v. act. (Grammaire) c'est faire effort pour déplacer quelque chose qu'on saisit de la main ou avec un instrument, et pour l'approcher de soi, ou l'entraîner avec soi. Ce verbe a un grand nombre d'acceptions : on dit, tirer une charrue ; tirer de l'eau d'un puits ; tirer la langue : on dit aux chiens tire, pour les éloigner ; l'armée tire vers la Flandre ; le soleil tire à son couchant ; votre ouvrage tire à sa fin. On tire les vaches soir et matin ; combien tire -t-il de son emploi ? belle conséquence à tirer ; tirez avantage de votre accident ; tirez une ligne sur cet article ; tirez un alignement de ce côté ; tirez la racine de ce nombre ; c'est une sottise que de faire tirer son horocospe, c'est une friponnerie que de se mêler de ce métier ; que tire -t-on de cette substance ? on lui a tiré du mauvais sang ; on tire de la jambe ; on tire à la mer ; on tire une personne ou l'on en fait le portrait ; on tire un coup de pistolet pour voir qui levera la tête ; un cheval tire à la main ; on tire des armes ; on tire sur quelqu'un quand on lui fait des plaisanteries ; on tire cent exemplaires, mille, deux mille d'un ouvrage ; on tire une carte ; on tire au jeu la primauté ; on tire l'or ; on tire le linge ; une pièce de drap tire plus ou moins de longueur ; on ne saurait tirer une parole honnête de cet homme brusque ; ne vous faites jamais tirer l'oreille. Voyez les articles suivants.

TIRER, en terme d'Epinglier, faiseur d'aiguilles pour les bonnetiers, est l'action de redresser sur un engin le fil de fer qui était roulé en bottes auparavant, pour le façonner et le rendre le plus droit qu'on peut. Voyez ENGIN.

TIRER L'EPINGLE, terme d'Epinglier, qui signifie passer par la filière le laiton dont on se sert pour fabriquer des épingles, afin de le rendre de la grosseur des numéros suivant les échantillons. Voyez ÉPINGLE.

TIRER, en terme de Cardeur, c'est éloigner le fil de la broche en retirant le bras, pour lui donner la force et la grosseur qu'on veut.

TIRER UN CHAPEAU A POIL, terme de Chapelier, c'est en faire sortir le poil en le tirant avec le carrelet. Voyez CARRELET.

TIRER LE CIERGE, (Cirier) c'est le fabriquer à la main, c'est-à-dire ne le pas couler avec la cire liquide et fondue, mais étendre la cire amollie dans l'eau chaude le long de la meche. Savary. (D.J.)

TIRER AU SEC, en terme de Confiseur, c'est l'action de confire une chose en la faisant sécher, pour la garder telle.

TIRER L'EMAIL A LA COURSE, (Emailleur) c'est former avec l'émail des filets extrêmement déliés après l'avoir ramassé dans la cuillière de fer où il est en fusion avec du crystallin.

Pour tirer l'émail à la course, il faut que deux ouvriers tiennent chacun un des bouts de la pipe brisée pour ramasser l'émail : tandis que l'un le présente à la lampe, l'autre s'éloigne autant qu'on veut donner de longueur au filet ; c'est ainsi que se tire l'émail dont on fait de fausses aigrettes, et qui est si délié et si pliable, qu'on peut facilement le rouler sur un devidoir, malgré la nature cassante du verre dont il est composé.

Lorsqu'on tire le verre encore plus fin, on se sert d'un rouet sur lequel il se devide à mesure qu'il sort de la flamme de la lampe. Voyez la fig. Planche de l'Emailleur, le bas de la planche représente l'établi, la roue du rouet chargée d'un écheveau de fil de verre, et un écheveau coupé.

TIRER, terme d'Imprimeur ; c'est imprimer tout à fait un certain nombre d'exemplaires d'un livre, ou autre ouvrage d'impression dont on a Ve les épreuves nécessaires, et qu'on juge bien correct. (D.J.)

TIRER A LA PERCHE, (Lainage) c'est lainer une pièce de drap ou autre étoffe de laine, c'est-à-dire en tirer le poil avec le chardon, tandis qu'elle est étendue du haut en bas sur une perche. (D.J.)

