S. m. lentiscus, (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante qui diffère du térébinthe en ce que les feuilles naissent par paires sur une côte qui n'est pas terminée par une seule feuille, comme la côte qui soutient les feuilles du térébinthe. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez PLANTE.

LENTISQUE, lentiscus, arbre de moyenne grandeur qui est toujours verd. Il croit naturellement dans les provinces méridionales de ce royaume, en Espagne, en Italie, dans la Grèce, aux Indes, etc. Cet arbre prend de lui-même une tige assez droite ; il se garnit de beaucoup de branches, dont l'écorce est cendrée : sa feuille est composée de huit folioles, rangées par paires sur un filet commun qui n'est point terminé par une foliole unique, comme cela se trouve ordinairement dans les feuilles conjuguées. Le lentisque mâle donne ses fleurs au mois de Mai : elles viennent en grappes aux aisselles des feuilles, et leur couleur herbacée est relevée d'une teinte de pourpre. Les fruits viennent sur le lentisque femelle ; ce sont de petites baies qui deviennent noires en meurissant ; elles sont d'un goût acide, et elles renferment un noyau qui est petit, oblong, dur et noir. Cet arbre est délicat ; il lui faut un terrain sec et l'exposition la plus chaude, pour résister en plein air aux hivers ordinaires dans nos provinces septentrionales. Mais, à moins de grandes précautions, il arrivera quelquefois qu'il sera fort endommagé par les grands froids : cependant si l'arbre est dans sa force, il poussera de nouveaux rejetons. On peut le multiplier de graines ou de branches couchées. Il faut semer la graine dans des terrines au printemps ; elle ne levera qu'à l'autre printemps : l'année suivante, au mois d'Avril, il faudra transplanter les jeunes plants dans des petits pots, et au bout de trois ou quatre ans, on pourra les mettre en pleine terre : en supposant néanmoins qu'on aura eu soin de mettre pendant chaque hiver soit les terrines, soit les pots, à l'abri des gelées. Les branches couchées se font au printemps ; il faut les marcotter et les arroser souvent : cependant elles ne feront de bonnes racines que pendant la seconde année, et on pourra les transplanter en plein air au mois d'Avril de la troisième. Il faudra encore des précautions pour les garantir des gelées pendant les deux ou trois premiers hivers ; après quoi les soins ordinaires suffiront, avec l'attention pourtant de ne pas couper le bout des branches ; il vaudra mieux retrancher en entier celles que l'on voudra supprimer pour faire une tige à cet arbre. Il fait naturellement une tête régulière, et il s'élève à douze ou quatorze pieds.

Au moyen des incisions que l'on fait au tronc et aux grosses branches du lentisque, il en découle une résine, que l'on appelle mastic, et que l'on emploie à plusieurs usages ; on s'en sert en Médecine, et on le fait entrer dans la composition de différents vernis. Les Turcs mâchent habituellement du mastic, pour fortifier leurs gencives, blanchir leurs dents, et avoir l'haleine agréable. On tire des fruits du lentisque, une huîle qui est bonne à bruler, et qui entre dans quelques compositions de la Pharmacie. Le bois de cet arbre a aussi des propriétés, celle entr'autres de fortifier les gencives ; ce qui a fait imaginer d'en faire des curedents. Voici les différentes espèces de cet arbre :

1°. Le lentisque ordinaire, ou lentisque de Montpellier. C'est principalement à cette espèce qu'il faut appliquer tout ce qui précède.

2°. Le lentisque cultivé à larges feuilles, que les Grecs d'aujourd'hui distinguent par le nom de schinos.

3°. Le lentisque blanc cultivé, connu à Scio sous le nom de schinos-aspros.

4°. Le lentisque sauvage, appelé piscari par les mêmes Grecs.

5°. Le lentisque sauvage, que les Grecs nomment votomas.

6°. Le lentisque nain, on peut voir cette espèce dans les jardins de Trianon.

Les cinq dernières espèces sont encore très-rares. C'est dans l'île de Scio qu'on les cultive pour en tirer le mastic ; on trouvera un plus ample détail à ce sujet dans le traité des arbres de M. Duhamel.

LENTISQUE, (Matière médicale) on recommande fort la vertu astringente, fortifiante et balsamique du bois de lentisque, dans les éphem. d'Allemagne, decad. 3. an. 9. et 10. Dioscoride avait déjà reconnu la première de ces vertus dans toutes les parties de cet arbre. La décoction de bois de lentisque a été célébrée sous le nom d'or potable végétal, comme une panacée singulière pour guérir la goutte, les faiblesses d'estomac, apaiser les vomissements opiniâtres, dissiper les vents, exciter les urines, chasser les calculs, affermir les dents chancelantes, et fortifier les gencives, etc.

Les Pharmacologistes comptent parmi les propriétés médicinales du bois de lentisque, la vertu des curedents qu'on en fait pour raffermir les gencives.

Il est dit dans la Pharmacopée de Paris qu'on fait une eau distillée du bois de lentisque, et une huîle par infusion et par décoction avec ses baies : cette eau doit être aromatique et par conséquent médicamenteuse, et cette huîle doit être chargée de parties balsamiques et résineuses, prises dans les baies employées à la préparer.

Cet arbre fournit encore une drogue simple à la médecine, savoir le mastic. Voyez MASTIC. (b)