adj. (Grammaire) Ce mot ne se dit que des auteurs que l'on explique dans les colléges ; les mots et les façons de parler de ces auteurs servent de modèle aux jeunes gens. On donne particulièrement ce nom aux auteurs qui ont vécu du temps de la république, et ceux qui ont été contemporains ou presque contemporains d'Auguste ; tels sont Térence, César, Cornélius Népos, Cicéron, Salluste, Virgile, Horace, Phèdre, Tite-Live, Ovide, Valere Maxime, Velleius Paterculus, Quinte-Curce, Juvénal, Martial, et Frontin ; auxquels on ajoute Corneille Tacite, qui vivait dans le second siècle, aussi-bien que Pline le jeune, Florus, Suétone et Justin.

Mais en latin l'adjectif classicus n'a pas la même valeur ou acception qu'il a en français.

1°. Classicus se dit de ce qui concerne les flottes ou armées navales, comme dans ce vers de Properce :

Aut canerem Siculae classica bella fugae.

L. II. Eleg. I. Ve 28.

Classica corona, la couronne navale qui se donnait à ceux qui avaient remporté la victoire dans un combat naval. Classici, dans Quinte-Curce, 4. 3. 18. signifie les matelots.

2°. Classici cives étaient les citoyens de la première classe ; car il faut observer que le Roi Servius avait partagé tous les citoyens romains en cinq classes. Ceux qui, selon l'évaluation qu'on en fait, avaient mille deux cent cinquante livres de revenu, au moins, ou qui en avaient davantage ; ceux-là, dis-je, étaient appelés classiques. Classici dicebantur primae tantùm classis homines, qui centum et viginti quinque millia aeris, amplius-ve, censi erant. Aul. Gell. 7. 13. Classici testes, se disait des témoins irréprochables, pris de quelque classe de citoyens. Classici testes, dit Festus, dicebantur qui signandis testamentis adhibebantur. Et Scaliger ajoute : qui enim cives romani erant, omnino in aliqua classe censebantur ; qui non habebant classem, nec cives romani erant.

C'est de-là que dans Aulugelle, 19. 8. autores classici ne veut pas dire les auteurs classiques, dans le sens que nous donnons parmi nous à ce mot ; mais autores classici signifie les auteurs du premier ordre, scriptores primae notae et praestantissimi, tels que Cicéron, Virgile, Horace, etc. (F)

On peut dans ce dernier sens donner le nom d'auteurs classiques français, aux bons auteurs du siècle de Louis XIV. et de celui-ci ; mais on doit plus particulièrement appliquer le nom de classiques aux auteurs qui ont écrit tout-à-la-fais élégamment et correctement, tels que Despréaux, Racine, etc. Il serait à souhaiter, comme le remarque M. de Voltaire, que l'Académie française donnât une édition correcte des auteurs classiques avec des remarques de Grammaire.