S. f. (Art mécanique et Grammaire) bloc de pierre, d'acier ou de fer taillé en rond, et destiné à deux usages principaux, émoudre ou aiguiser les corps durs, ou les broyer. On broye au moulin les graines avec des meules de pierre ; on aiguise les instruments tranchants chez les Couteliers et les Taillandiers à la meule de pierre. On fait les meules à broyer de pierre dure : celles à aiguiser de pierre qui ne soit ni dure ni tendre. Pour tailler les premières, on se sert d'un moyen bien simple : on Ve à la carrière, on coupe en rond la meule de l'épaisseur et du diamètre qu'on veut lui donner, en sorte qu'elle soit toute formée, excepté qu'elle tient à la masse de pierre de la carrière par toute sa surface inférieure, qu'il s'agit de détacher, travail qui serait infini si l'on n'eut trouvé le moyen de l'abréger, en formant tout-au-tour une petite excavation prise entre la meule même et le banc de la carrière, et en enfonçant à coups de masse dans cette excavation des petits coins de bois blanc ; quand ces coins sont placés, on jette quelques seaux d'eau : l'eau Ve imbiber ces coins de bois ; ils se renflent, et telle est la violence de leur renflement, que le seul effort suffit pour séparer la meule du banc auquel elle tient, malgré sa pesanteur, et malgré l'étendue et la force de son adhésion au banc. Les meules à aiguiser des Taillandiers et des Fourbisseurs sont les plus grandes qui s'emploient : plus un instrument à émoudre est large et doit être plat, plus la meule doit être grande ; car plus elle est grande, plus le petit arc de sa circonférence sur lequel l'instrument est appliqué tandis qu'on l'aiguise, approche de la ligne droite. Il y a des meules à aiguiser de toutes grandeurs : elles sont de grès ni trop tendre ni trop dur, trop tendre, il prendrait trop facilement l'eau dans laquelle la meule trompe en tournant : la meule s'imbiberait jusqu'à l'arbre sur lequel elle est montée, et la force centrifuge suffirait pour la séparer en deux, accident où la perte de la meule est le moins à craindre : l'ouvrier peut en être tué. Si elle ne se fend pas, elle s'use fort vite. Trop dur, et par conséquent d'un grain trop petit et trop serré, elle ne prend pas sur le corps dur et ne l'use point. Il est important que la meule sur laquelle on émout trempe dans l'eau par sa partie inférieure : sans cela le frottement de la pièce sur elle échaufferait la pièce au point qu'elle bleuirait et serait détrempée. Les meules des Diamantaires sont de fer, etc.

MEULE de moulin, (Antiquité) Les meules de moulin de l'antiquité que l'injure des temps a conservées, sont toutes petites et fort différentes de nos meules modernes. Thoresby rapporte qu'on en a trouvé deux ou trois en Angleterre parmi d'autres antiquités romaines, qui n'avaient que vingt pouces de long et autant de large. Il est très-vraisemblable que les Egyptiens, les Juifs et les Romains ne se servaient point de chevaux, de vent ou d'eau, comme nous faisons, pour tourner leurs meules, mais qu'ils employaient à cet ouvrage pénible leurs esclaves et leurs prisonniers de guerre ; car Samson étant prisonnier des Philistins, fut condamné dans sa prison à tourner la meule. Il est expressément défendu dans l'Ecriture de les mettre en gage. Les Juifs désignaient le grand poids de l'affliction d'un homme, par l'expression proverbiale d'une meule qu'il portait à son col ; ce qui ne peut guère convenir qu'à l'espèce de petite meule que le hasard a fait découvrir dans ces derniers temps. (D.J.)

MEULE, outil de Charron. Cette meule est à-peu-près semblable à celle des Taillandiers, est montée sur un châssis, et est mue par une barre de fer faite en manivelle. Elle sert aux Charrons pour donner le fil et le tranchant à leurs outils.

MEULE, en terme de Cloutier d'épingle, est une roue d'acier trempé montée sur deux tampons, voyez TAMPONS, et mise en mouvement par une autre grande roue de bois tournée par toute la force d'un homme, et placée vis-à-vis la meule à quelque distance. Cette meule est couverte d'un châssis de planche des deux côtés et au-dessus, d'où pend un carreau de verre pour garantir l'ouvrier des parcelles de fer enflammées que la meule détache des clous qu'on y affine. Voyez AFFINER. Voyez les fig. et les Pl. du Cloutier d'épingle.

MEULE à l'usage des Couteliers. Voyez l'article COUTELIER.

MEULE, en terme d'Epinglier, est une roue de fer en plein tailladée sur les surfaces en dents plus ou moins vives, selon l'usage auquel on l'emploie. L'ébauchage exige qu'elles soient plus tranchantes, et l'affinage en demande de plus douces. Ces meules sont d'un fer bien trempé ; quand elles sont trop usées, on les remet au feu ; on lime ce qui reste de dents jusqu'à ce que la place soit bien égale, et on les refait ensuite avec un ciseau d'acier fort aigu, sur des traits qu'on marque au compas et à la règle. Les meules sont montées dans un billot percé à jour et en carré sur des pivots où leur arbre joue ; elles tournent à l'aide d'une espèce de roue de rouet, dont la corde vient se rendre sur une noix de l'arbre de la meule. Le billot n'est point ouvert par en haut ; il y a vis-à-vis du côté de la meule un établi ou manière de sellette, plus haute derrière l'ouvrier que vers le billot : l'ouvrier y est assis les jambes croisées en-dessous à la manière des Tailleurs. Voyez les figures et les Pl. de l'Epinglier, et la fig. de la meule en particulier, représentée parmi les Pl. du Cloutier d'épingles.

MEULE, terme de Fondeur de cloches, est un massif de maçonnerie dans lequel on assujettit un piquet de bois sur lequel tourne comme sur un pivot une des branches du compas de construction qui sert à construire le moule d'une cloche. Voyez les figures, Pl. de la fonderie des cloches, et l'article FONTE DES CLOCHES.

MEULE de foin, (Jardinage) est une grande élévation d'herbes que l'on arrange et que l'on tripe ou foule pour former une pyramide sur laquelle l'eau roule, et l'on dit que le foin est fanné quand il est ammeulé.

MEULE. Les Miroitiers-lunettiers ont des meules de grès qu'ils tirent de Lorraine, sur lesquelles ils arrondissent la circonférence des verres des lunettes, et autres ouvrages d'optique. Voyez GRES.

MEULES, s. f. (Verrerie) morceaux de verre qui s'attachent aux cannes pendant qu'on s'en sert, et qui s'en détachent quand elles se refroidissent.

MEULES, (Vénerie) c'est le bas de la tête d'un cerf, d'un daim et d'un chevreuil, ce qui est le plus proche du massacre ; c'est la fraise et les pierrures qui se forment. Les vieux cerfs ont le tour de la meule large et gros, bien pierré et près de la tête.