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Catégorie parente: Science
Catégorie : Invention
S. m. (Invention de Mécanique) canal ou conduit qui sert à faire entrer l'air, le vent, l'eau, et autres choses liquides dans quelques endroits, ou à les faire sortir. On fait des tuyaux d'étain, de plomb, de laiton, pour monter les orgues ; ces derniers sont en manière de caisses carrées, les autres sont ronds.

Les tuyaux pour la conduite et décharge des eaux et pour les machines hydrauliques, se font ordinairement de fer fondu, de plomb, de terre, et de bois. On emploie communément pour ceux-ci du bois de chêne ou d'aulne. Les tuyaux de fer se fondent dans les fonderies et forges de fer ; leur diamètre est suivant la volonté de celui qui les ordonne, leur épaisseur proportionnée à leur diamètre, et leur longueur comme de deux pieds et demi à trois pieds ; on les joint les uns aux autres par le moyen de quatre vis et de quatre écrous à chaque bout, en mettant entre deux pour étancher l'eau, du cuir ou du feutre d'un vieux chapeau.

Les tuyaux de terre se font par les potiers de terre ; ils s'emboitent les uns dans les autres, ayant tous un bout plus large que l'autre. Pour les mieux unir et empêcher l'eau de s'échapper, on les couvre de mastic et de poix avec des étoupes ou de la filasse. Ils portent à-peu-près la même longueur que ceux de fer ; le diamètre est à discrétion, l'épaisseur suivant le diamètre.

Les tuyaux de bois se percent par des charpentiers-fontainiers, avec de grandes tarières de fer de différentes grosseurs et figures qui se succedent les unes aux autres ; les premières sont pointues et en forme de pique, comme les amorçoirs des charpentiers ; les autres ont une forme de cuiller par le bout, bien acérée et bien tranchante, et augmentent de diamètre depuis un pouce jusqu'à six pouces et plus ; toutes se tournent avec une forte pièce de bois semblable aux bois d'une tarière ordinaire ; ces tuyaux s'emboitent les uns dans les autres ; ils se vendent à la taise.

L'on fait de deux sortes de tuyaux de plomb, les uns soudés et les autres sans soudure. Lorsque chaque table de plomb a été fondue de largeur, épaisseur et longueur convenables à l'usage qu'on en veut faire, et qu'elles ont été bien débordées, on les arrondit sur des rondins de bois avec des bourseaux et des maillets plats ; ces rondins sont des rouleaux de grosseur et longueur à discrétion, qui servent comme d'ame et de noyau aux tuyaux, et que l'on en tire lorsque l'ouvrage est arrondi. Les deux bords bien revenus l'un contre l'autre et se joignant parfaitement, on les gratte avec un grattoir, et ayant frotté de poix-résine ce qu'on a gratté, on y jette dessus la soudure fondue dans une cuiller, que l'on aplatit avec le fer à souder, et que l'on rape avec la rape, s'il est nécessaire. Pour les petits tuyaux où la soudure ne s'emploie pas fort épaisse, on la fait fondre avec le fer à souder à mesure qu'on l'applique ; s'il y a des endroits où l'on ne veut pas que la soudure s'attache, on les blanchit de craie.

Comme il y a des tuyaux d'un si grand diamètre et d'une épaisseur si considérable, qu'il serait difficîle de les souder sans les chauffer en - dedans ; les Plombiers ont pour cela des polastres, c'est-à-dire des espèces de poêles carrées, faites de cuivre fort mince, de deux ou trois pieds de long sur quatre ou cinq de large et autant de haut, dont le fond est en rond. Ces poêles s'emplissent de braise, et avec un long manche de bois qu'elles ont à un bout, se coulent dans la cavité du tuyau, et s'arrêtent aux endroits que l'on veut chauffer pour les souder.

