(Histoire naturelle, Minéralogie) aluta montana, corium fossile. C'est une espèce d'amiante fort légère : les fibres ou filets qui composent cette pierre sont flexibles, et s'entrelacent de manière qu'ils forment comme des feuillets. M. Wallerius en distingue deux variétés ; la première est le cuir fossîle grossier ; la seconde est le cuir fossîle fin : ce dernier est composé de feuillets fort minces qui le font ressembler à du papier gris, ce qui fait qu'on le nomme aussi papier fossîle (papyrus montana). Voyez la minéralogie de Wallerius, tome I. pag. 266. et suiv. (-)

CUIR, s. m. (Tannerie) c'est la peau des animaux différemment préparée, suivant les divers usages qu'on en veut faire. Voyez PEAU et TANNER.

Les cuirs ont divers noms, qu'ils prennent ou de l'état actuel où ils sont, ou de leurs différentes espèces, qualité, et apprêts.

Cuir corroyé, est un cuir qui après avoir été pelé, coudré, et tanné, a passé par les mains du corroyeur, qui lui a donné les dernières préparations, pour le disposer à être employé par ceux qui le mettent en usage. Voyez CORROYER.

Cuir verd ou crud, est celui qui n'a reçu aucune préparation, étant encore tel qu'il a été levé par le boucher de dessus le corps de l'animal. Voyez BOUCHER.

Cuir salé, est un cuir verd qu'on a salé avec du sel marin et de l'alun, ou avec du salpetre, pour empêcher qu'il ne se corrompe, soit en le gardant trop longtemps dans les caves, soit en le transportant dans les tanneries éloignées pendant les grandes chaleurs.

Cuirs secs à poils ; ce sont pour l'ordinaire des peaux de bœufs, de vaches, ou de bufles, qu'on nous apporte de l'Amérique. Voyez BUFLE et BOUCANIER.

Cuir tanné, est un cuir verd, ou salé, ou sec, dont on fait tomber le poil dans le plain par le moyen de la chaux détrempée avec de l'eau, et qui a été mis ensuite dans la fosse au tan. Voyez TANNER.

Cuir plaqué, est un cuir fort ou gros cuir, qui après avoir été tanné a été séché à l'air, et nettoyé dans son tan.

Les Tanneurs mettent ces sortes de cuirs dans des lieux ni trop humides ni trop secs, bien étendus et empilés les uns sur les autres, avec de grosses pierres ou poids par-dessus pour les bien redresser et aplatir ; et c'est cette dernière façon qui leur a fait donner le nom de cuirs plaqués.

Cuir coudré, ou cuir passé en coudrement ; c'est un cuir de vache, de cheval, ou de veau, qu'on a étendu dans une cuve où l'on a jeté de l'eau chaude et & du tan par-dessus, pour le rougir ou coudrer, et pour lui donner le grain.

On ne donne cet apprêt au cuir qu'après l'avoir fait passer par le plain, et avant de le mettre dans la fosse avec le tan. Voyez le diction. du Comm.

CUIR FORT ; ce sont de gros cuirs tels que ceux de bœufs, vaches, orignal, et autres qui ont été préparés dans le plain avec la chaux, et ensuite dans la fosse avec le tan. On les appelle forts, pour les distinguer des autres cuirs plus faibles, comme ceux de veaux, de moutons, d'agneaux, de chèvres, et autres semblables.

Les cuirs de vaches tannés en fort, sont ceux qu'on n'a pas passés en coudrement, mais qui ont été tannés à la manière des cuirs forts. Voyez TANNER.

CUIR DORE, on appelle ainsi une espèce de tapisserie faite de cuir, où sont représentées en relief diverses sortes de grotesques relevées d'or, d'argent, de vermillon, ou de différentes autres couleurs.

Cette tapisserie est composée de plusieurs peaux de mouton passées en basanne, coupées en feuilles carrées, qu'on a cousues les unes avec les autres après leur avoir donné une nouvelle préparation, qui les a disposées à recevoir le relief, l'or, l'argent, les couleurs, et le vernis dont les ouvriers les enrichissent.

