de 1 drachme 12 grains ou 77 grains. Le poids de l'eau de 9 livres 11 onces 5 drachmes 43 grains, ou de 74743 grains ; conséquemment la proportion entre la gravité spécifique de l'eau et de l'air était de 74743 à 77 ou de 970 53/77 à 1. De plus le poids d'un pied cube d'eau étant connu, on dira : comme 970 à 1, ainsi le poids d'un pied cube d'eau à un quatrième terme, et on aura par la règle de trois, le poids du pied cube d'air. Voyez AIR et ATHMOSPHERE.

Poids de l'eau de mer. Le poids de l'eau de mer varie suivant les climats. M. Boyle ayant recommandé à un habîle physicien qui allait en Amérique, de peser de temps en temps l'eau de mer pendant le cours de son voyage avec une balance hydrostatique qu'il lui fournit, apprit par ce physicien qu'il avait trouvé l'eau de mer plus pesante, à mesure qu'il approchait de la ligne jusqu'à ce qu'il fut arrivé à la latitude d'environ 30 degrés, après quoi elle resta constamment du même poids jusqu'à ce qu'il arrivât aux Barbades. Voyez Trans. phis. n°. 18 Wolf et Chambers. (O)

Poids se dit aussi en général pour marquer un corps pesant ; ainsi on dit cet homme porte sur ses épaules un poids très-considérable ; on donne aussi le nom de poids à un corps d'une certaine pesanteur connue, dont on se sert pour peser les autres, comme la livre, l'once, le marc, etc. Poids se dit aussi dans un sens figuré, des choses pénibles et difficiles : ce prince, dit-on, soutient avec beaucoup de capacité le poids des affaires : cet homme est accablé du poids de ses malheurs, etc.

Poids en mécanique se dit de tout ce qui doit être élevé, soutenu ou mu par une machine, ou de ce qui résiste, de quelque manière que ce sait, au mouvement qu'on veut imprimer. Voyez MOUVEMENT, MACHINE, etc.

Dans toutes les machines il y a une proportion nécessaire entre le poids et la puissance motrice. Si on veut augmenter le poids, il faut aussi augmenter la puissance, c'est-à-dire, que les roues ou autres agens doivent être multipliés, ou, ce qui revient au même, que le temps doit être augmenté ou la vitesse diminuée. Voyez PUISSANCE.

Le centre de gravité F (Planche de la Mécanique fig. 55) d'un corps I H, avec le poids de ce corps étant donnés, trouver le point M par lequel il doit porter sur un plan horizontal, afin qu'un poids donné suspendu en L ne puisse pas faire écarter le corps I H de la situation horizontale.

Imaginez qu'il y ait au centre de gravité F, un poids égal à celui du corps H, et trouvez le centre commun de gravité M de ce poids et du poids G, le point M sera le point qu'on demande.

Supposons, par exemple, que F soit le centre de gravité d'un bâton éloigné de 18 pouces de son extrémité, le poids du sceau d'eau G de 24 livres, le poids du bâton de 2 livres, on aura L M = L F. F : (G + F) = 18. 2 : 26 = 18 : 13 ; c'est-à-dire, environ un pouce et demi ; il n'est donc pas étonnant que le sceau pende après le bâton qui est couché sur la table sans le faire tomber. Si on met un poids sur l'extrémité d'une table, il ne tombera point, tant que le centre de gravité de ce corps sera appuyé sur la table ; car le centre de gravité est le point où se réunit tout l'effort de la pesanteur. Ainsi un fort long bâton peut se soutenir sur une table, pourvu que la partie de ce bâton qui est hors de la table, soit un peu moins longue que celle qui porte sur la table ; car le centre de gravité du bâton est à son point de milieu, et par conséquent dans la situation dont nous parlons, le centre de gravité du bâton se trouvera appuyé sur la table. Le centre de gravité C (fig. 56.) d'un corps A B, avec son poids G étant donnés déterminer les points L et M, où des appuis étant placés, les parties du poids total portées par chacun de ces appuis soient en raison donnée.

Prenez dans la ligne horizontale A B qui passe par le centre de gravité C, les droites M C et C L, qui soient dans la raison donnée, et les points M et L seront ceux qu'on demande ; il suit de là que si aux points M et L on place, au lieu d'appuis, les épaules ou les bras de deux porte-faix, ils supporteront le poids donné, si les parts qu'ils doivent en supporter ne sont pas plus grandes que leurs forces. Par exemple, si l'un des porte-faix peut porter 150 livres, et l'autre 200, et que le poids pese 350 livres, on prendra C L à C M comme 4 à 3, et le plus fort des porte-faix étant placé en M, et l'autre en L, ils porteront le poids donné. Ainsi nous avons une manière de partager une charge suivant une proportion donnée.

POIDS, (Hydraulique) les liqueurs ne pesent que selon leur hauteur et la base qui les soutient ; ainsi dans une pompe on évalue la résistance de l'eau et son poids, en multipliant la superficie de la base du corps de pompe où est le piston, par la hauteur perpendiculaire du tuyau montant.

Le poids ou la pesanteur des eaux jaillissantes de même sortie et conduite avec différentes hauteurs de réservoirs, font équilibre avec des poids qui sont l'un à l'autre en la raison des hauteurs des mêmes réservoirs. Deux jets de six lignes de diamètre ayant une même conduite de trois pouces dont l'eau vient d'un réservoir élevé de dix pieds, et l'autre de trente, feront équilibre avec un poids de cent cinq livres pour le jet venant de trente pieds, et de trente-cinq livres pour celui de dix pieds. On peut dire que trente contient trois fois le nombre dix, comme cent cinq comprend trois fois trente-cinq.

Les jets d'eau de même hauteur et de différentes sorties soutiennent des poids par leur choc qui sont l'un à l'autre en raison doublée des diamètres des ajutages. Un jet de six lignes de diamètre, et l'autre de douze venant tous deux d'un même réservoir de trente pieds de haut, feront équilibre avec un poids de trente-six livres pour le jet de six lignes, et pour celui de douze lignes avec un poids de cent quarante-quatre livres ; et on dira le poids correspondant à l'ajutage de six lignes sera au poids correspondant à l'ajutage de douze lignes, comme 36 est à 144, ou comme 1 est à 4.

Quand on veut mesurer la solidité du cylindre ou de la colonne d'eau renfermée dans un tuyau, en même temps que son poids, pour y proportionner dans une pompe la force du moteur, on doit savoir qu'une pinte d'eau pese deux livres moins 7 gros, qu'une ouverture circulaire d'un pouce qui par minute donne environ 14 pintes pese 28 livres, qu'un pied cube contient 36 pintes, huitième de 288 valeur du muid d'eau, et que ces 36 pintes à 2 livres moins 7 gros chacune, pesent 70 livres. Cependant le pied cylindrique qui est un solide, ayant une superficie de 144 pouces circulaires, est toujours plus petit que le carré de son diamètre n'ayant que 113 pouces 2 lignes carrées provenans de la proportion du pied carré au pied circulaire qui est de 14 à 11. Ainsi les 70 livres que pese le pied cube étant calculées suivant le même rapport de 14 à 11 qui est celui du cercle au carré, il vient au quotient 55 livres pour le poids d'un pied cylindrique.

Le poids d'une colonne d'eau et sa résistance se trouvent en multipliant la superficie de la base du tuyau par sa hauteur perpendiculaire. Supposons que la base du tuyau ait six pouces de diamètre et 30 pieds de haut, on réduira d'abord les 30 pieds en pouces en les multipliant par 12, ce qui donnera 360 pouces ; et l'on dira six fois 6 font 36 pour la superficie de la base du tuyau, qui, multipliée par 360 pouces valeur des 30 pieds de haut, vous donnera 12960 que l'on divisera par 1728 pouces que contient le pied cylindrique, et le quotient sera 7 pieds 1/2 cylindriques que l'on multipliera par 55 livres, pesanteur du pied cylindrique, et l'on aura pour le poids de la colonne d'eau 412 livres et 1/2 pesant ; ainsi un tuyau de 6 pouces de diamètre, montant ou descendant d'un réservoir de 30 pieds de haut, contiendra une colonne d'eau de 7 pieds 1/2 cylindriques pesant 412 livres 1/2. (K)

POIDS ET MESURES des Grecs et des Romains, (Littérat. grecq. et rom.) Je ne puis rien faire de mieux, en conservant les mots grecs et latins, que de transporter ici les tables de M. Arbuthnot, qui indiqueront d'un coup-d'oeil les poids et les mesures ordinaires des Grecs et des Romains, avec leur réduction aux poids et mesures anglaises. Ces tables donneront encore la connaissance des anciens poids des Arabes, réduits à ceux de la livre de troys ou de douze onces.

