(Géographie) ville de l'Amérique méridionale au Pérou, dont elle est la capitale, ainsi que la résidence du vice-roi, avec un archevêché érigé en 1546, et une espèce d'université, dirigée par des moines, et fondée par Charles-Quint en 1545.

Français Pizarre jeta les fondements de Lima en 1534 ou 1535, et douze Espagnols sous ses ordres commencèrent à s'y loger. Le nombre des habitants augmenta promptement ; on alligna les rues, on les fit larges, et on divisa la ville en carrés, que les Espagnols appellent quadras.

Le roi d'Espagne y établit un vice-roi, avec un pouvoir absolu, mais dont le gouvernement ne dure que sept ans ; les autres charges se donnent, ou plutôt se vendent, pour un temps encore plus court, savoir pour cinq ans, pour trois ans. Cette politique, établie pour empêcher que les pourvus ne forment des partis contre un prince éloigné d'eux, est la principale cause du mauvais gouvernement de la colonie, de toutes sortes de déprédations, et du peu de profit qu'elle procure au roi ; aucun des officiers ne se soucie du bien public.

Le père Feuillée, M. Frezier, et les lettres édifiantes, vous instruiront en détails très-étendus, du gouvernement de Lima, de son audience royale, de son commerce, de ses tribunaux civils et ecclésiastiques, de son université, de ses églises, de ses hôpitaux, et de ses légions de moines, qui par leurs logements, ont absorbé la plus belle et la plus grande partie de la ville ; ils vous parleront aussi de la quantité de couvens de filles, qui n'y sont guère moins nombreux ; enfin des mœurs dissolues qui règnent dans un pays, où la fertilité, l'abondance de toutes choses, la richesse et l'oisiveté, ne peuvent inspirer que l'amour et la mollesse.

On n'y éprouve jamais l'intempérie de l'air, les nuages y couvrent ordinairement le ciel, pour garantir ce beau climat des rayons que le soleil y darderait perpendiculairement. Ces nuages ne font quelquefois que s'abaisser en brouillards, pour rafraichir la surface de la terre, fertîle en toutes fortes de fruits délicieux de l'Europe et des îles Antilles, oranges, citrons, figues, raisins, olives, ananas, goyaves, patates, bananes, sandies, melons, lucumos, chérimolas, et autres.

Les campagnes de la grande vallée de Lima offrent des prairies vertes toute l'année, ici tapissées de luzerne, là des fruits dont nous venons de parler : la belle rivière de Lima arrose cette vallée par une infinité de canaux pratiqués au milieu des plaines.

En un mot, Lima donnerait l'idée du séjour le plus riant, si tous ces avantages n'étaient pas troublés par de fréquents tremblements de terre, qui doivent inquieter sans cesse ses habitants. Il y en eut un le 17 Juin 1678, qui ruina une grande partie de la ville. Celui de 1682 démolit presque entièrement les édifices publics. Depuis la plupart des maisons des particuliers y ont été faites généralement d'un seul étage, et seulement couvertes de roseaux, sur lesquels on répand de la cendre, pour empêcher que la rosée ne passe à-travers.

Enfin, le 28 Octobre 1746, on entendit à Lima, sur les dix heures et demie du soir, un bruit souterrain, qui précède toujours en ce pays-là les tremblements de terre, et dure assez longtemps pour qu'on puisse sortir des maisons. Les secousses vinrent ensuite, et furent si violentes, qu'en quatre à cinq minutes de temps, il n'est resté de toute cette capitale que vingt maisons sur pied. Soixante-quatorze églises ou couvens, le palais du vice-roi, l'audience royale, les hôpitaux, les tribunaux, et tous les édifices publics, qui étaient plus élevés et plus solidement bâtis que les autres, ont été ruinés de fond en comble.

Le Callao, ville fortifiée et port de Lima, à deux lieues de cette capitale, fut vraisemblablement renversé par les mêmes secousses ; dans le même temps où le tremblement se fit sentir, la mer s'éloigna du rivage à une grande distance ; elle revint ensuite avec tant de furie, qu'elle submergea treize des vaisseaux qu'elle avait laissés à sec et sur le côté dans le port. Elle porta quatre autres vaisseaux fort avant dans les terres, où elle s'étendit à une de nos lieues, rasant entièrement Callao et engloutissant tous ses habitants, au nombre d'environ cinq mille, et plusieurs de ceux de Lima qu'elle trouva sur le chemin.

Les oscillations que fit la mer jusqu'à-ce qu'elle eut repris son assiette naturelle, couvrirent les ruines de cette malheureuse ville de tant de sable, qu'il reste à peine quelque vestige de sa situation. On avait trouvé déjà onze cens quarante-un corps ensevelis sous ses décombres au départ du premier vaisseau qui porta cette triste nouvelle en Europe ; j'ignore combien on en a déterré dans la suite.

Mais on a travaillé insensiblement à tirer des ruines de Lima la plus grande partie des effets précieux qui y ont été enfouis, et à rebâtir les édifices publics plus bas qu'ils n'étaient avant cet accident.

Cette ville a à l'orient les hautes montagnes des Andes, autrement appelées les Cordelières ; elle est arrosée par la belle rivière qui descend de ces hautes montagnes, au sud est la grande vallée de Lima, dont nous avons parlé.

La position de cette ville sur la carte d'Amérique, publiée en 1700 par M. Halley, revient à 78 degrés, 40 minutes de longitude occidentale du méridien de Paris ; et suivant le père Feuillée, la long. est 275d. 53'. 30''. lat. 12d. 3'. 16''. Selon Cassini la long. de cette ville est 299d. 1'. 0''. lat. 12. 1. 15. (D.J.)

LIMA, l'Audience de (Géographie) grande province du Pérou, dont Lima la capitale a succédé à Cusco. Cette province est bornée au nord par l'Audience de Quito, à l'orient par la Cordelière des Andes, au midi par l'Audience de los Charcas, et à l'occident par la mer du sud. Les principales montagnes qu'on trouve dans cette Audience, sont la Sierra et les Andes. La rivière de Moyabamba prend sa source dans cette province, et après avoir été grossie des eaux de plusieurs autres rivières, elle Ve se jeter dans celle des Amazones. (D.J.)

LIMA, la vallée de, (Géographie) appelée aussi avant Pizarre, la vallée de Rimac, du nom de l'idole qui y rendait des oracles ; or soit par la corruption du mot, soit par la difficulté aux Espagnols de dire Rimac, ils ont prononcé Lima : cette vallée s'étend principalement à l'ouest de la ville de Lima jusqu'à Callao, et au sud jusqu'à la vallée de Pachacamac. La luzerne y vient en abondance, et sert à nourrir les bêtes de charge pendant toute l'année. (D.J.)

LIMA, la rivière de, (Géographie) belle rivière de l'Amérique méridionale au Pérou, dans l'Audience et dans la vallée de Lima : elle descend de ces hautes montagnes de la Cordelière des Andes, passe au nord de la ville de Lima, et le long de ses murailles ; elle arrose toute la vallée par un grand nombre de canaux qu'on a pratiqués, et Ve se jeter dans la mer, au nord de la ville de Callao, détruite par le tremblement de terre de 1746, où elle fournit de l'eau pour l'aiguade des vaisseaux. (D.J.)