S. m. (Grammaire) on donne ce nom à toute profession qui exige l'emploi des bras, et qui se borne à un certain nombre d'opérations mécaniques, qui ont pour but un même ouvrage, que l'ouvrier repéte sans cesse. Je ne sais pourquoi on a attaché une idée vîle à ce mot ; c'est des metiers que nous tenons toutes les choses nécessaires à la vie. Celui qui se donnera la peine de parcourir les ateliers, y verra par-tout l'utilité jointe aux plus grandes preuves de la sagacité. L'antiquité fit des dieux de ceux qui inventèrent des metiers ; les siècles suivants ont jeté dans la fange ceux qui les ont perfectionnés. Je laisse à ceux qui ont quelque principe d'équité, à juger si c'est raison ou préjugé qui nous fait regarder d'un oeil si dédaigneux des hommes si essentiels. Le poète, le philosophe, l'orateur, le ministre, le guerrier, le héros, seraient tout nuds, et manqueraient de pain sans cet artisan l'objet de son mépris cruel.

On donne encore le nom de metier à la machine dont l'artisan se sert pour la fabrication de son ouvrage ; c'est dans ce sens qu'on dit le metier à bas, le metier à draps, le metier à tisserand.

Si nous expliquions ici toutes les machines qui portent ce nom, cet article renfermerait l'explication de presque toutes nos Planches ; mais nous en avons renvoyés la plupart au nom des ouvriers ou des ouvrages. Ainsi à bas, on a le metier à bas ; à manufacture en laine, le metier à draps ; à soierie, les metiers en soie ; à gaze, le metier à gaze, et ainsi des autres.

METIER, terme et outil de Brodeur, qui sert pour tenir l'ouvrage en état d'être travaillé. Cette machine est composée de deux gros bâtons carrés ; de la longueur de 2 à 3 pieds, et de deux lattes, de la longueur de 2 pieds et demi.

Les bâtons sont garnis tout du long en-dedans, d'un gros canevas, attaché avec des clous pour y coudre l'ouvrage que l'on veut broder. Les deux bouts de chaque bâton sont creusés et traversés par 4 mortaises, pour y faire passer les lattes, ce qui forme une espèce de carré long.

Les lattes sont de petites bandes de bois plat, percées de beaucoup de petits trous pour arrêter les bâtons et les assujettir au point qu'il faut. Voyez la fig.

METIER, en terme d'Epinglier, est un instrument qui leur sert à frapper la tête de leurs épingles. Il est composé d'une planche assez large et épaisse, qui en fait la base, de 2 montants de bois, liés ensemble par une traverse. Dans l'un de ces montants, qui est plus haut que l'autre d'environ un demi pied, passe une bascule, qui vient répondre par une de ses extrémités au milieu de la traverse des montants, et s'y attache à la corde d'un contre-poids assez pesant ; elle répond de l'autre bout à une planche qu'on abaisse avec le pied. Dans cette première cage sont 2 autres broches de fer, plantées sur la base du metier, et retenues dans la traverse d'en-haut. Au bas du contre-poids est une autre traverse de fer, qui coule le long de ces broches, et empêche que le contre-poids ne s'écarte du point sur lequel il doit tomber, qui est le trou du poinçon. Il y a dans ce contre-poids un têtoir pareil à celui de dessous, pour former la partie supérieure de la tête, pendant que celui-ci fait l'autre moitié, et par ce moyen la tête est achevée d'un seul coup. Voyez dans les fig. Pl. de l'Epinglier, les deux montants, la traverse, les deux broches, la traverse du contre-poids, le contre-poids, le têtoir supérieur, l'enclavure au têtoir inférieur : la bascule, son articulation avec le montant, la corde qui joint la bascule avec la marche, sur laquelle l'ouvrier appuye le pied pour faire lever le contre-poids, les épingles dont la tête n'est point achevée, les épingles dont la tête est entièrement achevée. Les figures de ces Planches de l'Epinglier, représentent un metier à une place, et un metier à quatre ; et d'autres figures représentent le plan d'un metier à quatre places : les places, le contre-poids, l'enclume, la bascule.

METIERS, est un terme de Brasserie ; il signifie la liqueur qu'on tire après qu'on a fait tremper ou bouillir avec la farine ou houblon ; les premières opérations se nomment premiers metiers, et les secondes seconds metiers ; car on ne leur donne le nom de bière, que lorsqu'ils sont étonnés dans les pièces. Voyez BRASSERIE.