Il se fait aussi des tuyaux de cuivre par les fondeurs en sable et en terre ; ils servent particulièrement aux corps des pompes pour l'élévation des eaux, et aux endroits des conduites où il y a des regards, et où l'on pose des robinets. (D.J.)

TUYAU AÉRIQUE, (Histoire des invent. modernes) plusieurs expériences réitérées ont prouvé que de longs tuyaux aériques, conduits à-travers les voutes ou plafonds des prisons, et hors de leurs toits, pour en faire continuellement sortir les mauvaises vapeurs qui s'exhalent des prisonniers, en empêchent effectivement la putréfaction, qui sans cela ne manquerait pas d'avoir lieu, et même souvent de devenir contagieuse. C'est par cet heureux moyen qu'on a conservé à Londres la vie à quantité de prisonniers français, et que l'on a sauvé de même un grand nombre de prisonniers anglais en France ; et je ne doute pas que si cette méthode facîle et peu couteuse, était employée dans toutes les prisons d'Angleterre, on ne conservât la vie à une infinité de prisonniers, et que l'on ne prévint par-là l'infection qu'ils apportent avec eux, lorsqu'ils comparaissent aux assises pour y être jugés annuellement, et qui ont souvent été fatales à leurs juges et aux assistants ; les habitants mêmes des villes où il y a des prisons, seraient par ce moyen à l'abri de la contagion qui en pourrait provenir.

On a d'ailleurs éprouvé l'utilité de ces tuyaux à l'égard des hôpitaux et des maisons de charité, où ils ont servi à augmenter le nombre des convalescens et à en accélérer la guérison, avantage non seulement considérable pour les malades, mais encore pour le public, puisque de cette manière un plus grand nombre de personnes peut y être admis, parce que la convalescence de ceux qui occupent les places y est plus prompte : c'est-là, ce me semble, pratiquer efficacement le précepte du Sauveur, qui ordonne d'avoir soin des malades et des prisonniers.

On a encore étendu l'usage de ces mêmes tuyaux jusqu'aux appartements qui sont ordinairement remplis de monde, les salles d'assemblée, les maisons des spectacles, etc. en faisant évaporer par leur moyen, le mauvais air que l'on y respire, et en y introduisant sans-cesse un air plus pur et plus frais ; le même succès s'est aussi fait sentir dans les fonderies des métaux, dont les exhalaisons sont si nuisibles.

L'ingénieux M. Yeoman est le premier qui en ait fait l'essai à la chambre des communes, et il a donné à ces tuyaux neuf pouces de diamètre ; mais il n'en a donné que six à ceux qu'il a placés au-dessus de la prison du banc du roi dans Westminster-Hall : on les fait quelquefois plus larges et quelquefois plus étroits ; mais plus ils ont de largeur, et plus doivent-ils être longs pour faire sortir d'autant plus promptement les exhalaisons corrompues qui s'y élèvent.

On a remarqué qu'en tenant au-dessus d'un tuyau placé sur la chambre des communes, l'un des bassins d'une balance, lequel n'avait que deux pouces de diamètre, la force de l'air qui en sortait le faisait élever de quatre grains au-dessus de son équilibre, lorsqu'il n'y avait personne dans cette chambre ; mais quand il y avait beaucoup de monde, ce bassin s'élevait de plus de douze grains au-dessus de son équilibre, et toujours davantage à proportion du nombre de gens qui s'y trouvaient. Il parait par-là combien ces tuyaux sont rafraichissants et salutaires, puisqu'ils ne cessent d'emporter les vapeurs continuelles qui s'exhalent d'un grand nombre de corps différents et resserrés ; ces exhalaisons se montant pour chaque homme en Angleterre au poids de 36 onces en vingt - quatre heures, selon l'estimation qu'en a faite le docteur Keill de Northampton.