Les plus anciens poids grecs réduits aux poids troyens, ou de douze onces à la livre.

Réduction des poids grecs et romains moins anciens aux mêmes poids.

L'once romaine qui répond à l'once anglaise avoir du poids, se partageait en sept deniers ou huit dragmes. Chacun de ces deniers équivalait à la dragme attique ; de sorte que la dragme attique plus 1/8, considérée comme poids, était égale à la dragme romaine.

Nota que les Grecs divisaient l'obole en chalci et en . Diodore et Suidas partagent l'obole en six chalci, et chaque chalcus en sept . D'autres comptaient huit chalci dans l'obole, et huit ou minuta dans chaque chalcus.

Les plus grands poids réduits à ceux de douze onces à la livre, qui en Angleterre s'appelle livre de Troie ou Troie.ne.

Nota. Il y avait un autre talent attique, qui selon les uns consistait en 80, et selon d'autres en 100 mines. Notez encore que chaque mine contient 100 dragmes, et chaque talent 60 mines ; mais que les talents diffèrent en poids selon la différence du titre de la dragme ou de la mine. La différente valeur des différentes mines et talents, par rapport à celle des mines et talents attiques, et des poids troyens ou de douze onces à la livre, est marquée dans la table suivante.

Les anciens poids des Arabes réduits à ceux de la livre de Troie, ou de douze onces.

Les poids de France réduits aux mêmes poids.

Les Romains divisaient l'as, la livre, ou tout autre entier, de la manière suivante.

Mesures attiques servant à contenir des choses liquides, réduites à des mesures connues, prenant pour point de comparaison celles qui en Angleterre servent à mesurer le vin.

Nota que le gallon revient à-peu-près à quatre pintes, mesure de Paris, et la pinte d'Angleterre à la chopine de Paris, moyennant quoi il est aisé d'évaluer les mesures attiques sur les nôtres.

Mesures attiques pour les substances seches réduites aux mesures qui sont d'usage en Angleterre pour mesurer les grains.

Nota que le picotin est la quatrième partie du boisseau ; que le gallon contient quatre pintes, mesure de Paris ; et que la pinte d'Angleterre revient à la chopine de Paris, ainsi qu'il a été dit ci-dessus : ce qui rend la réduction des mesures attiques aux nôtres aisée.

Nota 1°. qu'outre le medimnus qu'on appelait medicus, il y en avait un autre qu'on nommait medimnus georgicus, et qui équivalait à 6 modii romains.

Nota 2°. qu'il est fait mention d'autres mesures dans quelques auteurs, dont la valeur ignorée peut être aisément connue par le moyen de ces tables.

Mesures romaines pour les substances liquides réduites à celles d'Angleterre qui servent pour le vin.

Nota que le gallon contient à-peu-près quatre pintes mesure de Paris, et que la pinte anglaise revient à notre chopine.

Nota 1°. que le quadrantal était la même chose que l'amphora, et que le cadus, le congiarius, et le dolium ne dénotaient pas des mesures particulières.

Nota 2°. que les Romains divisaient le sextarius, ainsi que la livre, en douze parties égales, qu'ils appelaient cyathi ; de-là vient qu'ils appelaient les verres calices, sextantes, quadrantes, trientes, etc. selon le nombre de cyathi qu'ils contenaient.

Mesures romaines pour les substances seches réduites aux mesures anglaises pour les grains.

Nota que le picotin d'Angleterre est la quatrième partie de notre boisseau ; que le gallon contient quatre pintes, et la pinte d'Angleterre une chopine de Paris.

Explications des caractères qui sont principalement en usage dans les Auteurs grecs et latins, pour désigner les poids et mesures.

Aux tables qu'on vient de lire, il faut joindre les détails particuliers qui se rapportent à chaque article, et d'autres détails généraux énoncés au mot MESURE. (D.J.)

POIDS DES HEBREUX, (Histoire des Juifs) les anciens Hébreux n'ayant point l'usage de la monnaie frappée à un coin, pesaient tout l'or et l'argent dans le commerce. Le nom général dont ils se servaient pour marquer un poids, était une pierre : n'ayez point dans votre sac, une pierre et une pierre, est-il dit dans le Deuter. xxv. 23. (ce qui signifie différents poids, un juste et un faux) mais seulement une pierre de perfection et de justice, c'est à-dire un poids juste et fidéle. Le sicle, le demi-sicle étaient non-seulement des noms de monnaie, mais aussi des noms de poids ; on lit dans les livres des rais, que les cheveux d'Absalon pesaient cent sicles, ce qui revient à environ 19 onces. Moïse distingue deux sortes de poids ; le poids du sanctuaire, qui était l'étalon sur lequel on jugeait les autres poids ; et le poids ordinaire. Quelques interpretes imaginent qu'il y avait une différence réelle entre ces deux poids ; et que le poids du sanctuaire était plus fort que les autres ; mais les meilleurs critiques sont persuadés que cette distinction est chimérique, et qu'il n'y avait d'autre différence entre ces deux poids, qu'en ce que le premier était gardé dans le temple, pour servir de modèle aux poids publics. Cette pratique n'était pas particulière aux Hébreux ; elle était en usage chez les égyptiens, chez les Grecs, chez les Romains. Nous lisons dans le premier livre des Paralypomènes, xxiij. 29. qu'il y avait un prêtre chargé de l'intendance des poids et des mesures. (D.J.)

POIDS DU ROI, (Critique sacrée) poids d'usage dans les états du roi de Babylone, et qui pesait un certain nombre de sicles.

On lit dans le II. liv. de Samuel, c. XVe que quand Absalon faisait couper ses cheveux ; ce qui arrivait une fois l'an, parce qu'il était incommodé de leur poids : les cheveux de sa tête pesaient deux cent sicles au poids du roi. Il y a bien des difficultés dans ce passage ; 1°, si Absalon coupait ses cheveux toutes les années ; 2°, s'il coupait tous ses cheveux, ou seulement un partie ; 3°, si le poids de deux cent sicles était le poids de toute sa chevelure, ou seulement de ce qu'il faisait couper ; 4°, ce que c'était que le poids du roi.

Il y a dans l'hébreu, depuis la fin des jours jusqu'aux jours, sans spécifier aucun jour particulier. Les septante ont rendu l'hébreu mot à mot, . Le targum traduit, à des temps réglés ; c'est-à-dire, quand ils devenaient trop longs et trop épais ; ce qui pouvait arriver une fois en deux ans, plus ou moins.

Les Israélites portaient les cheveux fort longs, ainsi qu'il parait par l'Ecriture et par Josephe, liv. VIII. c. 1. qui nous dit que les gardes du roi Salomon avaient de longs cheveux flottants sur leurs épaules, et qu'ils les poudraient tous les jours de petites paillettes d'or, qui les faisaient briller, lorsque les rayons du soleil donnaient dessus. Il n'est donc pas vraisemblable qu'Absalon coupât tous ses cheveux, qui faisaient son principal ornement.

On voit par expérience que les cheveux ne croissent dans un an, qu'environ quatre pouces en longueur ; ainsi ce qu'il faisait couper ne pouvait pas peser deux cent sicles des Juifs, puisque dans cette supposition, ce qui restait aurait dû peser du moins cinq fois autant, ce qui est impossible de part et d'autre.

Ainsi la plus grande difficulté consiste à déterminer ce que c'est que le poids du roi, ou, comme porte l'hébreu, la pierre du roi. M. Pelletier croit que la différence entre le poids du roi et le poids ordinaire, n'a été connue qu'après que les Juifs ont été soumis aux Chaldéens ; et que l'auteur des deux livres de Samuel, vivait vers la fin de la captivité de Babylone, ou peu-après, lorsque les Juifs étaient accoutumés depuis 60 ou 70 ans aux poids babyloniens, et ignoraient les poids hébreux, qui depuis longtemps n'étaient plus en usage : que cet auteur, pour se faire mieux entendre, a substitué le poids connu à la place de celui qu'il trouvait marqué dans les mémoires sur lesquels il travaillait ; ce qui lui a fait dire que les cheveux d'Absalon pesaient deux cent sicles, poids de Babylone, poids du roi, auquel les Juifs étaient alors sujets. Or le sicle de Babylone pesait le tiers du sicle juif, qui était égal à 219 grains, poids d'Angleterre ; ainsi le sicle babylonien pesait 73 grains.