METIER DU DRAPIER, voyez l'article MANUFACTURE EN LAINE.

METIER A PERRUQUIER, est une machine dont les Perruquiers se servent pour tresser les cheveux. Il est composé d'une pièce de bois d'environ un pied et demi ou 2 pieds de longueur, sur 4 pouces de largeur et 2 d'épaisseur ; cette pièce de bois se nomme la barre, et sert de base au métier. Aux deux extrémités de la barre sont deux trous circulaires, destinés à recevoir deux cylindres de bois d'un pouce et demi de diamètre, et d'un pied et demi de hauteur, qui se placent dans une situation verticale perpendiculaire à la barre. Ces 2 cylindres appelés les montants, servent à soutenir 5 brins de soie roulés sur eux par les extrémités, dans lesquels on entrelace les cheveux pour en former une tresse. Voyez nos Planches.

METIER DE RUBANIER, est un châssis sur lequel ces ouvriers fabriquent les rubans, etc. Le metier du Rubanier est plus ou moins composé, suivant les ouvrages qu'on veut y fabriquer. Les rubans unis ne demandent pas tant de parties que les rubans façonnés ; et ceux-ci beaucoup moins que les galons et tissus d'or et d'argent. Cependant comme les pièces principales et les plus essentielles de ces différents metiers sont à-peu-près les mêmes, on se contente de décrire ici un metier à travailler les gallons et tissus d'or et d'argent, et les rubans façonnés de plusieurs couleurs ; en faisant remarquer cependant les différences des uns et des autres, suivant que l'occasion s'en représentera. Le metier contient les parties suivantes.

1°. Le châssis, ou comme on dit en terme plus propre le bâti, est composé de 4 piliers ou montants de bois, placés sur un plan parallélogramme, ou carré long. Quatre traverses aussi de bois, joignent ces piliers par en-haut, et 4 autres traverses, dont celle de devant qui est un peu plus élevée s'appelle la poitrinière, les unissent à-peu-près au milieu de leur hauteur : enfin il y a une 9e. traverse au bas du bâti pour mettre les pieds de l'ouvrier, où sont attachées les marches qui font lever ou baisser les fils de la chaîne. Les piliers ont 6 ou 7 pieds de hauteur, et sont éloignés l'un de l'autre de presqu'autant dans la partie la plus longue du parallélogramme, et seulement de trois ou 4 pieds dans la plus étroite.

2°. Le chatelet, c'est un châssis de forme à-peu-près triangulaire, placé au haut du métier, et posé sur 2 plus longues traverses.

3°. Dans le chatelet sont renfermées 24 poulies de chaque côté, autant qu'il y a de marches sous les pieds du fabriquant. Les poulies servent à élever les lisserons par le raccourcissement des cordons.

4°. Les tirants, ce sont des ficelles qui étant tirées par les marches font monter les lisserons. Il y a 24 tirants, un tirant pour 2 poulies.

5°. Les harnais, qui est une suite de petites barres qui soutiennent les lisserons, et qui sont suspendues chacune à 2 cordons enroulés autour des poulies.

6°. Les lisserons c'est un nombre de petits filets, bandés vers le bas par un poids, et qui ont vers leur milieu des bouclettes pour recevoir des ficelles transversales appelés rames.

7°. Les platines, ce sont des plaques de plomb ou d'ardoises qu'on suspend sous chaque baguette qui termine chaque ligne des lisserons. Quand le pied de l'ouvrier abandonne une marche, la platine fait retomber les lisserons que le tirant avait haussés.

