(Géographie) Les François disent et écrivent Norwège ou Norvège, royaume d'Europe, dans la Scandinavie, entre la Suède et la mer, sur laquelle il est panché en forme d'une côte de baleine. Il s'étend du midi au nord, depuis le 59e degr. jusqu'au 72e. de latit. et depuis le 26e. degr. jusqu'au 52e. de longit. On lui donne environ 400 lieues de côtes, et 75 de largeur.

Son nom est formé de nord et de weg, chemin du nord ; et il a reçu vraisemblablement ce nom de sa situation vers le pôle arctique. Les Latins l'ont nommé Nortmannia, du nom de ses peuples connus sous celui de Normanni qui signifie hommes du nord. Les anciens l'ont appelé Nerigon. Les Sithons qui l'habitèrent originairement, ont longtemps vécu sans lois et sans religion.

Les historiens font commencer la succession chronologique des rois de Norwegue vers le milieu du Xe siècle, par Harald ; et plusieurs continuent cette succession jusqu'en 1387, que ce royaume fut incorporé à celui de Danemarck. Il est gouverné par un vice-roi qui a un pouvoir absolu, et qui réside à Berghen capitale du royaume.

Le froid est extrême en Norwegue, et le terrain infertile, sablonneux, plein de cailloux ; outre que les rochers, les bois, et les montagnes en occupent la plus grande partie ; tout ce qu'on en peut tirer, et qui fait tout le commerce de la Norwegue, consiste en mâts de vaisseaux, en poix, en goudron, en fourrures, et en poisson salé.

La stérilité qui rend les pays méprisables, servit autrefois à la gloire de celui-ci ; puisqu'elle fut la cause des fameuses irruptions de la plupart de ses habitants sur les côtes de la Frise et des îles britanniques, et comme la base de leurs conquêtes et de leur établissement dans une des meilleures provinces de France : à quoi on peut ajouter le grand nom que leurs descendants se sont fait en Europe, sous celui de Normands, par leurs exploits en Angleterre, en France, et jusque dans l'Italie et dans la Grèce.

Aujourd'hui les habitants de Norwegue passent pour être forts, vigoureux, grossiers et bons matelots. Les Lapons qui habitent la partie la plus septentrionale de ce royaume, et par conséquent du continent de l'Europe, sont petits, mal-faits et à demi-sauvages.

Le roi Olaus, surnommé le saint, y établit le Christianisme dans le XIe siècle, par la force et la violence ; et quel christianisme encore, mêlé de superstition et d'ignorance barbare ! Enfin on reçut la religion luthérienne dans la Norwegue en 1525.

On divise ce royaume en Norwegue propre, et en ses dépendances. La Norwegue propre comprend quatre gouvernements généraux ; qui sont celui d'Aggérhus, de Berghen, de Drontheim, et de Wardhus. Les dépendances de la Norwegue sont l'Islande et l'île de Fero. Long. 26. 52. lat. 59. 72. (D.J.)