Les Rabbins et quelques autres écrivains qui prétendent que ces deux cent sicles étaient le prix que valaient les cheveux d'Absalon, et non ce qu'ils pesaient, disent que ses serviteurs vendaient ses cheveux aux femmes de Jérusalem. Mais Bochart prétend qu'il n'est pas vraisemblable qu'on ait vendu les cheveux d'un fils de roi, ni que personne ait voulu les acheter à un si haut prix.

D'autres imaginent qu'Absalon ayant coupé ses cheveux en divers temps, les avait gardés jusqu'à ce qu'il y en eut le poids de deux cent sicles. Mais outre que cette fiction est contraire au texte, elle rend la remarque de l'Ecriture puérile, puisqu'il n'y aurait rien d'extraordinaire en cela.

Bochart conjecture que les cheveux d'Absalon ne pesaient deux cent sicles, que parce qu'il les poudrait d'une poudre d'or ; ce qui était fort ordinaire dans ce temps-là, et ce qui devait augmenter fort le poids des cheveux ; et il démontre que ces deux cent sicles ne faisaient pas plus de trois livres et deux onces de notre poids. Mais l'Ecriture parle du poids réel des cheveux, et non d'un poids purement accidentel. Les septante ont réduit ce poids de deux cent sicles à la moitié : ils ne parlent que de cent sicles ; ce qui s'accorde avec le sentiment de ceux qui prétendent qu'il s'agit de sicles d'or, ou des sicles du roi, qui n'avaient que la moitié du poids de ceux du sanctuaire. Mais il faudrait prouver auparavant cette différence entre le poids ordinaire et celui du sanctuaire, entre le sicle d'or et celui d'argent.

De toutes les hypothèses qu'on vient de citer, celle de M. Pelletier nous parait la plus simple, la plus naturelle, et cependant elle ne lève pas la difficulté du poids énorme de la coupe des cheveux d'Absalon ; dans son système même, je croirais plutôt qu'il s'est glissé quelque grossière erreur de chiffre dans la copie du livre de Samuel ; et il faut bien que cela soit ainsi, puisqu'au lieu de deux cent sicles, les septante disent cent ; ce qui serait encore, en adoptant le système de M. Pelletier, un poids cinq fois trop grand pour approcher de la vraisemblance. (D.J.)

POIDS de l'Europe, etc. (Commerce) chaque pays a ses poids différents, non-seulement en Europe, mais dans les échelles du levant, en Asie et en Afrique, etc. Cependant je n'en ferai qu'un article fort abrégé.

Le quintal, la livre, le marc, l'once, le gros, le denier, le grain, sont les poids d'usage dans la plus grande partie de l'Europe, pour toutes sortes de marchandises. Chacun de ces poids a ses divisions ; par exemple il y a le demi-quintal, le quart de quintal, la demi-livre, le quarteron, le demi-quarteron, la demi-once, le demi-gros, et ainsi du reste. On se sert de tous ces poids dans la plus grande partie de l'Europe, mais sous différents noms, sous différentes divisions et différentes pesanteurs.

L'Espagne a en particulier son quintal macho, ses arobes, ses adarmes ; et pour l'or ses castillans et ses tomins. L'Angleterre a ses hundreds, ses jods, ses stones et son pound. L'Italie, particulièrement Venise, se sert de miglieri, de mirri et de saggi. Le Portugal pese à l'arate, au chego et au faratelle ; il a encore, comme en Sicîle ses rotolis. L'Allemagne, le Nord, et les villes Anséatiques ont leurs schisponds, leurs lysponds et leurs stéens ; presque toutes, à la vérité, de différents poids.

A Constantinople, à Smyrne, et dans la plupart des échelles du levant, on pese les marchandises au batteman, à l'ocos et au chequi, à la rote et au rotolis, dont il y a de trois sortes.

La Chine a pour poids, le pic, le picol, le bahar, le tael, le catis, le mas et les condorins ; le Tunquin a tous les poids, les mesures et les monnaies de la Chine. Le Japon n'a qu'un seul poids qui est le catis, différent pourtant de celui de la Chine et du Tunquin.

A Surate, à Agra, et dans tous les états du Mogol, on fait usage de la serre et du mein (autrement nommé par quelques-uns man, et par d'autres mao.) La serre est, à proprement parler, la livre indienne.

Les poids de Siam qu'ils nomment deingt, n'ont point d'autre nom que leurs monnaies.

Bantam, l'île de Java, Golconde, Visapour et Goa ont des poids particuliers, pour peser les diamants et autres pierreries ; d'autres pour peser les piastres et les ducats, d'autres enfin pour peser les soies et marchandises. En Perse l'on se sert de batmants ou mants, et de sahcheray, qui sont aussi en grand usage dans toutes les villes du golfe persique.

Les nations européennes qui occupent l'Amérique, se servent dans leurs colonies, des poids des princes de l'Europe dont ces colonies dépendent ; car pour la rote du Pérou qui pese 25 livres, on voit assez que ce n'est autre chose que l'arobe espagnole avec un nom un peu déguisé à l'indienne. A l'égard des poids de l'Afrique, il n'y a que l'Egypte et les côtes de Barbarie qui en aient ; et ce sont les mêmes que ceux des échelles du levant et des états du grand-seigneur.

L'île de Madagascar a pourtant les siens, mais qui ne passent point le gros, et qui ne servent qu'à peser l'or et l'argent ; les autres choses, marchandises et denrées ne se pesent point dans cette ile.

On trouvera dans Savary, Ricard et autres, le rapport des poids d'Amsterdam, ou de son quintal avec ceux des villes du plus grand commerce de l'Europe ; mais quelque soin que l'on prenne pour trouver cette égalité des poids entre une ville et une autre, il arrive rarement qu'on y réussisse dans la pratique, et qu'on ne trouve du mécompte sur les marchandises qu'on tire d'un lieu, ou qu'on y envoie. (D.J.)

POIDS D'ANGLETERRE, (Commerce) dans tout le royaume de la grande Bretagne il y a deux poids ; l'un qu'on nomme poids-de-troye, et l'autre avoir-du-poids. Au poids-de-troye vingt-quatre grains font le denier sterling d'Angleterre, vingt deniers l'once, et douze onces la livre ; on se sert de ce poids pour peser les perles, les pierreries, l'or, l'argent, le blé, et toutes sortes de grains ; c'est aussi le poids des apoticaires, mais qui se divise autrement ; vingt grains font un scrupule, trois scrupules une dragme, et huit dragmes une once.

L'avoir-du-poids est de seize onces ; mais il s'en faut près d'un douzième, c'est-à-dire quarante-deux grains, que l'once d'avoir-du-poids soit aussi pesante que l'once du poids-de-troye. C'est à l'avoir-du-poids que se pesent toutes les grosses marchandises, comme filasse, cuir, cire, beurre, fromage, fer, etc. Cent douze livres d'avoir-du-poids font le quintal, qu'en Angleterre on appelle hindred.

POIDS, dans le Commerce, est un corps d'une pesanteur connue, et qui sert par le moyen d'une balance, à connaître ce que pesent les autres corps. Voyez BALANCE, PESER.

Les poids sont communément de plomb, de fer, ou de cuivre, quoique dans différents endroits des Indes orientales on se serve de cailloux, et dans quelques lieux de petites fèves.

La sûreté du commerce dépendant en grande partie de l'exactitude des poids, il n'y a presque aucune nation qui n'ait pris des précautions pour prévenir toutes les falsifications qu'on y pourrait introduire. Le plus sur moyen est de préposer des officiers particuliers pour marquer ces poids, et pour les régler d'après des modèles ou étalons fixes.

Cet expédient est très-ancien, et plusieurs auteurs pensent que ce qu'on appelait sicles du sanctuaire chez les Juifs n'était autre chose qu'une sorte de poids qu'on conservait dans le sanctuaire pour servir de règle aux poids communs. Voyez SICLE et POIDS DU SANCTUAIRE.

C'est ainsi qu'en Angleterre les étalons des poids sont conservés à l'échiquier par un officier particulier appelé le clerc ou le contrôleur du marché. En France l'étalon des poids est gardé sous plusieurs clés dans le cabinet de la cour des monnaies. Voyez ÉTALON.