M. Yeoman a fait l'épreuve de ces tuyaux dans plusieurs hôpitaux, maisons de correction, prisons, et lieux d'assemblées publiques, et il a trouvé qu'on en a retiré de très-grands soulagements ; c'est pour en rendre témoignage, et pour l'intérêt du public, que je crois devoir transcrire ces divers faits du Journal encyclopédique, Février 1761. (D.J.)

TUYAUX, (Hydraulique) les tuyaux sont des canaux ou conduites qui peuvent seuls servir aux eaux forcées et les conduire où l'on en a besoin ; ils se font ordinairement de fer fondu, de plomb, de terre, de bois, et de cuivre.

Les tuyaux de fer se fondent dans les fonderies et forges de fer ; il y en a à manchons et à brides, ces derniers sont les meilleurs. Leur épaisseur est proportionnée à leur diamètre, qui ne passe pas dix-huit pouces ou deux pieds, leur longueur est de trois pieds et demi, ayant à chaque bout des brides avec quatre vis et quatre écrous où l'on met des rondelles de cuir entre deux et du mastic à froid ; ces tuyaux résistent à des élévations de 150 pieds, et se cassent dans les rues d'une ville à cause du fardeau des voitures.

Les tuyaux de grès, de terre, ou de poterie sont bons pour les eaux à boire ; leurs tronçons sont de deux pieds de long qui s'emboitent par leurs virets avec du mastic chaud et de la filasse à leurs jointures sur l'ourlet ; on en fait de six pouces de diamètre, et quand ils servent aux eaux jaillissantes on les entoure d'une chemise de chaux et ciment de six à sept pouces d'épaisseur.

Les tuyaux de bois se font de chêne, d'orme, et d'aulne, percés avec de grandes tarrières de différentes grosseurs et figures, qui se succedent les unes aux autres ; les premières tarrières sont pointues en fer de pique, les autres sont faites en cuiller, augmentant de diamètre depuis un pouce jusqu'à six ; toutes ces tarrières se tournent avec une forte pièce de bois semblable aux bras des tarrières ordinaires. Les plus gros tuyaux de bois ne passent pas huit pouces de diamètre ; on les frette de fer par un bout et on les affute par l'autre pour les emboiter, et ces joints sont recouverts de poix ou de mastic à froid ; ces sortes de tuyaux ne résistent longtemps que dans les pays marécageux.

Les tuyaux de plomb sont les plus commodes de tous, pouvant descendre, monter, et se couder sans être endommagés ; ils sont ou moulés ou soudés. Les soudés sont des tables de plomb pliées et dont les bords revenant l'un sur l'autre se joignent parfaitement ; on les arrondit sur des rondins ou rouleaux de bois de la grosseur et longueur à discrétion qui servent comme d'ame ou de noyaux aux tuyaux, et que l'on en tire lorsqu'ils sont bien arrondis. On répand ensuite sur leur joint de la soudure que l'on aplatit avec le fer chaud ; ces tuyaux se font si grands et si gros que l'on veut ; les tuyaux moulés sont jetés dans un moule de la longueur de deux à trois pieds qui pourraient en avoir douze si l'on voulait en faire la dépense ; on les fait plus épais que les soudés à cause des soufflures ; ils sont meilleurs, mais ils coutent davantage ; les moulés ne passent pas ordinairement six pouces de diamètre, cependant on en fait de dix-huit pouces, ils s'emboitent et se joignent l'un à l'autre par des nœuds de soudure.

Les tuyaux de cuivre ou de chauderonnerie dont la composition s'appelle potin, qui n'est autre que des lavures qui sortent de la fabrique du laiton, auquel on mêle du plomb ou de l'étain pour le rendre plus doux au travail, environ sept livres de plomb pour cent ; les ouvriers l'appellent potin gris ou arcot, il coute moins que le potin jaune ; on y emploie souvent du cuivre rouge qui est le meilleur. Ces tuyaux sont des tables de cuivre étamées et bien battues que l'on plie en rond et dont on soude les morceaux emboités l'un dans l'autre par des nœuds de soudure plus fine que celle qui sert à joindre le plomb ; une crasse verte semblable au verd-de-gris les ronge, si l'on n'a soin de les nettoyer ; ils sont d'une longue durée, mais ils coutent plus que tous les autres.

