v. act. (Manège) terme qui dans sa véritable acception, signifie et désigne non-seulement l'action de donner un mors quelconque à un cheval, mais l'art de le fabriquer et de l'approprier parfaitement à l'animal auquel on le destine.
Il est aussi difficîle de fixer avec précision le temps où les hommes ont imaginé de réduire le cheval et de le maitriser, en profitant adroitement de la sensibilité de sa bouche et de la disposition de cet organe à subir les diverses impressions de la main du cavalier, qu'il le serait de déterminer véritablement celui où nous avons commencé à triompher de cet animal, et à le faire servir à nos besoins et à notre usage. D'un côté ces points de fait sont ensevelis dans une nuit dont il ne nous est pas permis de percer l'obscurité ; et de l'autre, ce que la tradition nous en apprend, en la supposant même dépouillée de toute ambiguité, ne nous conduirait point exactement au vrai nœud de la difficulté que nous nous proposerions d'éclaircir et de resoudre. Nous ne pouvons douter que dans la langue des Grecs, une grande partie des termes consacrés à la navigation étaient adaptés à l'équittation. Nous trouvons dans Suidas celui de ou de coureur, également employé pour désigner des vaisseaux legers et des chevaux de course. Nous voyons qu'Homère appelait les vaisseaux, des chevaux de mer, : il nomme encore le pilote, le cocher d'un vaisseau. Pindare, le premier qui parmi les poètes dont les ouvrages sont parvenus jusqu'à nous, ait donné Pégase pour monture à Bellérophon, et qui ait prétendu que Minerve surnommée par cette raison Chalinitis, lui a montré l'art de le dompter et de lui mettre un frein, appelle lui-même du nom de brides les ancres qui servent à fixer les vaisseaux ; tandis que Nonnus met en usage le mot , qui signifie frein, pour désigner les gouvernails des vaisseaux de Cadmus. Or quand nous ne serions pas fondés à inférer de ces expressions avec M. Freret (Voyez le vol. XIII. des mém. de l'acad. des Inscript. et Belles-Lett.), que le Pégase de Pindare était constamment un vaisseau dont Bellérophon s'empara, et la bride prétendue que Minerve lui donna, un gouvernail qu'il construisit ; et que nous pourrions croire au contraire que ce Pégase était un cheval, et cette bride une sorte de mors, nous n'en serions pas plus satisfaits et plus instruits, relativement à l'époque certaine de l'invention des embouchures, et relativement encore à l'espèce de celle à laquelle ce même Bellérophon aurait eu recours. Des recherches sur le genre de ce frein seraient d'autant plus infructueuses, qu'aucun auteur ne nous en offre le plus leger indice ; et peut-être aussi que si quelques-uns d'entr'eux l'avaient caractérisé par quelques dénominations particulières, ce qu'ils nous en auraient dit ne serait pas plus instructif que leur silence. Il est constant, par exemple, qu'au temps où vivait Xénophon, on embouchait les chevaux ; non-seulement il nous donne des préceptes sur la manière de brider l'animal, infrenetur, mais il s'exprime en termes trop clairs et trop positifs, pour que nous puissions résister à l'évidence de ce fait, ferrum freni sive lupos. Sommes-nous néanmoins plus éclairés sur la forme de ces loups, ou de ces freins louvetés dont nous parlent encore Ovide, Silius, Horace, et
Virgile ?
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