La plupart des nations chez qui le commerce fleurit ont leurs poids particuliers, et souvent même différents poids, suivant les différentes provinces, et suivant les différentes espèces de denrées.

La diversité des poids fait un des articles des plus embarrassants dans le commerce, mais c'est un inconvénient irremédiable. Non-seulement la réduction des poids de toutes les nations à un seul est une chose impossible, mais la réduction même des différents poids établis dans une seule nation n'est pas praticable ; témoin les efforts inutiles qu'on a faits en France pour réduire les poids sous Charlemagne, Philippe-le-Long, Louis XI. François I. Henri II. Charles IX. Henri III. Louis XIV.

Les poids peuvent être distingués en anciens, modernes, étrangers et domestiques.

Poids modernes, usités dans les différentes parties de l'Europe et dans le Levant.

Poids anglais. Par le vingt-septième chapitre de la grande charte, les poids sont les mêmes dans toute l'Angleterre, mais suivant les différentes marchandises on emploie de deux sortes de poids ; l'un poids-de-troye, de 12 onces à la livre ; l'autre poids d'avoir-du-poids, de 16 onces à la livre ; l'origine de l'une et de l'autre de ces mesures est rapportée aux grains de blé contenus dans l'épi. Dans les poids-de-troye 24 de ces grains font un denier de poids sterling, 20 deniers une once, et 12 onces une livre. Voyez ONCE, POIDS.

C'est avec ces poids qu'on pese l'or, l'argent, les pierreries, les grains, et les liqueurs. Les apoticaires emploient aussi le poids-de-troye, l'once et le grain, mais ils ont quelque chose de particulier quant aux divisions intermédiaires. Ils divisent l'once en 8 drachmes, la drachme en 3 scrupules, et le scrupule en 20 grains. Voyez DRACHME, SCRUPULE, etc.

Dans les poids avoir-du-poids la livre contient 16 onces, mais l'once est moindre d'un 1/12 que l'once de troye, cette dernière contenant 490 grains, et la première seulement 448.

L'once contient 16 drachmes ; 80 onces avoir-du-poids valent 73 onces de troye, et 17 livres de troye valent 14 livres avoir-du-poids. Voyez LIVRE.

C'est avec les poids avoir-du-poids qu'on pese le mercure, les épiceries, les métaux bas, la laine, le suif, le chanvre, les drogues, le pain, etc. Voyez AVOIR-DU-POIDS.

Table pour le poids de troye.

Table pour le poids aver du poids.

Les monnoyeurs et les jouailliers ont des poids particuliers ; pour peser l'or et pour les pierreries, ils se servent du karat et du grain ; et pour l'argent ils se servent de denier et de grain. Voyez KARAT, OR et ARGENT.

Les monnoyeurs ont encore une manière particulière de soudiviser le grain de troye.

Le grain en 20 pites ; la pite en 24 droits ; le droit en 20 périt ; le périt en 24 flans.

Les marchands de laine ont aussi leurs espèces de poids particulières ; le sac, le neigh, le tod, stone, etc. toutes mesures anglaises sans termes français. Voyez NEIGE et les proportions de ces poids à l'article précédent.

Poids employés en France. La livre commune à Paris est de 16 onces, et on la soudivise de deux manières différentes. Dans la première on fait de la livre 2 marcs, du marc 8 onces, de l'once 8 gros, du gros 3 deniers, du denier 24 grains ; le grain étant équivalent à un grain de froment. Dans la seconde division, la livre se partage en deux demi-livres, la demi-livre en deux quarterons, le quarteron en deux demi-quarterons, le demi-quarteron en deux onces, l'once en deux demi-onces.

On emploie la première division pour les marchandises de prix, la seconde pour celles de moindre valeur.

Mais la livre n'est pas la même par toute la France : à Lyon par exemple, la livre poids de ville, n'est que de quatorze onces ; en sorte que 100 livres de Lyon ne valent que 88 livres de Paris. D'ailleurs outre la livre poids de ville de Lyon, on en emploie une autre pour la soie, qui est de quinze onces : on appelle ce poids, poids de soie.

A Toulouse et dans tout le haut Languedoc, la livre qu'on nomme poids de table, n'est que de 13 1/2 onces du poids de Paris. A Marseille et dans toute la Provence, la livre est de 13 onces du poids de Paris. A Rouen, outre la livre commune de Paris, ils ont le poids de vicomté, qui est de demi-once six cinquiemes plus fort que le poids de marc.

Les poids dont on vient de parler à l'article de France et d'Angleterre, sont les mêmes que ceux dont on se sert dans la plus grande partie de l'Europe ; ce n'est guère que par des noms particuliers, ou par d'autres soudivisions qu'il peut y avoir quelque différence. Voyez LIVRE, GROS, DENIER, MARC, etc.

Chaque nation a cependant quelques sortes de poids particuliers. En Espagne, par exemple, il y a des arrobes qui contiennent 25 livres d'Espagne, ou un quart de quintal ; des quintaux machos qui sont de 150 livres, ou d'un quintal et demi ou de six arrobes ; des adarmes, qui sont la seizième partie d'une once. Et pour l'or, il y a le castillan ou la centième partie de la livre ; le tomin, qui est de 12 grains, ou d'un huitième de castillan. Tous ces poids sont les mêmes dans la nouvelle Espagne.

Dans le Portugal il y a aussi des arrobes qui sont de 32 arates de Lisbonne, c'est-à-dire de 32 livres. Savary parle aussi du faratelle qui est de 2 livres de Lisbonne, et du rottoli qui est de 12 livres ; à l'égard de l'or on se sert du chego qui est de 4 karats ; et ce sont les mêmes poids dans les lieux de l'Orient soumis aux Portugais.

En Italie, et particulièrement à Venise, on a le migliaro qui est de 3 mirres, la mirre qui est de 30 livres de Venise. Le saggir qui est la sixième partie d'une once. A Genèseon emploie deux sortes de poids, les grands poids pour la douanne, le poids de caisse pour les piastres et autres espèces, la cantasa ou quintal pour les marchandises grossières, la grande balance pour la soie crue, et la petite pour les marchandises plus précieuses.

En Sicîle on a le rottolo qui pese 32 livres et demi de Messine. Savary.

En Allemagne, en Flandre, en Hollande, dans les villes hanseatiques, en Suède, en Danemarck, en Pologne, etc. on a des schipponds qui sont à Anvers et à Hambourg de 300 livres, à Lubec de 320, et à Konisberg de 400 livres. En Suède le schippond de cuivre est de 320 livres, et le schippond ordinaire de 400 livres. A Riga et à Revel le schippond est de 400 livres, à Dantzic de 340, en Norvege de 300, et à Amsterdam le schippond est de 300 liv. et se divise en 20 lysponds, lesquels valent chacun 15 liv. Idem.

En Moscovie on compte les marchandises en gros par bercheroct ou berkeirtz, qui sont de 400 de leurs livres. Ils ont encore le poèt ou poède, qui est de 40 livres, c'est-à-dire 1/10 du bercheroct. Idem.

En Turquie, à Smirne, etc. on compte par batman ou battemant qui sont de six ocos ; l'occo est de 3 livres et 4/5 d'Angleterre. Ils ont un autre batman beaucoup moindre, qui consiste, ainsi que le premier, en 6 ocos ; mais ce sont des ocos qui ne pesent que 16 onces d'Angleterre ; 44 ocos de la première espèce font un quintal turc.

Au Caire, à Alexandrette, à Alep, et à Alexandrie on se sert de rotto, rotton, ou rotoli. Le rotoli au Caire et dans les autres lieux de l'Egypte, est de 144 drachmes, et pese un peu plus que la livre anglaise. A Alep il y a trois sortes de rotoli, le premier de 720 drachmes, vaut environ 7 livres d'Angleterre, et sert pour le coton, la noix de galle, et autres marchandises en gros ; le second de 624 drachmes, et sert pour la soie, excepté la blanche, pour laquelle on emploie le troisième rotoli, qui excède 600 drachmes.

A Seyde le rotto est de 600 drachmes.

Dans les autres ports du Levant que nous ne nommons pas ici, on se sert des mêmes poids, particulièrement de l'occo, ou ocqua, du rotoli ou rotto.