8°. Les rames, sont des ficelles qui traversent les lisserons, et dont le jeu est le principal artifice de tout le travail de la Rubanerie ; comme la tire ou l'ordre des cordons qu'on tire pour fleuronner une étoffe, y produit l'exécution du dessein. Ici il ne faut point de second ouvrier pour tirer les cordons ; les marches opèrent tout sous les pieds du tissutier, parce qu'il a pris soin, par avance, de n'étendre au travers des lisserons que le nombre de rames qu'il faut pour prendre certains fils de la chaîne, et en laisser d'autres. Ces rames sont attachées à l'extrémité du metier ; elles montent sur des roulettes qu'on appelle le porterames de derrière, traversent les bouclettes de certains lisserons, et passent entre les autres lisserons sans tenir aux bouclettes ; de-là elles arrivent au porterame de devant, qui est pareillement composé de petites roulettes pour faciliter le mouvement des rames. Celles-ci enfin sont attachées en-devant à d'autres ficelles qui tombent perpendiculairement à l'aide d'un fuseau de plomb au bas, et qu'on nomme lisses ou remises. Les rames ou ficelles transversales ne peuvent être haussées ou baissées par l'un ou l'autre des lisserons, qu'elles ne tirent et ne fassent monter quelques lisses de devant : or celles-ci ont aussi leurs bouclettes vers la main de l'ouvrier. Certains fils de chaîne passent dans une bouclette, d'autres passent à côté. Il y a des lisses qui saisissent tour-à-tour les fils dont la couleur est uniforme ; on les nomme lisses de fond, parce qu'elles produisent le fond de l'étoffe et la couleur qui soutient tous les ornements : les autres lisses élèvent par leurs bouclettes des fils de differentes couleurs, ce qui par l'alternative des points pris ou laissés, des points qui couvrent la trame, ou qui sont cachés dessous, rendent le dessein ou l'ornement qu'on s'est proposé.

9°. Le battant, c'est le châssis qui porte le rot, pour frapper la trame. Dans ce metier ce n'est point l'ouvrier qui frappe, il ne fait que repousser avec la main le battant qui, tenant à un ressort, est ramené de lui-même, ce qui soulage le rubanier.

11°. Le ton ou bandoir du battant, c'est une grosse noix, percée de plusieurs trous dans sa rondeur, et traversée de 2 cordes qui tiennent de part et d'autre au metier ; cette noix sert à bander ces 2 cordes par une cheville qu'on enfonce dans un de ces trous, et qui mène la noix à discrétion. Deux cordons sont attachés d'un bout à cette cheville, et de l'autre aux 2 barres du battant, qui par ce moyen, est toujours amené contre la trame.

12°. Les remises ou lisses, ce sont les lisses de devant qui par leurs bouclettes, saisissent certains fils de la chaîne et laissent tous les autres selon l'arrangement que l'ouvrier a conformé aux points de son dessein.

13°. Les fuseaux qui roidissent les remises ; ils sont de fer, ont environ un pied de longueur et un quarteron de pesanteur. Les fuseaux en roidissant les remises, font ouvrir la chaîne et la referment.

14°. Les bretelles, ce sont deux lisières de drap qu'on passe entre ses bras pour les soutenir, parce qu'en travaillant on est obligé de se tenir dans une posture gênante, et qu'on n'est presque pas assis.

15°. Le siege ou banc sur lequel l'ouvrier est assis, c'est une planche ou banc de 3 pieds de haut, et à demi panché vers le metier, de sorte que l'ouvrier est presque debout.

16°. Le marchepié.

17°. La poitrinière, est une traverse qui passe d'un montant à l'autre à l'endroit de la poitrine de l'ouvrier. A cette poitrinière est attaché un rouleau sur lequel passe le ruban pour aller gagner l'ensuple un peu plus bas.

18°. La broche ou boulon qui enfîle les vingt-quatre marches.

19°. Les marches ; dans les rubans unis il ne faut que 2, 3 ou 4 marches.

20°. Les las ou attaches qui unissent les marches aux lames.

21°. Les lames, qui sont de petites barres de bois qui haussent ou baissent comme les marches, et qui étant arrêtées sur une même ligne d'un côté et de l'autre, tiennent les lisserons dans un niveau parfait aux moments du repos.

22 et 23°. L'ensouple de devant, et celles de derrière ; celles-ci sont des rouleaux sur lesquels sont roulés les fils de la chaîne : il y a autant d'ensouples de derrière qu'il y a de fils de couleurs différentes. L'ensouple de devant sert à rouler l'ouvrage à mesure qu'il se fabrique.

24°. Les potenceaux qui soutiennent les ensouples.

25°. Les bâtons de retour.

26°. La planchette.

27°. L'échelette ou les roulettes des retours.

28°. Les boutons des retours.

Ce qu'on appelle les retours est encore un moyen de ménager plus de variété dans l'ouvrage, et de faire revenir les mêmes variétés, outre celles qu'on ménage par le jeu alternatif des lisserons, et par le changement de trame en prenant une autre navette.