TIRER, (Maréchalerie) est l'action des chevaux de tirage ; tirer à la main, se dit d'un cheval qui au-lieu de se ramener refuse à la bride en allongeant la tête lorsqu'on tire les rênes ; tirer une ruade. Voyez RUER.

Un cheval trop chargé d'encolure pese ordinairement à la main ; mais le défaut de tirer à la main vient de trop d'ardeur, ce qui est pire que s'il pesait simplement à la main. Pour apaiser un cheval trop ardent et sujet à tirer à la main, il faut le faire aller doucement, et le tirer souvent en arrière ; mais si c'est par engourdissement d'épaules ou par roideur de cou, il faut tâcher de l'assouplir avec le cavesson à la neucastle.

TIRER, en terme de Fondeur de petit plomb, c'est mettre le plomb fondu dans le moule pour y former la branche. Voyez MOULE et BRANCHE.

TIRER LA SOIE. Voyez l'article SOIE.

TIRER LES ARMES, (Reliure) pour cet effet on passe une couche légère de blanc d'œuf sur la place de l'arme ; ce blanc d'œuf se lave avec un linge pour en ôter la superficie ; on met une couche d'eau pure, puis on pose l'or ; quand le cuir est un peu essoré on met un côté du livre en presse avec l'arme qui doit être un peu chaude, on serre la presse suffisamment pour qu'elle s'imprime également ; le livre étant retiré de presse, on essuie le trop de l'or avec un linge un peu mouillé. Voyez la presse à tirer les armes. Voyez les Planches de la Relieure.

TIRER L'OR, est l'action de réduire un lingot en fil extrêmement délié en le faisant passer à différentes fois dans des filières toujours moins grandes ; ce qui désigne plusieurs opérations, dont la première se fait par le moyen de l'argue (voyez ARGUE), où huit hommes tirent le lingot qu'on a introduit dans une fort grosse filière. Ensuite on le passe dans un ras qui est beaucoup moins gros, puisque quatre hommes suffisent pour l'en tirer. Voyez RAS. Quand le lingot est devenu de la grosseur d'une plume, on le dégrossit (voyez DEGROSSIR), il passe après cela dans les mains de l'avanceur (voyez AVANCEUR), et de - là les tourneuses le prennent pour le mettre au degré de finesse que le tireur le souhaite. Voyez TIREUR D'OR.

TIRER DE LONG, (Vénerie) il se dit de la bête qui s'en Ve sans s'arrêter.

Tirer sur le trait, il se dit du limier qui trouve la voie et veut avancer.

Tirez chiens, tirez, c'est le terme dont on se sert pour faire suivre les chiens quand on les appele.

TIRER UNE VOLEE DE CANON, (Art militaire) c'est tirer plusieurs pièces ou plusieurs coups de canon.

Tirer le canon à toute volée, c'est élever la pièce et la tirer en rase campagne sans lui donner d'objet ni de but : on mesure cette portée depuis la pièce jusqu'à l'endroit où le boulet s'est arrêté.

Tirer un mortier à toute volée, c'est le placer sur son affut de manière que le mortier fasse un angle de 45 degrés avec la ligne horizontale. Voyez MORTIER et JET.

Si tous les soldats de M. Defolard étaient aussi-bien exercés à tirer que des flibustiers, il arriverait dans les combats, qu'en deux heures de temps la perte de tout le monde terminerait la journée. (Q)

TIRER, (Marine) on dit qu'un vaisseau tire tant de pieds d'eau pour être à flot. Voyez TIRANT D'EAU.

TIRER A LA MER, (Marine) c'est prendre le large, s'éloigner des côtes, de quelque terrain, ou de quelque vaisseau.

TIRER une lettre de change, (Commerce) c'est l'écrire, la signer, et la donner à celui qui en a payé le contenu, pour la recevoir en un autre endroit. Il ne faut tirer de lettre de change qu'on ne soit certain qu'elle sera acceptée et bien payée. Voyez LETTRE DE CHANGE, ACCEPTER, etc.

TIRER en ligne de compte, (Commerce) signifie porter sur son livre en débit ou en crédit ; c'est-à-dire, en recette ou en dépense, un article qu'on a reçu ou payé pour quelqu'un avec lequel on est en compte ouvert. Voyez COMPTE, LIVRES, etc. Dictionnaire de commerce.

TIRER l'oiseau, terme de Fauconnerie ; c'est le faire becqueter en le paissant.