S. f. (Grammaire) chair des animaux destinés à la nourriture de l'homme, comme le bœuf, le mouton, le veau ; on dit de la viande blanche et de la viande noire, de la grosse viande et de la viande menue ; le veau, les poulets sont viandes blanches ; le lièvre, le cerf, le sanglier sont viandes noires ; le gibier est viande menue ; la viande de bœuf est grosse viande.

VIANDE, (Critique sacrée) la loi de Moïse défendit aux hébreux de manger la viande avec le sang et la graisse des victimes qu'on brulait toujours par cette raison sur l'autel. Ce peuple n'était pas fort délicat sur l'assaisonnement de ses viandes. Il les faisait ou rotir comme l'agneau pascal, Exode XIIe 18. ou cuire au pot ; on lit à ce sujet dans le I. livre des Rois IIe 13. que les enfants d'Eli tiraient de la chair de la marmite pour la faire cuire à leur fantaisie. Nous ignorons quel était le ragoût que Rébecca servit à Isaac ; nous savons seulement qu'elle le fit tel qu'il l'aimait. Genès. xxvij. 4.

Il n'était pas permis aux hébreux de manger des animaux réputés impurs, ni de la chair d'un animal mort de lui-même, ni de celle d'un animal étouffé, sans qu'on en eut fait couler le sang, ni même de l'animal qui avait été mordu par quelque bête ; quiconque en mangeait par mégarde, était souillé jusqu'au soir, et obligé de se purifier. Ils avaient aussi grand soin d'ôter le nerf de la cuisse des animaux dont ils voulaient manger, à cause du nerf de Jacob desséché par l'Ange. Gen. xxxij. 32. Au-reste les Juifs ont toujours observé fort exactement la défense de manger du sang, ou d'un animal étouffé. Cet usage subsista longtemps dans l'église chrêtienne, et devrait peut-être subsister toujours, parce qu'il a été proscrit conjointement avec la défense d'un péché contre les bonnes mœurs, et que la défense de ce péché n'est pas à temps ; enfin, parce que la défense en a été faite par les apôtres mêmes éclairés du saint-Esprit. " Il a semblé bon, disent-ils, au saint-Esprit et à nous, de ne vous imposer que ces choses nécessaires ; savoir, que vous vous absteniez des choses sacrifiées aux idoles, et de sang, et de choses étouffées, et de paillardise ; et si vous gardez ces choses, vous ferez bien. " Act. XVe 28 et 29, et xxj. 25. (D.J.)

VIANDES immolées aux Idoles ; (Critique sacrée) il y avait chez les Hébreux certains sacrifices, dans lesquels on n'offrait qu'une partie de la victime sur l'autel ; tout le reste appartenait à celui qui fournissait l'hostie, et il le mangeait, le donnait aux malades, aux pauvres, ou le vendait. C'était pareillement la coutume chez les payens, que ceux qui présentaient aux dieux des victimes, en faisaient des festins dans les portiques du temple, où ils régalaient les prêtres et leurs amis de tout ce qui restait des victimes, dont une partie était seulement consumée par le feu ; mais ceux qui n'étaient pas libéraux, après avoir brulé à l'honneur des dieux ce qui leur appartenait, et avoir donné aux sacrificateurs leur portion, faisaient vendre au marché tout le reste, ou en nourrissaient leur famille. Vopiscus raconte que l'avarice de l'empereur Tacite était si basse, qu'il faisait emporter chez lui tout ce qui restait des victimes qu'il offrait en sacrifice, pour en nourrir sa famille ; aussi Théophraste représentant le caractère d'un avare, n'a pas oublié de dire, que lorsqu'il marie sa fille, il fait vendre au marché tout ce qui n'a pas été consumé des victimes qu'il a été obligé d'offrir. Les prêtres de leur côté vendaient aussi les offrandes, et le reste de la chair des victimes qu'ils ne pouvaient consommer.

L'usage des viandes de victimes sacrifiées aux idoles excita une dispute sérieuse du temps des apôtres. Plusieurs chrétiens persuadés que la distinction des viandes pures et impures, ne subsistait plus, depuis que le Sauveur du monde avait aboli les cérémonies légales, et procuré la liberté aux fidèles, achetaient et mangeaient indifféremment ces viandes, sans aucun scrupule. D'autres chrétiens plus ou moins éclairés, étaient offensés de cette conduite de leurs frères, et la traitaient d'impiété et de paganisme ; ils croyaient que les démons habitaient dans les idoles, et qu'ils infectaient la chair des victimes qui leur étaient offertes, de même que le vin dont on faisait des libations à leur honneur ; de sorte que par le moyen de la chair de ces victimes, et de ce vin, les démons passaient dans les personnes qui en mangeaient ou en buvaient.

Cette différence d'opinion alla jusqu'à causer du scandale, et S. Paul crut être obligé de l'arrêter. Il commença par déclarer dans sa I. Epitre aux Corinthiens, ch. Xe 25. que l'idole n'est rien ; ensuite il décida sur ce principe, que l'on pouvait manger de tout ce qui se vend à la boucherie, sans s'informer d'où il venait, et que quand on se trouvait à la table d'un payen, il ne fallait point faire de scrupule de manger de tout ce qui y était servi ; cependant l'apôtre ajoute d'abord après, qu'il est nécessaire d'observer les lois de la prudence et de la charité, et d'éviter de faire de la peine aux âmes faibles ; enfin, il veut que si quelqu'un se scandalise de voir un chrétien manger des viandes immolées, il faut absolument qu'il s'en abstienne, de peur de blesser la conscience de son frère.

Il parait par l'Histoire ecclésiastique que S. Paul eut bien de la peine à convertir les chrétiens scrupuleux, sur leur idée que c'était mal fait de manger des viandes qu'on avait une fois sacrifiées aux idoles. Il y eut même plusieurs pères de l'église qui bornèrent la proposition de l'apôtre ; mangez de tout, c'est-à-dire, de tout ce qui est permis, hormis les viandes sacrifiées aux idoles. Mangez de tout, dit Clément d'Aléxandrie, excepté ce qui a été défendu dans l'Epitre catholique des apôtres. Il veut parler de la lettre que les apôtres écrivirent aux églises, et qui contient les decrets du Concîle de Jérusalem. Act. XVe 24.

Aussi ce savant père ne croyait pas qu'il fût permis de manger ni du sang, ni des choses étouffées, ni des viandes sacrifiées aux idoles. Il y eut plus ; on fit un crime aux Gnostiques d'avoir mangé des victimes sacrifiées aux idoles ; ils devaient pourtant passer pour innocens, s'ils en usaient comme S. Paul l'avait permis, et avec les précautions qu'il recommande. (D.J.)