Afin de faire voir la proportion de ces différents poids entr'eux ; nous ajouterons une réduction des différentes livres dont on fait usage en Europe, et qui servent de règle fixe pour y rapporter tous les autres ; le calcul de ces poids a été fait avec beaucoup de soins par M. Ricard, et a été publié dans la nouvelle édition de son excellent traité de commerce, 1722.

Proportion des poids des principales villes de l'Europe, à ceux d'Amsterdam.

Cent livres d'Amsterdam valent

Poids des différents lieux des Indes orientales. Dans la Chine on emploie pour les marchandises en gros le pico, qui est de 100 catis ou cattis, quoique quelques auteurs le font de 126. Le cati se divise en 16 taels ou tales, chacun valant 1 1/3 d'once d'Angleterre, ou le poids d'un rial et 1/12, et se divisant en 10 mas ou masses, lesquelles masses valent chacune 10 condrins ; de sorte que le pico chinois monte à 137 livres anglaises avoir-du-poids, et que le cati pese 1 livre 8 onces ; le pico pour la soie est de 66 catis et 3/4 ; le batias, bakaise ou bars contient 300 catis.

Les Tonquinais se servent des mêmes poids et des mêmes mesures que les Chinois. Les Japonais n'ont qu'une sorte de poids qui est le catt ; mais il diffère du cati des Chinois, en ce qu'il contient 20 taels.

A Surate, à Agra, et dans les autres lieux de l'obéissance du Grand-Mogol, on se sert du man ou maund, qui sont de deux espèces ; le man royal ou poids de roi, et le man ordinaire. Le premier est employé à peser toutes les denrées communes, et contient 40 seerson ou serres équivalentes aux livres de Paris, quoique Tavernier prétende qu'elles soient moindres d'un septième. Le man commun qui sert à peser les marchandises, consiste pareillement en 40 serres, chaque serre valant 12 onces de Paris, ou les 3/4 des autres serres.

Le man peut être regardé comme le poids commun des Indes orientales, quoiqu'il change de nom ou plutôt de prononciation. A Cambaye on l'appelle mao, et dans les autres lieux mein et maun. Le seer est, à proprement parler, la livre indienne, et est d'un usage général ; on en peut dire autant du bahar, tael, et du cati ci-dessus mentionnés.

Les poids de Siam sont les pices qui contiennent deux schants ou catis. Quant au cati de Siam, il n'est que la moitié de celui du Japon, ce dernier contenant 20 taels, tandis que le premier n'en contient que 10 ; quelques auteurs font le cati chinois de 16 taels, et celui de Siam de 8.

Le tael contient 4 baats ou ticals, chacun d'environ une once de Paris ; le baat contient 4 selins ou mayons, le mayon 2 fouangs, le fouang 4 payes, la paye 2 clans, le sous-paye la moitié du fouang. Savary.

Il faut remarquer que ces noms conviennent également aux monnaies et aux poids, parce que l'or et l'argent dans ces pays-là se vendent aux poids comme les autres marchandises. Voyez MONNOIE.

Dans l'île de Java, et particulièrement à Bantam, on se sert du gansart qui pese à-peu-près 2 livres hollandaises. A Golconde, à Visapour et à Goa, on a la furatelle, qui est du poids de 1 livre et 14 onces d'Angleterre ; le mangalis ou mangelin qui sert à peser le diamant, les pierres précieuses, et dont le poids est à Goa de 5 grains, et à Golconde de 5 1/2 grains. On a aussi le rotolo valant 14 1/4 onces d'Angleterre, le metricol qui est la sixième partie d'une once, le vall pour les piastres et les ducats, et qui vaut la soixante-treizième partie d'un rial.

Dans la Perse on se sert de deux sortes de batmants ou mants, l'un appelé cahi ou cheray, qui est le poids du roi, et l'autre est appelé batman de Tauris, d'un nom des principales villes de Perse.

Le premier, suivant Tavernier, pese 13 livres 12 onces d'Angleterre, le second 6 3/4 livres. Suivant le chevalier Chardin le batman du roi est de 13 livres 14 onces, et le batman de Tauris de 6 1/2 livres : on les divise en vatel, qui en font la seizième partie ; en derhem ou drachme, qui sont la cinquantième partie ; en meschal moitié du derhem ; en dung, qui est la sixième partie d'un meschal, et qui équivaut à 6 grains de carat, et enfin en grain, qui est la quatrième partie du dung. Il y a aussi le vakié, qui excède un peu l'once d'Angleterre, le sahcheray valant la 1170e partie du derhem, et le toman qu'on emploie pour faire de grands payements sans parler ; son poids est celui de 50 abassis. Savary. Voyez TOMAN.

Poids d'Afrique et d'Amérique. Nous avons peu de chose à dire des poids qu'on emploie en Amérique, parce que dans les différentes colonies qui y sont établies on emploie les mêmes poids que ceux des pays de l'Europe auxquels elles sont soumises. Quant à la roue du Pérou, qui est de 27 livres, c'est évidemment le même poids que l'arrobe espagnol, dont le nom a été un peu altéré.

Quant à l'Afrique, il y a peu d'endroits où l'on se serve de poids, excepté en Egypte et dans les côtes de l'Afrique, dont les poids ont été comptés parmi ceux des ports du Levant, etc.

Sur les côtes qui sont par-delà le Cap-verd, comme la Guinée, le Congo, à Stofala, Mozambique, il n'y a pas de poids particuliers ; mais les Anglais, les Français, les Hollandais, les Portugais y ont introduit leurs poids, chacun dans leur établissement.

Dans l'île de Madagascar il y a des poids particuliers, mais aucun de ces poids n'excède une drachme, ils ne servent qu'à peser l'or et l'argent, car ils ne pesent jamais les autres choses ; le gros s'y nomme sompi, le demi-gros vari, le scrupule ou denier sacare, le demi-scrupule ou obole nanqui, les six grains nangue ou nanque ; pour le grain il n'a point de nom propre. On trouvera dans ce Dictionnaire tous les noms de ces différents poids expliqués, et leur évaluation avec les poids de France ou d'Angleterre. Voyez chaque nom de poids sous son titre particulier.

POIDS, BON POIDS, (Commerce) on appelle bon poids en Hollande, et particulièrement à Amsterdam, un excédent de poids que le vendeur accorde à l'acheteur par gratification.

Cet excédent est de deux sortes ; l'un qui est établi depuis longtemps et qu'on paye toujours sans contestation ; l'autre qui est nouveau, et qui cause souvent des disputes. La déduction pour le bon poids anciennement établie, Ve pour l'ordinaire à un pour cent, et au plus à deux, suivant la nature des marchandises. On peut consulter sur cette matière la table qu'en a donnée le sieur Ricard dans son traité du négoce d'Amsterdam, imprimé en 1722. Quant au nouvel excédent de bon poids, c'est aux acheteurs à le solliciter et à l'obtenir, et aux vendeurs à se défendre de l'accorder. Dictionnaire de commerce.

POIDS DU ROI ou POIDS-LE-ROI, c'est en France une balance publique établie dans la douanne de Paris, pour peser toutes les marchandises qui y arrivent, et qui sont contenues dans les tarifs dressés à cet effet.

L'établissement du poids-le-roi à Paris est d'une grande antiquité, et l'on en trouve des traces dès avant le temps de Louis VII. Jusqu'au règne de ce prince, il avait été du domaine royal, mais en 1069 il fut aliéné à des particuliers à la charge néanmoins de la foi et hommage. Il parait qu'en 1238 les droits du poids-le-roi étaient retournés au domaine, ce qui dura plus d'un siècle ; après quoi ayant été de nouveau aliéné, une partie passa au chapitre de Paris en 1384, ce corps en acquit l'autre moitié en 1417, et il en a été depuis en possession jusqu'en 1693 qu'il fut de nouveau réuni au domaine.

Sauval remarque que pendant très-longtemps les poids dont on se servait pour peser les marchandises au poids-le-roi n'étaient que des cailloux d'où l'aide du peseur était appelé lieve-caillou, ce qui lui fait conjecturer qu'alors les étalons n'étaient eux-mêmes que de pierre, ce que paraissent autoriser les poids de quelques cantons et villes d'Allemagne, qui conservent encore le nom de pierre. Voyez PIERRE.

Le droit de poids-le-roi dont il est tenu registre par les commis du poids, est de deux sortes ; l'un qui est de 10 sols 5 deniers par cent pesant, et du plus ou du moins par proportion jusqu'à une livre, se paye sur toutes les drogueries et épiceries ; et l'autre qui n'est que de 3 sols aussi le cent pesant, et du plus ou du moins sur toutes les autres marchandises communes d'œuvre-de-poids, comme parlent les ordonnances. Voyez OEUVRE-DE-POIDS.