On dit encore un tuyau montant et descendant, qui sont ceux que l'on emploie pour conduire l'eau dans un réservoir et l'en faire descendre pour les jardins, ce qui se pratique dans les machines hydrauliques, ainsi que les tuyaux d'aspiration. Voyez MACHINE HYDRAULIQUE. (K)

TUYAU, (Hydraulique) Proportion des tuyaux. C'est de la proportion des tuyaux avec les réservoirs et les ajutages que dépend la beauté des eaux jaillissantes ; il convient encore de régler cette proportion, et la grosseur que doivent avoir les tuyaux ou conduites par rapport à la quantité de fontaines qu'on a dessein de construire dans un jardin.

Plus les conduites sont grosses, et plus les jets d'eau s'élèvent ; une autre maxime certaine est que les circonférences des cercles sont entr'elles en même raison que les carrés de leurs diamètres : ces règles servent infiniment dans toutes les formules hydrauliques.

Cette proportion dépend de la hauteur des réservoirs et de la sortie des ajutages, afin que la colonne d'eau puisse mieux surmonter la colonne d'air qui lui résiste avec tant de violence ; le trop de frottement dans les conduites menues par rapport aux gros ajutages, et aux bords des petits ajutages par rapport aux grosses conduites, a fait tenter des expériences sur lesquelles on a établi les deux formules suivantes.

Première formule : connaître le diamètre d'une conduite proportionnée à la hauteur du réservoir et à la sortie de l'ajutage, pour que le jet monte à la hauteur qu'il doit avoir. L'expérience que l'on a faite, qu'un jet venant d'un réservoir de 52 pieds de haut demandait une conduite de 3 pouces de diamètre et un ajutage de 6 lignes, a servi de règle à cette formule.

On veut savoir quel diamètre aura la conduite d'un jet venant d'un réservoir de 20 pieds de haut, et dont l'ajutage aura 12 lignes de diamètre. Cherchez 1°. une moyenne proportionnelle entre le nombre 52, hauteur du réservoir donné par l'expérience, et le nombre 20 hauteur du réservoir dont on cherche le diamètre de la conduite, vous trouverez par le calcul 32 environ ; mettez 52 au premier terme de la règle, 32 au second en négligeant le reste de la racine, puis prenez le carré des 3 pouces de la conduite de l'expérience qui est 9 que vous mettrez au troisième terme, et la règle faite, il viendra au quatrième terme 5 28/52, qui font 5 1/2 environ, ce qui s'écrit ainsi 52, 32 : : 9, 5 1/2.

2°. Les ajutages étant connus l'un de 6 lignes venant de 52 pieds de haut, l'autre de 12 lignes, venant de 20 pieds de haut, on prendra leurs carrés, qui seront 36 et 144, que vous mettrez aux deux premiers termes de la seconde règle, et au troisième 5 1/2 trouvé dans la première règle, écrivez 36, 144 : : 5 1/2, x ; multipliez 5 1/2 par 144, vous aurez pour produit 792, qui, divisé par 36, vous donnera au quotient 22 pouces carrés dont vous tirerez la raciné, et par la plus grande approximation vous aurez 34, en négligeant un reste de 71, et vous direz, le plus grand carré contenu dans 34 est 25, dont la racine est 5 ; ainsi vous aurez 5 pouces pour le diamètre de la conduite du jet proposé de 12 lignes d'ajutage venant d'un réservoir de 20 pieds de haut.

Seconde formule. Quand on veut tirer plusieurs jets d'un même réservoir, il n'est pas nécessaire de faire autant de conduites que de jets ; une ou deux suffiront, pourvu qu'elles soient assez grosses pour fournir à toutes les branches de ces jets, de manière qu'ils jouent tous ensemble à leur hauteur, sans faire baisser les autres.

