S. m. (Géographie) sinus, et dans la basse latinité gulphus. Le golfe est un bras ou étendue de mer qui s'avance dans les terres, où elle est renfermée tout-à-l'entour, excepté du côté de son embouchure.

Les golfes d'une étendue considérable sont appelés mers ; telles sont la mer Baltique, la mer Méditerranée, la mer de Marmara, la mer Noire, la mer Rouge, la mer Vermeille.

On distingue les golfes propres et les golfes impropres, les golfes médiats, et les golfes immédiats.

Les golfes propres sont séparés de l'Océan par des bornes naturelles, et n'ont de communication avec la mer à laquelle ils appartiennent, que par quelque détroit, c'est-à-dire par une ou plusieurs ouvertures moins larges que l'intérieur du golfe. Telle est la Méditerranée qui n'a de communication à l'Océan, que par le détroit de Gibraltar ; telle est la mer Rouge, qui communique à l'Océan par le détroit de Babelmandel ; tel est le golfe Persique qui n'a point de sortie que par le détroit d'Ormus ; telle est la mer Baltique, qui a pour entrée les détroits du Belt et du Sond ; tel est le golfe de Kamtschatka, à l'extrémité orientale de la Tartarie : tels sont enfin la mer Blanche et le golfe de Venise, etc.

Les golfes impropres sont plus évasés à l'entrée, et plus ouverts du côté de la mer, dont ils font partie ; tels sont le golfe de Gascogne, et le golfe de Lion en France, le golfe de Saint-Thomas en Afrique, les golfes de Cambaye, de Bengale, et de Siam en Asie, le golfe de Panama en Amérique.

Le golfe médiat, est celui qui communique à l'Océan, sans autre golfe entre deux, comme la mer Baltique, la mer Rouge, le golfe Persique, etc.

Le golfe immédiat, est celui qui est séparé de l'Océan par un autre golfe ; soit qu'il en fasse une partie, comme le golfe de Venise, le golfe de Smirne, le golfe de Satalie, les golfes d'Engin, de Vélo, de Salonichi, etc. qui font partie de la Méditerranée ou de l'Archipel ; soit qu'il forme une mer à part, resserrée dans ses propres limites, que la nature lui a marquées, comme la mer de Marmara, qui communique avec l'Archipel ; ou comme la mer Noire qui communique avec la mer de Marmara.

Le golfe diffère de la baie, en ce qu'il est plus grand, et la baie plus petite. Il y a pourtant des exceptions à faire, et l'on connait des baies plus grandes que certains golfes, et qui par conséquent méritent mieux d'être appelés golfes. Telles sont la baie de Hudson, la baie de Baffin, etc. Mais on leur a donné cette qualification de baie, avant que d'en avoir connu l'étendue ; et d'ailleurs les Navigateurs qui font les premières découvertes, n'y regardent pas de si près, et ne cherchent pas tant de justesse dans les dénominations.

L'anse est une espèce de golfe, mais plus petit encore que la baie.

Les petits golfes des îles françaises de l'Amérique, sont appelés cul-de-sac.

Les golfes sont en si grand nombre, qu'il serait très difficîle d'en donner une liste exacte ; mais pour dresser une table des golfes, nous exposerons aux yeux la méthode que M. Gordon a ébauchée ; elle servira de règle à ceux qui voudront la complete r dans leurs travaux géographiques.

TABLE DES GOLPHES.

GOLPHE D'ARGUIN, (Géographie) golfe de l'Océan sur la côte d'Afrique. Il prend son nom d'une île qui y est située. Le dedans de ce golfe est tout semé de bancs, de battures, et d'iles désertes peuplées d'une infinité de poissons de toutes espèces, qui n'ont rien à craindre de la part des hommes. Il n'est pas même permis aux bâtiments les plus médiocres de chercher à pénétrer dans l'intérieur de ce golfe pour y chercher leur salut, ils se briseraient mille fois sur la route. (D.J.)

GOLPHE DE BENGALE, (Géographie) grand golfe d'Asie dans la mer des Indes, dont il fait une partie considérable entre la presqu'île de-là le Gange, et la presqu'île de de-çà. Il est borné au couchant par les côtes de Coromandel, de Gergelin, et d'Orixa ; au Nord par le royaume de Bengale ; au Levant par les royaumes d'Aracan, d'Ava, de Pégu, et de Siam. Sa profondeur est depuis environ les 7d. jusqu'au 21d. 45'. de lat. septentrionale. Sa largeur est d'environ 16d. en longit. et Ve toujours en retrécissant vers le Nord, jusqu'aux bouches du Gange. Les principales îles de ce golfe sont, Ceylan, les îles du Gange, quantité de petites îles le long des côtes d'Avas, du Pégu, et de Siam, entr'autres les îles des Andamants, de Ténasserim, de Junsalam, et de Nicobar. (D.J.)

GOLPHE DE LION, (Géographie) sinus Leonis ; ce golfe s'étend sur la côte de France, le long d'une partie de la Provence, depuis les îles d'Hières, du Languedoc, et du Roussillon, jusqu'au cap de Creu.

Il faut écrire comme nous avons fait golfe de Lion, et non pas de Lyon, d'autant mieux qu'on convient communément aujourd'hui, que ce n'est point la ville de Lyon qui donne le nom à ce golfe, connu des anciens sous le nom de gallicus sinus, mais qu'il le tire de la petite île du Lion, qui est sur la côte de Provence, ou peut-être, de ce que les Espagnols l'ont appelé golpho Leone, faisant allusion aux tempêtes qui y sont fréquentes. (D. J).

GOLPHE PERSIQUE, (Géographie) grand golfe d'Asie, entre la Perse et l'Arabie heureuse. Ce golfe commence proche du royaume de Sindi, où le fleuve Indus se décharge dans la mer, et finit à l'embouchure de l'Euphrate et du Tigre, ayant à droite la Perse, qui lui donne le nom qu'il porte, et à gauche l'Arabie. On trouve dans ce golfe une grande quantité de corail noir, et l'on y pêche de très-belles perles. (D.J.)