Amsterdam a aussi ses poids publics, dont l'un est établi dans la place du Dam devant l'hôtel de ville, où il y a sept balances pour peser les grosses marchandises, comme sucres, prunes, fanons, laines, etc. et une pour peser les marchandises fines, telles que les soies, la cochenille, l'indigo, etc. un second poids public établi dans le marché-neuf a cinq balances, et un troisième dans le marché au beurre en a seulement quatre.

On ne s'y sert que du poids de marc. Depuis une livre jusqu'à 25 livres le droit du poids est comme de 25 livres ; depuis 25 livres jusqu'à 50 livres comme de 50, depuis 50 jusqu'à 75 comme de 75, et depuis 75 jusqu'à 100 comme de 100. On peut voir dans le traité du négoce d'Amsterdam de Jean-Pierre Ricard, un tarif des droits du poids de toutes les marchandises qui y sont sujettes, et quelques tarifs particuliers pour quelques espèces de marchandises, entre autres les fromages, beurres, syrops. Ces droits, dont partie appartient à la ville et partie à la province, sont régis par des fermiers qu'on renouvelle de trois ans en trois ans. Ils ont sous eux des peseurs qui ne font que mettre les marchandises dans les balances et estimer le poids, et auxquels il est défendu de toucher les cordes desdites balances pour les faire pancher à leur gré. Toute marchandise qui se vend au poids est sujette au droit de ce poids, aucun marchand ne pouvant avoir chez soi de grandes balances sans une permission du fermier, pour laquelle on paye 20, 30, jusqu'à 50 florins plus ou moins, sans préjudice des droits dû. pour le poids public. Quand ils veulent en vendre, ils sont obligés de les faire transporter à quelqu'une des places dont nous avons parlé, ou bien les peseurs publics les pesent devant leur porte à l'aide d'une machine qu'on nomme prikel, ce qui ne coute que 3 florins 3 sols pour le droit du bureau, et 6 à 8 s. pour le port de la machine. Voyez PRIKEL.

En Angleterre, les droits de poids-le-roi sont de 5 sols sterlings pour une pesée d'un millier, et de 2 sols pour une pesée de deux cent, et dont les François paient deux tiers plus que les Anglais.

Dans les anciennes archives d'Angleterre, poids, pondus, signifie un droit que l'on paye au roi, suivant le poids des marchandises. Voyez PONDAGE.

Poids du roi, pondus regis, c'est le nom qu'on donne en Angleterre, à ce qu'on appelle ailleurs étalon, c'est-à-dire à un poids original qui était anciennement réglé par le roi ; ce poids est de 12 onces à la livre. Voyez POIDS et ETALON. Savary, Dict. de commerce, et Chambers.

POIDS, (Commerce) considérés par rapport à leur matière, sont ou de cuivre, ou de fer, ou de plomb, et il y en a d'autres qu'on appelle cloches.

Les poids de cuivre ou de marc sont des poids de cuivre qui viennent pour la plupart de Nuremberg, et qui étant subdivisés et emboités l'un dans l'autre, servent, en les séparant, à peser les marchandises les plus précieuses ; on les appelle poids de marc, parce que tous ensemble, la boite comprise, ils pesent juste huit onces ou le marc. Voyez MARC.

Les poids de fer sont ordinairement carrés, et ont un anneau aussi de fer pour les prendre plus commodément, surtout ceux dont la pesanteur est considérable. On les fabrique dans les forges à fer. Il y en a depuis un quarteron jusqu'à cent livres : on s'en sert pour peser les marchandises les plus pesantes et du plus grand volume.

Les poids de plomb servent au contraire à peser les marchandises les plus legeres, ou celles qui sont en plus petite quantité.

Les poids qu'on appelle cloches de la figure qu'ils ont approchante de celle d'une cloche, sont pleins et massifs. Ils se font par les fondeurs, et s'achevent par les balanciers qui ajustent aussi tous les autres, on les étalonne sur ceux de la cour des monnaies. Voyez ÉTALON.

L'ordonnance du mois de Mars 1673 enjoint à tous négociants et marchands, tant en gros qu'en détail, d'avoir chacun à leur égard des poids étalonnés, et leur fait défenses de s'en servir d'autres, à peine de faux et de 150 livres d'amende. Dictionnaire de commerce.

POIDS DORMANT, (Commerce) on appelle ainsi en Flandre et dans le reste des pays conquis le poids ou marc, matrice et étalon que l'on garde dans la monnaie de Lille. Il fut réformé sous le règne de Louis XIV. en 1686, et a depuis pour marque une L à la place du soleil et de la fleur de lys qu'il avait auparavant. Voyez MARC et ÉTALON. Dict. de commerce, tome III. p. 904.

POIDS ETALONNE, est un poids qui a été marqué par les officiers de la cour des monnaies, après avoir été vérifié et pesé sur le poids matrice ou original, qui se garde dans le cabinet de cette cour. L'étalonnage se fait avec un poinçon d'acier. Voyez ÉTALON, ÉTALONNAGE. Dictionnaire de commerce, tome III. p. 903.

POIDS DE MARC, (Commerce) poids de huit onces ; c'est par cette raison qu'à Paris et dans toutes les villes de l'Europe, quand on parle d'une livre poids de marc, on l'entend toujours d'une livre de seize onces ou de deux marcs. En Hollande, particulièrement à Amsterdam, le poids de marc se nomme poids de Troie.

POIDS, (Docimastique) 1°. Un essayeur bien occupé de son art, a besoin d'autant d'espèces de poids qu'un artiste est obligé d'en avoir pour peser les mines qu'il travaille en grand, autrement il serait exposé à des erreurs et perdre son temps à calculer pour réduire ses poids. Il est des occasions où ils no sont pas tous nécessaires, parce que les quantités communes de quelques-uns d'entr'eux facilitent leur réduction ou comparaison. La différence qu'il y a entre les poids ordinaires ou réels, et ceux des essais fictifs, imaginaires ou représentants, c'est que ceux-ci sont mille fois plus petits que les poids réels, devant servir à peser de très-petites quantités de métaux ou de mines dont on veut avoir l'essai. Ces poids en petit se divisent en autant de parties de même nom que les poids réels employés dans les travaux en grand.

Comme les noms et les soudivisions de ces sortes de poids varient selon les différents pays, nous ne nous amuserons pas à entrer dans le détail immense où cette matière nous jetterait. Nous ne parlerons seulement que des espèces les plus ordinaires. Ceux qui en souhaiteront davantage pourront examiner les poids en usage dans les différents pays, et les comparer avec ceux qui leur sont connus. On trouve dans les traités des monnaies et dans plusieurs ouvrages d'arithmétique leurs noms et leurs proportions.

2°. Le poids le plus commun dans les fonderies, où les métallurgistes tirent les métaux des minerais et des terres métalliques, est le quintal. On le divise en cent parties égales, quelquefois en cent dix, et même en un plus grand nombre, qu'on appelle des livres, en allemand pfund. La livre se divise en trente-deux parties nommées demi-onces, loth ; le loth ou demi-once en deux siciliques, et le sicilique en deux demi-siciliques ou drachmes, quintlein. On ne se sert pas de poids plus petits que ceux-ci, excepté pourtant que les essayeurs divisent encore le demi-sicilique en deux, parce qu'on est quelquefois obligé d'avoir égard à ces sortes de minuties. Mais pour peser toutes les parties dont nous venons de parler, outre un poids de cent livres, il faut encore avoir tous ceux qui sont nécessaires pour les différentes portions de ce quintal. Peu importe qu'on fasse usage d'un quintal de plus de cent livres, la division est toujours la même. On doit donc avoir,

3°. Voici quelles sont les divisions et les noms des poids employés par les Métallurgistes et les Essayeurs, avec cette différence que le quintal de métallurgistes, ou celui dont on se sert dans la société pese 100 livres réelles ou plus, (§. précédent), et que celui des essayeurs ne pese qu'un gros ou demi-sicilique, en sorte qu'il n'est tout-au-plus que 1/12800 du quintal ordinaire ou réel.

4°. Comme les derniers des poids fictifs ou d'essais sont très-petits (§. précédent), et conséquemment très-sujets à se perdre ; et que l'on ne trouve pas par-tout des ouvriers capables de les réparer, un essayeur doit les savoir faire lui-même : c'est ce dont je vais parler.