Plusieurs branches ou tuyaux étant déterminés pour leur diamètre, trouver celui de la maîtresse conduite où ils doivent être soudés, en sorte qu'il passe la même quantité d'eau dans les uns que dans les autres.

Si quatre conduites de 3 pouces de diamètre sont nécessaires pour distribuer l'eau aux fontaines d'un jardin, sans être obligé de tirer du réservoir quatre tuyaux séparés, on réunira l'eau qui doit passer dans les quatre en une principale conduite, et on ne fera que souder dessus des branches ou fourches vis-à-vis des bassins qui doivent être fournis ; il s'agit de savoir quel diamètre on donnera à cette maîtresse conduite.

Supposé que vous ayez quatre fourches de 3 pouces chacune, quarrez les diamètres qui font 9 pouces en superficie, ajoutez la somme des quatre superficies, qui font 36, il faut en extraire la racine carrée qui est 6, ce sera le diamètre de la maîtresse conduite sur laquelle seront soudées les quatre fourches de 3 pouces chacune, et il passera autant d'eau dans la grosse que dans les quatre autres. On peut encore diminuer la grosse conduite proportionellement après chaque fourche, ce qui épargnera la dépense.

Si on avait à fournir un rang de jets, que l'on appelle grilles d'eau, on laisserait la grosse conduite dans toute sa longueur sans la diminuer, afin que les jets montent à la même hauteur : on ne cherche dans ces sortes de fontaines qu'à former de gros bouillons peu élevés. (A)

TUYAU de cheminée, (Architecture) c'est le conduit par où passe la fumée depuis le dessus du manteau d'une cheminée, jusque hors du comble. On appelle tuyau apparent le tuyau qui est pris hors d'un mur, et dont la saillie parait de son épaisseur dans une pièce d'appartement ; tuyau dans œuvre, le tuyau qui est dans le corps d'un mur ; tuyau adossé, un tuyau qui est doublé sur un autre, comme on le pratiquait anciennement ; et tuyau dévoyé, un tuyau qui est détourné de son à-plomb, et à côté d'un autre.

Les tuyaux de cheminée se font de plâtre pur, de brique ou de pierre de taille. Lorsqu'ils sont joints contre les murs, on y pratique des tranchées, et on y met des fentons de fer de pié-en-pié, et des équerres de fer, pour lier les tuyaux ensemble. Daviler.

TUYAU, se dit aussi, dans l'Ecriture, de la partie inférieure de la plume faite en forme de tube.

Il en est de trois sortes, les gros, les moyens et les petits.

Les gros ne sont pas ordinairement bons, les petits sont les meilleurs, mais leur forme irrégulière, jointe à leur petitesse, les font manier avec peine, de-là la nécessité de se servir des moyens plus maniables, et plus propres à répondre à l'action des doigts sur eux.

TUYAU, (Jardinage) c'est ainsi que l'on nomme la tige d'une plante légumineuse. Ces tuyaux n'ont pas la consistance aussi forte que le tronc des arbres, ce qui fait que la nature leur a donné fort peu de grosseur pour se soutenir, mais les a fortifiés d'espace en espace par des nœuds appelés genoux. Voyez GENOUX.

TUYAU, terme d'Organiste, il se dit des canaux dans lesquels entre le vent, qui produit le son et l'harmonie de l'orgue. On les fait la plupart d'étain, tels que sont ceux de la montre, quelques-uns de plomb, comme le nazard, quelques-uns de laiton comme ceux à anches, et plusieurs de bois, comme ceux du bourdon et des pédales.