Les lieux de France où il se fabrique le plus de tapisserie de cuir doré, sont Paris, Lyon, et Avignon ; il en vient aussi beaucoup de Flandres, qui se manufacturent presque toutes à Lille, à Bruxelles, à Anvers, et à Malines ; celles de cette dernière ville sont les plus estimées de toutes.

Plusieurs prétendent que les premières tapisseries de cuir doré qui ont paru en France venaient d'Espagne, et que ce sont les Espagnols qui en ont inventé la fabrique : cependant il ne s'en voit plus en France de leur manufacture, soit qu'ils aient discontinué, ou qu'ils l'aient transportée en Flandres. Dictionnaire du Comm.

CUIR DE POULE, (Gantier) peau très-mince dont ces ouvriers font des gants de femme.

CUIR DE HONGRIE, (Hongrieur) c'est une espèce de cuir qui tire son nom des Hongrois, qui seuls avaient autrefois le secret de le préparer.

Il n'y a pas longtemps que l'on connait en France la manière de préparer le cuir de Hongrie. On prétend que ce fut Henri IV. qui en établit la première manufacture ; pour cet effet il envoya en Hongrie un tanneur fort habîle nommé Roze, qui ayant découvert le secret, revint en France, où il fabriqua cette espèce de cuir avec beaucoup de succès.

Manière de fabriquer les cuirs d'Hongrie. Toutes sortes de cuirs de bœufs, de vaches, de chevaux, et de veaux, sont propres à recevoir cet apprêt ; mais il s'en fabrique plus de ceux de bœufs que d'autres. Les peaux de bœufs étant arrivées de la boucherie, on en coupe les cornes, et on les fend en deux bandes de la tête à la queue ; après quoi on les écharne sur un chevalet avec un instrument appelé une faux, qui est emmanché par un bout, en prenant bien garde de ne point enlever la fleur du cuir. Voyez la figure 6. Planche de l'Hongrieur. Ensuite on les jette dans la rivière pour y être rincés, dans laquelle néanmoins elles ne doivent pas séjourner longtemps, de crainte que le gravier ne s'y attache. On les retourne de temps en temps avec une longue pince de fer, afin d'en ôter le plus gros du sang qui peut y être resté, et en même temps d'humecter le poil. Après les avoir tirés de la rivière, on les étend cinq ou six à la fois sur un chevalet, le côté de la chair en-dessous, et alors on en rase le poil avec une faux que l'on a soin d'éguiser de temps en temps avec le queux : cela fait, on les rejette encore dans la rivière, où on les laisse boire pendant deux jours plus ou moins, selon le temps, afin d'en faire sortir tout le reste du sang. Cette opération s'appelle désaigner ; ensuite on les tire de l'eau, on les roule, et dans cet état on les met égoutter sur un banc pendant un temps suffisant, et jusqu'à ce qu'il n'en sorte plus d'eau.

Quand les cuirs ont été bien désaignés et égouttés, on les alune, c'est-à-dire que l'on fait bouillir dans de l'eau trois livres d'alun et cinq livres de sel par peau, dans une chaudière (fig. 7.) qui peut bien contenir douze seaux, d'où on en tire deux seaux que l'on met dans une baignoire, où un ouvrier presque nud foule trois cuirs à la fois pendant une heure, dans lequel temps on renouvelle l'eau quatre fois ; après quoi on retire les cuirs de la baignoire, on les couche pliés en quatre la chair en-dehors dans une cuve. On fait la même opération aux autres peaux ; et lorsque toute la fonte est faite, et toutes les peaux ainsi étalées dans la cuve, on jette cette eau alunée par-dessus les cuirs ; ce qui s'appelle mettre les cuirs en retraite pour prendre de la nourriture.