5°. Ces sortes de poids (§. 2.) se font de lames d'argent carrées assez étendues pour recevoir la marque de leur poids. On commence par le poids de 64 livres, qui est environ les deux tiers du gros réel, et on lui imprime la marque qui lui convient ; celui-ci sert à régler tous les autres. On met ce poids (soixante-quatre livres) dans la balance d'essai garnie de ses bassins ; et du côté opposé de la grenaille de plomb très-menue, ou du sable fin bien lavé, séché, et passé à-travers un tamis serré jusqu'à ce qu'on en ait l'équilibre, on ôte ensuite le poids et on partage également la grenaille ou le sable : on vide l'un des bassins, se gardant bien d'y rien laisser de la grenaille : on met à la place un poids qui n'est que la moitié du précédent ; on le marque 32 livres : on peut l'avoir préalablement ébauché dans une balance moins délicate. Si ce second poids surpasse de beaucoup la pesanteur de la grenaille, on lui ôte son excédent avec une lime fine ; mais si cet excès est peu de chose, on se sert d'une pierre fine à aiguiser, sur laquelle on le frotte jusqu'à ce qu'on l'ait rendu capable de faire un équilibre parfait avec la grenaille, observant de le lui comparer de temps en temps. On change pour-lors les bassins pour voir si on n'est point tombé dans l'erreur, ou si la balance n'a point de défauts.

L'on continue la même manœuvre par tous les autres poids jusqu'à celui d'une livre. Quant à celui du quintal, on met ensemble, pour le régler, ceux de soixante-quatre, de trente-deux et de quatre livres, et on le marque. La division des demi-onces se fait aisément en prenant toujours leur moitié, ainsi qu'il suit. Le poids d'une livre étant une fois bien réglé, l'on mettra en équilibre avec lui un fil d'argent très-drait, recuit au feu, et parfaitement cylindrique. On le divisera en deux parties égales, à l'aide d'un rapporteur et d'un coin bien tranchant, chaque moitié sera un poids de demi-livre, ou de seize demi-onces. Si l'on en divise une en deux, chaque nouvelle division sera un poids de huit demi-onces ou loths, et ainsi de suite jusqu'au gros, voyez la table du §. 2. On se servira des segments de ce cylindre pour ajuster les petites lames d'argent sur lesquelles on aura empreint le caractère des demi-onces.

Il n'est pas nécessaire d'avoir des divisions de poids au-delà d'une demi-once ; car les drachmes sont déjà de très-petits segments du fil d'argent que l'on est obligé d'aplatir légèrement, et de courber pour avoir l'aisance de les prendre. On se sert de points pour marquer le nombre des drachmes, ou bien l'on se contente de reconnaître leur poids au rang qu'ils occupent et à leur grandeur. On a aussi une quantité de poids assez considérable pour faire aisément toutes les parties du quintal.

6°. On a souvent besoin d'un quintal qui pese plus d'un gros réel : on peut facilement en faire un, selon les règles que nous avons prescrites au §. précédent, de tel poids que l'on voudra. Il est cependant à propos qu'il soit en proportion avec le petit quintal fictif, comme, par exemple, qu'il lui soit comme deux ou quatre sont à un, parce qu'alors le plus petit peut en faire partie avec toutes ses divisions.

7°. On vérifie les poids neufs, ou l'on s'assure si les vieux n'ont contracté aucun défaut par l'usage en comparant les grandes quantités aux petites ; comme, par exemple, le quintal avec les poids de soixante-quatre, trente-deux et quatre livres ; celui de soixante-quatre livres avec celui de trente-deux, et deux autres de seize livres, et ainsi des autres. Il est à propos d'avoir deux poids pour chaque division du quintal ; et l'on doit goûter cet avis que, comme l'on a beaucoup de peine et d'ennui à ajuster la grenaille, il n'en coute presque pas davantage pour faire deux poids semblables que pour un seul.

8°. Ces poids, §. 5 et 6, seront tenus renfermés dans une petite boite plate, munie d'une fermeture, et divisée en petits cassetins garnis de cuir ou de drap ; chacun aura son rang marqué, afin qu'on puisse l'avoir sous sa main. On se gardera bien d'en mettre deux ensemble, car le frottement ne manquerait pas de leur faire perdre leur justesse.

Quelques artistes ont coutume de faire leurs poids, §. 5, en commençant par le plus petit, et d'aller ainsi en le multipliant jusqu'au quintal. Mais il arrive qu'ils multiplient aussi en même temps l'erreur qu'ils peuvent avoir commise dès le premier, quoique peu sensible, et qu'ils perdent ainsi toutes leurs peines : d'autres au contraire commencent par le plus grand, et éprouvent beaucoup de difficultés pour trouver les petits ; car en partageant toujours par moitié, on ne passe guère aisément le poids de vingt-cinq livres. C'est la raison pour laquelle on doit commencer par soixante-quatre livres, et ne faire point de poids de cinquante livres ni de vingt-cinq, Ve qu'on les peut composer de l'assemblage des autres.

9°. Le quintal réel diffère en plusieurs endroits. Souvent il contient plus de cent livres, et Ve même jusqu'à cent dix et au-delà. Lors donc qu'un essayeur sera obligé de faire un essai de quelque matière dont le poids soit en proportion avec celui du quintal réel, il ajoutera au quintal représentant autant de livres que le quintal réel en contient en sus.

10°. On se sert d'un poids de marc ou de demi-livre pour les essais d'or et d'argent ; et pour connaître le titre des monnaies d'argent allié au cuivre ou à quelqu'autre métal. On le divise en seize demi-onces ou loths, chaque loth en quatre demi-siciliques, quintlein ; le demi-sicilique en quatre deniers, pfenning ; et le denier en deux mailles, heller. On donne à cette suite représentant le marc le nom de poids-de-semelle, pfenning-gewicht.

11°. Le poids de marc du §. précédent n'est pas absolument nécessaire, parce qu'on peut se servir à sa place du quintal d'essai (§. 2. et 5.), en prenant le poids de seize livres de celui-ci pour les seize demi-onces du poids de semelle, qui y est représenté dans toutes ses parties. Chaque livre du quintal fictif répondra donc à une demi-once du poids de marc représentant : huit demi-onces à un demi-sicilique : deux demi-onces à un denier, et une demi-once à une maille.

12°. Si l'on veut avoir un poids de marc fictif pour allier le cuivre à l'argent, on le divise ainsi que le précédent en seize loths. Mais chaque loth est sousdivisé en dix-huit grains, et selon Georges Agricola en quatre siciliques ; chaque grain en quatre parties. Le plus fort poids de cette suite est donc le marc, lequel peut, comme celui du §. précédent, être représenté par celui de seize livres du quintal d'essai, auquel cas la livre de celui-ci vaudra un loth de celui-là.

Le second poids de ce marc est petit, c'est-à-dire, le plus fort après le premier sera de huit loths ; le troisième, de quatre ; le quatrième, de deux ; le cinquième, d'un seul ou de dix-huit grains ; le sixième, d'un demi-loth ou de neuf grains. On peut encore substituer à ce dernier la demi-livre du quintal fictif. Quant à la division des grains du poids en question, on aura recours aux mêmes expédiens que pour les demi-onces du quintal en petit, c'est-à-dire, au cylindre d'argent (§. 5.). Son septième poids sera donc de six grains ; le huitième, de trois ; le neuvième, de deux ; le dixième, d'un seul ; l'onzième, d'un demi ; et le douzième enfin, d'un quart de grain. Ces grains auront des causes particulières, de peur qu'on ne les confonde avec les demi-onces du quintal imaginaire.

Au reste, s'il prenait fantaisie à quelque artiste de se faire un poids particulier en suivant notre division, nous n'avons pas d'autres avis à lui donner que ceux que nous avons exposés au §. 5. et suivants ; excepté pourtant que son principal poids de marc ne doit être tout-au-plus que de l'équivalent de celui de seize livres du quintal d'essai, comme nous l'avons dit aussi. Il est arbitraire à-la-vérité de choisir tel poids absolu qu'on voudra, pour lui donner les divisions reçues : mais aussi un poids trop considérable est contraire aux vues de l'art, puisqu'il ne s'occupe que de travaux en petit et non en grand. On fait principalement usage en Allemagne des deux poids de marc du §. 5. et de celui-ci.