Il y a communément trois bâtons de retour ; mais on peut en employer davantage. Ils sont attachés sur un boulon en forme de bascule, et ayant un poids pendu à un de leurs bouts, ils enlèvent l'autre dès qu'ils sont libres ; l'ouvrier a auprès de lui plusieurs boutons arrêtés, par le moyen desquels il peut tirer des cordes, qui en passant par les tournans de l'échelette, vont gagner le bout supérieur des bâtons de retour. Un de ces bâtons tiré par le bouton s'abaisse, et en passant rencontre la planchette qui est mobîle sur deux charnières, et qui cede pour laisser descendre. Quand la tête du bâton est arrivée plus bas que la planchette, celle-ci rendue à elle-même, reprend toujours sa première place ; et elle assujettit alors la tête du bâton qui demeure arrêtée. Si on en tire un autre qui déplace la planchette, le premier se trouve libre et s'échappe. Le second tiré par la corde, demeurant un instant plus bas que la planchette, se trouve pris et arrêté par le retour de la planchette dans sa position naturelle : tel est le jeu des boutons et des bâtons de retour ; en voici l'effet. Au-dessus précisément, au milieu de ces bâtons ou bascules, est un anneau de métal ou de fil, auquel on fait tenir tant de rames ou de ficelles transversales qu'on juge à propos ; quand un bâton de retour est tiré et abaissé, les rames qui tiennent à sa boucle sont roidies : c'est donc une nécessité que les lisserons, dans les bouclettes desquelles ces rames ont été enfilées, les élèvent avec eux ; ce qui fait monter certaines lisses ou remises, auxquelles ces rames sont attachées, et conséquemment certains fils de la chaîne, par préférence à d'autres. Quand l'ouvrier tire un autre retour, il laisse échapper et remonter le premier. Les rames qui tiennent à l'anneau du bâton remonté deviennent lâches, et les lisserons vont et viennent sans les bander, sans les hausser. Ces rames désœuvrées ne produisent donc point d'effet ; celles d'un autre bâton ayant produit le leur, c'est à un troisième qui dormait à s'éveiller. Tous ces effets forment une suite de différentes portions de fleurs ou autres figures, qui revenant toujours les mêmes, produisent des figures complete s, toujours les mêmes, et justement appelées des retours.

Lorsqu'après que le métier est monté, l'ouvrier veut travailler, il se place au-devant sur le siege, panché de manière qu'il est presque debout. Il appuie sa poitrine sur la traverse du métier, appelée la poitrinière ; et pour ne point retomber en devant, se passe par-dessous les bras, deux bretelles pour le soutenir : ces bretelles sont attachées par un bout à la traverse d'en-haut, et de l'autre à la poitrinière.

METIERS, (Soierie) Voyez l'article MANUFACTURE EN SOIE.

METIER DE TISSERAND, machine à l'usage du tisserand, et qui lui sert à tisser plusieurs brins de fil pour en faire une pièce de toile. Les tisserands ont des métiers plus ou moins composés, suivant les différentes espèces qu'ils ont à fabriquer. Les toiles ouvrées, damassées, etc. demandent des métiers plus garnis que les toiles unies. Voici la manière dont le métier simple de tisserand est construit. Le châssis est composé de quatre montants de 5 pieds de haut, qui forment un carré de sept pieds en tout sens. Ces quatre montants sont joints les uns aux autres par quatre traverses en haut, et quatre autres en bas qui sont à la hauteur de deux pieds. Au bout du métier, à la hauteur d'environ 3 pieds, est un rouleau de bois porté sur deux mantonnets ; ce rouleau s'appelle l'ensouple de derrière, sur laquelle sont roulés les fils de la chaîne que l'on veut tisser. Sur le devant à la même hauteur, est un autre rouleau appelé la poitrinière, parce que le tisserand, en travaillant, appuie sa poitrine dessus. Ce rouleau sert à recevoir la toîle à mesure qu'elle se fabrique. Au-dessous de la poitrinière est un autre rouleau de bois appelé le déchargeoir, sur lequel on roule la toîle fabriquée pour en décharger la poitrinière. Au milieu du métier, dans une position perpendiculaire, est la chasse ou battant, qui est suspendu au porte-chasse, et dans laquelle, par en bas est insinué le peigne ou rot ; derrière la chasse sont les lames soutenues par en-haut par le porte-lame et par les pouliots ; au bas du métier, immédiatement sous les pieds du tisserand, sont les marches ; enfin derrière les lames sont placés les verges et le cartron. Voyez l'explication de tous ces termes, chacun à leur article. Voyez aussi l'article TISSERAND EN TOILE.