Le lendemain on les retient et change de cuve, après quoi on fait réchauffer la même eau et on les y trempe pendant trois ou quatre jours l'été, et plus pendant l'hiver ; on les refoule de nouveau, et le lendemain on les met égoutter et sécher à l'air pendus par la culée. Cette opération faite, on les detire ; et quand ils sont à moitié secs, on les dresse, c'est-à-dire que l'on les passe à la baguette (Voyez BAGUETTE et la fig. 5.), après quoi on les met en pile.

Il ne s'agit plus pour lors que de les mettre en suif ; pour cet effet on les roule encore avec la baguette de fleur et de chair, c'est-à-dire des deux côtés, et on les étend sur des perches G G G dans une étuve, pour les préparer à prendre ce suif. Dans cet état on les met sur une table bien étalés, et on les frotte de suif chaud avec un guipon, beaucoup sur la chair, et légèrement sur la fleur ; chaque peau prend environ sept à huit livres de suif. On reporte les peaux suiffrées sur une autre table, où on les empîle jusqu'à ce que la même opération ait été faite à tous les cuirs. Voyez la fig. 1. Cela fait, deux ouvriers (fig. 3. et 4.) les tiennent suspendus les uns après les autres au-dessus d'une grille de fer C, sous laquelle il y a des charbons allumés, afin que la chaleur fasse pénétrer le suif dans le cuir ; ensuite on les remet à l'étuve pendant une demi-heure, toujours la chair en-dessus, après quoi on les met sécher sur des perches. Le lendemain l'ouvrier y applique sa marque, les pese, et en marque le poids.

Les instruments dont se servent les Hongrieurs pour la fabrique du cuir d'Hongrie, sont une brouette pour porter les peaux à la rivière et les en rapporter ; un couteau ordinaire pour en ôter les cornes ; un chevalet et une faux emmanchée d'un manche de bois ; un queux pour aiguiser la faux ; un banc pour les égoutter ; une chaudière pour faire bouillir le suif ; des seaux pour en puiser l'eau ; une baignoire pour fouler les cuirs ; des cuves pour leur faire prendre nourriture ; des perches pour les étendre ; la baguette E pour les couler ; une table pour les suiffrer ; une grille de fer pour leur faire prendre le suif ; un guipon pour y appliquer le suif, et un fourneau pour faire chauffer l'alun et le suif. Voyez chacun de ces articles à leur lettre.

CUIRS DE BALLES, termes d'Imprimeur, ce sont des peaux de mouton crues dont la laine a été séparée, et qui sont préparés pour l'usage des Imprimeries. On taille dans ces peaux des coupons d'environ deux pieds et demi de circonférence, lesquels servent à monter les balles. On a soin de les entretenir humides, au moyen d'une autre peau de cette espèce qui les double, et que l'on appelle doublure. Voyez BALLES et LAINE.

CUIR (monnaie de), Commerce : l'histoire est remplie de faits où les événements et les occasions pressantes ont forcé des princes, des généraux d'armées, ou des gouverneurs, de faire frapper des monnaies de cuir.

On coupait un morceau de cuir noir en cercle, et on passait au centre une espèce de clou d'or ou d'argent, et au lieu de le river, on le frappait au marteau à l'opposition de la tête avec un poinçon à fleur-de-lis, et l'on attachait un prix selon les occurrences à cette espèce de monnaie.

On en trouve dans les cabinets des curieux. Il y en eut de frappées sous Louis IX. le royaume ayant été épuisé alors d'argent par les malheurs qui suivirent l'entreprise de la Terre-Sainte. Voyez CROISADE.

CUIR A RASOIR, (Perruq.) est une bande de cuir préparé, appliquée sur un morceau de bois qui lui sert de manche, et à l'aide de laquelle on donne le fil aux rasoirs, et on en adoucit le tranchant en les frottant dessus, après qu'ils ont été repassés sur la pierre.

On fait à présent de ces sortes de cuirs qui sont carrés, et ont quatre faces moins unies les unes que les autres, sur lesquelles on passe successivement le rasoir, en commençant par la surface la moins polie, et finissant par la plus douce, afin d'adoucir le rasoir par degrés.