13°. Dans la Flandre, au lieu des poids exposés aux §. 10. et 12. on se sert d'un poids de semelle que l'on divise idéalement en douze deniers, chacun desquels est sous-divisé en vingt-quatre grains. Ces douze deniers pesent un demi-gros réel ; c'est donc le poids que l'on donne au premier de la suite. Le second est de six deniers ; le troisième, de trois ; le quatrième, de deux ; le cinquième, d'un seul ; le sixième, de douze grains ; le septième, de six ; le huitième, de trois ; le neuvième, de deux ; et le dixième, d'un seul. On néglige les autres divisions.

14°. Quant à l'alliage de l'or par l'argent et le cuivre, on y fait usage d'un poids de semelle (carath-gewicht), que l'on divise idéalement en vingt-quatre karats (carath). Chaque karat se divise aussi imaginairement en douze grains ; le premier poids de la suite pese donc, ainsi qu'il convient, vingt-quatre karats ; le second, douze ; le troisième, six ; le quatrième, trois ; le cinquième, deux ; le sixième, un seul ; le septième, un demi ou six grains ; le huitième, trois ; le neuvième, deux ; le dixième, un grain.

Il y a encore un grand nombre d'espèces de poids, différentes de celles dont nous venons de parler §. 1. et suivants. Mais toute l'étendue dont cette matière est susceptible n'est point de notre plan. On peut consulter à ce sujet le septième livre de la métallique de Georges Agricola ; Docimastiq. de Crammer. (D.J.)

POIDS, (Pharmacie). Les Apothicaires se servaient autrefois de la livre de Médecine, qui était composée de douze onces, chacune moindre d'un sixième que l'once poids de marc usité à Paris. Car cette once de Médecine était composée de huit gros ou dragmes qui n'étaient chacune que de soixante grains, au lieu que le gros poids de marc contient soixante-douze des mêmes grains.

Aujourd'hui les Apothicaires ne se servent plus en France et dans presque tous les pays de l'Europe, que de la livre civîle ou marchande usitée dans chaque pays ; et lorsque quelques auteurs désignent une quantité de quelque remède par la livre de Médecine, ils ont soin d'ajouter l'épithète medica au mot libra. Reste donc à savoir seulement quelle est la livre usitée en chaque pays. Voyez LIVRE, Commerce.

La livre se désigne ainsi dans les formules de Médecine par ce caractère ; l'once, par celui-ci ; le gros, par celui-ci ; le tiers du gros, que les Médecins appellent scrupule, par celui-ci ; et enfin le grain, par les lettres initiales gr. (b)

POIDS, terme de Monnaie, c'est l'épreuve de la bonté des espèces de monnaie.

Ces poids sont ordinairement de cuivre, de plomb ou de fer ; dans quelques endroits des Indes orientales, ils ne sont que de pierre : mais comme la sûreté et la bonne foi du commerce, dépendent en partie de la fidélité et de la justesse des poids, il n'y a guère de nation, pour peu qu'elle soit policée, qui n'ait pris des précautions pour en empêcher la falsification. La plus sure de ces précautions est ce qu'on appelle communément l'étalonnage, c'est-à-dire, la vérification et la marque des poids, par des officiers publics sur un poids matrice et original, qu'on appelle étalon, déposé dans un lieu sur, pour y avoir recours quand on en a besoin. Cet usage est de la première antiquité. En Angleterre, l'étalon est gardé à l'échiquier ; et tous les poids de ce pays-là sont étalonnés sur ce pied original, conformément à la grande charte. En France, le poids-étalon se garde dans le cabinet de la cour des monnaies. (D.J.)

POIDS ORIGINAUX, (Monnaie) ce sont des poids de cuivre avec leurs boites de même métal, assez proprement travaillés, et que le roi Jean qui régnait en 1350 fit faire. On les a mis en dépôt à la cour des monnaies à Paris, et on s'en sert en cas de nécessité pour régler tous les autres poids. (D.J.)

POIDS, clous au, (Clouterie). Les clous au poids, dans le négoce de Clouterie, sont plus forts que les broquettes, et commencent où elles finissent ; ils vont depuis deux livres jusqu'à quarante livres au millier. Ils s'achetent presque tous à la somme, composée de douze milliers ; dans le détail on les vend ou à la livre, ou au compte. (D.J.)

POIDS DU SANCTUAIRE, (Théologie) expression fort usitée dans l'Ecriture. Moïse parle souvent du poids du sanctuaire, lorsqu'il est question de marquer un poids juste, public et sur.

Plusieurs savants ont prétendu que ce poids du sanctuaire était plus fort que le poids ordinaire. D'autres au contraire ont donné un plus grand poids au poids commun qu'au poids du sanctuaire. Ils sont encore partagés sur la valeur et sur le poids de ces deux sicles, et sur la distinction qu'il y a à faire entre le sicle du sanctuaire et le sicle public, ou le sicle du roi ou le sicle commun. Voyez SICLE.

Les uns craient que le poids du sanctuaire et le poids du roi sont mis par opposition au poids des peuples étrangers comme les Egyptiens, les Chananéens, les Syriens. D'autres veulent que le poids du roi signifie le poids babylonien, et que par le poids du sanctuaire il faut entendre le poids des Juifs.

Les meilleurs critiques soutiennent que la distinction du poids du sanctuaire et du poids public est chimérique ; que toute la différence qu'il y a entre ces deux poids est celle qui se trouve entre les étalons qui se conservent dans un temple ou dans une maison de ville, et les poids étalonnés dont se servent les marchands et les bourgeois. On voit par les Paralipom. liv. I. c. xxij. Ve 29. qu'il y avait un prêtre dans le temple qui avait soin des poids et des mesures : super omne pondus et mensuram. Et Moïse ordonne, Levitic. xxvij. 25. que toutes choses estimables à prix d'argent seront estimées sur le pied du poids du sanctuaire. D'ailleurs il ne marque point de différence entre ce poids et le poids public. Ni Josephe, ni Philon, ni saint Jérôme, ni aucun ancien ne marquent cette distinction prétendue du poids du temple et du poids du peuple.

Au reste la coutume de conserver les étalons des poids et des mesures dans les temples n'était pas particulière aux Hébreux. Les Egyptiens, au rapport de saint Clément d'Alexandrie, avaient dans le collège de leurs prêtres un officier dont la fonction était de reconnaître toutes les mesures, et d'en conserver les mesures originales. Les Romains avaient la même coutume. Fannius, parlant de l'amphore, dit :

Amphora fit cubitis, quam ne violare liceret,

Sacravêre Jovi Tarpeïo in monte Quirites.

Et Justinien, par sa novelle CXXVIII. c. XVe ordonna que l'on garderait les poids et les mesures dans les églises des Chrétiens. Calmet, Dict. de la Bibl. tom. III. pag. 240.

Poids du sanctuaire se prend aussi, dans un sens figuré et moral, pour un jugement exact et rigoureux. Peser ses actions au poids du sanctuaire, c'est examiner scrupuleusement si elles sont conformes à la loi, sans les flatter, ou se déguiser ce qu'elles peuvent avoir de vicieux.

POIDS, (Critique sacrée) dans la vulgate pondus, onus ; ce mot se prend au figuré pour la grandeur des choses ; cette grandeur, en parlant du bonheur à venir, est opposée à la légèreté des afflictions de cette vie, dans la II. aux Corinthiens, iv. 17. Les Hellénistes se servent de ce mot pour marquer la force, la puissance, le nombre. Une pesante troupe, ; I. Macch. j. 18. c'est une puissante armée. Ailleurs, je louerai Dieu parmi un grand peuple ; Psaumes xxxv. XVIIIe et Psaumes xxxiv. selon les septante : il y a dans l'original un peuple pesant, ; voyez PESANT.

Poids veut dire aussi travail, fatigue ; Matt. xx. 12. nous avons supporté toute la fatigue du jour, portavimus pondus diei, . 3°. Ce mot désigne une charge, une commission pénible : pourquoi soutiens-je seul la charge de tout le peuple ? pondus universi populi. 4°. Il signifie punition, châtiment : j'étendrai sur Jérusalem la punition de la maison d'Achab ; IV. des Rais, xxj. 13. pondus domus Achab. 5°. Il marque aussi la proportion des peines : je vous jugerai dans un rapport juste entre la peine et la faute, ponam in pondere judicium ; Isaïe, xxviij. 17. (D.J.)