Le tuyau est composé de quatre parties. La première est son porte-vent, fait en forme de cône renversé et tronqué, dont la base est le corps, et l'ouverture du tuyau et de la languette ; et le sommet est ce qui entre dans le trou du sommier par où le vent du soufflet se communique jusqu'à la languette. La seconde partie est le corps du tuyau. La troisième est la languette, qui est cette partie qui est taillée en biseau ou en talus, qui s'incline du quart d'un angle droit vers le corps du tuyau. C'est elle qui coupe et fend le vent, et elle est ainsi nommée, parce qu'elle sert de langue à la bouche des tuyaux pour les faire parler. Elle doit avoir le tiers de la hauteur de la bouche.

La languette qui couvre le concave du demi-cylindre des tuyaux à anche s'appelle échalote. L'ouverture du tuyau qui donne libre entrée au vent, s'appelle la bouche ou la lumière. Elle doit avoir le quart de la largeur du tuyau, et aux tuyaux ouverts la cinquième partie. Le morceau de bois qui bouche le tuyau, s'appelle tampon.

On appelle oreille de petites lames de plomb qu'on soude aux côtés des tuyaux bouchés, afin de les abaisser, ou de les relever, pour ouvrir ou ombrager leur bouche, et pour rendre les sons plus graves, ou plus aigus. On les appelle ainsi, parce qu'il semble qu'elles écoutent si les tuyaux sont d'accord.

Il y a des tuyaux de quatre sortes ; les uns sont ouverts, les autres sont bouchés. Ceux-ci rendent les sons deux fois plus graves, ou plus bas. Les tuyaux à anche sont de laiton avec une anche au milieu. Les tuyaux à cheminée sont des tuyaux bouchés, sur lesquels on applique un petit cylindre dont la circonférence est la quatrième partie du tuyau. La hauteur d'un tuyau doit être quadruple de sa largeur ou circonférence.

Quand les tuyaux sont longs sans s'élargir en haut, on les appelle cromornes, et quand ils s'élargissent, on les nomme trompettes ou clairons.

On appelle la partie du tuyau, noyau d'orgue, celle où l'on fait rentrer l'anche avec son échalote, ou bien l'endroit ou il change de grosseur, comme il arrive au cromorne.

Les plus grands tuyaux parlent plus aisément et avec moins de vent que les petits ; parce que leurs bouches sont plus basses et plus étroites, et les trous de leurs pieds, beaucoup moindres à proportion. Traité de l'orgue. (D.J.)

TUYAU, (Plombier) canal ou conduit qui sert à faire entrer dans quelqu'endroit ou à en faire sortir l'air, le vent, l'eau, et autres choses liquides.

Il y a des tuyaux d'étain, de plomb, de bois pour monter les orgues.

Les tuyaux qui servent pour la conduite et pour la décharge des eaux se font de fer, de plomb, de terre, ou de bois.

Les tuyaux de plomb sont de deux sortes, il y en a de soudés, et d'autres sans soudure. On ne parle ici que des tuyaux soudés, parce que l'on a expliqué ailleurs la fabrique des tuyaux de plomb sans soudure. Voyez PLOMBIER.

On prend une table de plomb, de la largeur, épaisseur et longueur convenable aux tuyaux qu'on veut faire, et après l'avoir bien débordée, on l'arrondit sur un tondin de bois, avec des bourseaux et des maillets plats. Quand les deux bords sont approchés l'un contre l'autre et bien joints, on les gratte avec un grattoir, et ayant frotté de poix-résine la partie qu'on a grattée, on y jette par-dessus la soudure fondue, et on l'aplatit ensuite avec le fer à souder.

Pour les petits tuyaux où la soudure ne s'emploie pas fort épaisse, on la fait fondre avec le fer à souder à mesure qu'on l'applique.

Comme il y a des tuyaux qui ont tant de diamètre et d'épaisseur, qu'il ne serait pas facîle de les souder sans les échauffer en-dedans, les plombiers ont pour cela des polastres, qu'on emplit de braise, et avec un long manche de bois qu'elles ont à un bout, on les insinue dans la cavité du tuyau aux endroits qu'on veut chauffer pour les souder.

