Histoire naturelle fabuleuse

S. m. (Histoire naturelle fabuleuse) en latin leococrotta, leucocrotta, ou leocrocotta ; car on trouve ce mot écrit de toutes ces manières différentes ; et il importerait peu de rechercher avec Saumaise, Vossius et le P. Hardouin quelle est la leçon des meilleurs manuscrits pour un animal imaginaire d'Ethiopie ; Pline nous dit dans son histoire, liv. VIII. c. xx. que le léococrotte est fort léger à la course, qu'il est de la grosseur d'un âne sauvage, ayant la tête d'un taisson, la croupe du cerf, l'encolure, la queue, le poitrail du lion, le pied fourchu, la gueule fendue jusqu'aux oreilles, et formant un os continu, qui lui prend toute la mâchoire et qui est dénué de dents. Le même Pline, dans un des chapitres suivants, chap. xxx. prétend que ce monstre est né de l'accouplement d'une lionne et d'une hyene mâle ; que ses mâchoires coupent comme un rasoir ; et que, pour empêcher qu'en les frottant continuellement l'une contre l'autre, elles ne perdent leur taillant, il les retire en-dedans, comme dans un étui. Enfin le même historien ajoute que le léococrotte contrefait la voix des hommes et des bêtes. C'en est assez pour conclure que cet animal est un de ceux dont l'existence est très-suspecte, ou, pour mieux dire, fabuleuse. Les Grecs n'en parlent point, mais ils parlent assez souvent du crocotte, animal bâtard, né d'une chienne et d'un loup ; et tout ce qu'ils en disent, sent également la fable.
S. m. (Histoire naturelle fabuleuse) oiseau merveilleux qui, selon les idées populaires, vivait plusieurs siècles, et en mourant produisait de la moèlle de ses os un petit ver qui formait un nouveau phoenix.

Les Egyptiens, dit Hérodote dans son Euterpe, ont un oiseau qu'ils estiment sacré, que je n'ai jamais Ve qu'en peinture. Aussi ne le voit-on pas souvent en Egypte, puisque, si l'on en croit ceux d'Héliopolis, il ne parait chez eux que de cinq en cinq siècles, et seulement quand son père est mort. Ils disent qu'il est de la grandeur d'une aigle, qu'il a une belle houppe sur la tête, les plumes de son cou dorées, les autres pourprées, la queue blanche mêlée de pennes incarnates, des yeux étincelans comme des étoiles. Lorsque chargé d'années, il voit sa fin approcher, il se forme un nid de bois et de gommes aromatiques, dans lequel il meurt. De la moèlle de ses os il nait un ver d'où se forme un autre phoenix. Le premier soin de celui-ci est de rendre à son père les honneurs de la sépulture ; et voici comme il s'y prend, selon le même Hérodote.