TUYAU, (Soierie) ce sont des roseaux pour les étoffes unies, et de petits canaux de buis pour les étoffes façonnées. C'est là-dessus qu'on met la dorure ou la soie à employer dans l'étoffe.

TUYAU de mer, (Conchyliologie) genre de coquille univalve dont voici les caractères. Elle est de figure oblongue, terminée en pointe, et creuse en-dedans comme une corne. On nomme en latin cette coquille tubulus marinus, canalis marinus, parce qu'elle ressemble à un tuyau. On l'appelle encore dentale, à cause de sa prétendue ressemblance à la dent d'un chien, et antale, par rapport à la courbure en forme de croissant qu'a quelquefois cette coquille ; cependant pour plus de convenance, nous réserverons ces deux noms au coquillage.

Dans la famille générale des tuyaux de mer, on y met quatre classes ; 1°. les tuyaux rayés ; 2°. les tuyaux polis ; 3°. les tuyaux droits ; 4°. les tuyaux semblables à une corne peu courbée ; 5°. les tuyaux petits, polis sur la surface, et faits en croissant : quelques auteurs nomment ces derniers antales.

Nous ne connaissons qu'une seule espèce de tuyaux rayés ; mais comme cette espèce varie beaucoup en grosseur et en couleur, on l'a multipliée en plusieurs espèces, qui ne sont que des variétés. D'ailleurs cette espèce de tuyau prend une forme différente dans les cabinets des curieux, ce qui vient du poli qu'on lui donne, lequel en élevant ces raies et ces cannelures, fait paraitre cette coquille totalement différente de ce qu'elle est naturellement.

Nous ne connaissons aussi qu'une seule espèce de tuyaux droits, quoique variés par différents accidents.

Mais il y a plusieurs espèces de tuyaux ou de dentales courbés ; on distingue dans ce nombre, 1°. le tuyau cornu, il prend exactement la forme d'une corne modérement courbée ; 2°. le tuyau fait en forme de racine ; 3°. le tuyau qui a la figure d'une racine de bistorte ; 4°. le tuyau en forme de rave ; 5°. le tuyau appelé communément dent de chien ; 6°. le tuyau nommé dent d'élephant ; 7°. le tuyau courbé de couleur blanchâtre ; 8°. le tuyau courbé verdâtre ; 9°. le purpurin ; 10°. le noirâtre.

On ne connait que deux espèces de tuyaux de la classe de ceux qu'on appelle antales ; savoir, 1°. l'antale blanc, et 2°. l'antale jaune : l'antale est plus petit que le dentale, et ses cannelures sont moins profondes ; les plus estimés viennent des Indes orientales.

L'arrosoir ou le pinceau de mer est de tous les tuyaux le plus distingué : on doit le regarder comme ayant un caractère spécifique, non pas seulement à cause de sa forme toute droite, mais par la singularité de sa tête percée en arrosoir. C'est cette espèce de tuyau que quelques auteurs appellent phallus.

Il ne faut pas confondre les tuyaux de mer avec les vermisseaux de mer, qui sont si intimément joints ensemble, qu'ils ne paraissent qu'une masse confuse, Voyez VERMISSEAUX de mer.

Il me reste à parler de l'animal habitant de la coquille, que je nommerai dentale et antale, pour plus grande commodité.

Ces animaux sont toujours solitaires, et on ne les voit jamais adhérents et collés les uns contre les autres. Ils peuvent faire sortir de leur étui une partie de leur corps qui ne tient à rien, et même sortir entièrement eux-mêmes, ainsi ils ont certainement un mouvement progressif. Le vermisseau solitaire est de même. Ceux qui sont en masse toujours adhérents et collés ensemble, ou attachés à quelque corps étranger, ne sortent jamais de la place, où le hazard qui a porté leur frai les fait naître, à moins qu'on ne les détache. Ces animaux font sortir de leur tuyau une partie supérieure, et ensuite ils la retirent d'environ 5 à 6 lignes.

Le tuyau de mer nommé le pinceau, l'arrosoir, le phallus, a la tête garnie d'une fraise et d'un gland percé de petits trous remplis d'une infinité de filets, qui ressemblent assez aux poils d'un pinceau. Sitôt que ce poisson est hors de l'eau, tous les filets tombent ; et vous voyez alors un tuyau blanc, mince et creux, qui Ve en diminuant jusqu'à l'autre extrémité, formant quelques replis d'espace en espace. Comme il est percé dans le gros bout d'une infinité de trous, il peut fort bien s'appeler l'arrosoir, mieux du-moins que le brandon d'amour, qui est d'ailleurs un terme impropre et obscène.

Aucuns testacés ne se détachent plus facilement de leur coquille, quand ils le veulent, que ces animaux qui y sont flottants : cela est si vrai, qu'en introduisant un stylet par un des bouts des tubulaires, on les fait sortir par l'autre. Peut-être que dans cette opération le ligament qui les retient est si fragîle qu'on n'y aperçoit aucune rupture. Leur forme tortueuse fait assez soupçonner qu'ils sont libres entièrement dans leur étui, et qu'à l'exemple de la teigne, ils forment leur fourreau indépendant de leurs corps.

La plus grande partie du corps du dentale est couverte d'une teinte blanche, au-travers de laquelle percent plusieurs petits vaisseaux intestinaux d'un jaune foncé. Lorsque ce testacé est caché dans son étui, il se ramasse du côté de la tête ; mais lorsqu'il s'allonge, cette masse se développe : alors il se forme un bouton pyramidal qui se trouve enveloppé d'un capuchon ; à l'extrémité du bouton est une très-petite ouverture par où le dentale prend la nourriture.

Comme le dentale reste presque toujours ensablé dans une attitude verticale ou perpendiculaire, il s'allonge de côté et d'autre jusqu'à la surface du terrain, sans que les flots de la mer puissent l'ébranler.

Lorsqu'il est à sec sur la greve, et qu'il craint de succomber à ses efforts, il fait sortir de la pointe tronquée de sa coquille (j'entends de celle opposée à la tête) une espèce de filament ou jambe, dont l'étendue n'a que 5 à 6 lignes, et qui Ve un peu en serpentant, souvent en forme d'une petite poire. Il enfonce cette jambe dans le terrain, ce qui affermit sa coquille : il la termine dans une plaque ronde, dont les rebords présentent le calice d'une fleur à 5 pans. Cette partie, qui peut avoir un demi-pouce, et par laquelle il est à croire que passent les aliments, est très-blanche, et ne parait en-dehors dans toute son étendue, qu'autant que la tête ne jouit pas de toute sa liberté.

Le dentale n'a point d'opercule, et pour se soustraire à ce qui pourrait extérieurement le blesser, il s'avance si avant dans un étui, qu'il n'est guère possible de le pouvoir atteindre.

L'antale qu'on ne trouve que rarement dans la plupart des ports de mer, est présumé avoir la même construction et les mêmes habitudes ; l'analogie l'enseigne ainsi : on a déjà dit qu'il était moins gros que le dentale ; et c'est la seule différence qu'on y peut trouver. Voyez Aldrovande, Jonston, mém. de l'académie des Sciences, et surtout la conchyliologie de M. Dargenville. (D.J.)

TUYAUX D'ORGUE, voyez ORGUE DE MER.

TUYAU CHAMBRE ou CLOISONNE, (Histoire naturelle) tubulus concameratus, polythalamium, orthoceratites, c'est une coquille de forme conique, dont l'intérieur est séparé par des cloisons comme la corne d'ammon. Cette coquille ne se trouve que pétrifiée. Voyez l'article ORTHOCERATITE.




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