ou CAIMACAM, s. m. (Histoire moderne) dignité dans l'empire ottoman, qui répond à celle de lieutenant ou de vicaire parmi nous.

Ce mot est composé de deux mots arabes, qui sont caim machum, celui qui tient la place d'un autre, qui s'acquitte de la fonction d'un autre.

Il y a pour l'ordinaire deux caïmacans : l'un réside à Constantinople, dont il est gouverneur ; l'autre accompagne toujours le grand-vizir en qualité de lieutenant. Quelquefois il y en a trois, dont l'un ne quitte jamais le grand-seigneur, l'autre le grand-vizir ; et le troisième réside à Constantinople, où il examine toutes les affaires de police, et les règle en partie.

Le caïmacan qui accompagne le grand-vizir, n'exerce sa fonction que quand il est éloigné du grand-seigneur, et sa fonction demeure suspendue quand le vizir est auprès du sultan. Le caïmacan du vizir est comme son secrétaire d'état, et le premier ministre de son conseil.

Un auteur moderne qui, après beaucoup d'autres, a écrit sur le gouvernement des Turcs, parle ainsi du caïmacan : " Le caïmacan est proprement le gouverneur de la ville de Constantinople ; il a rang après les vizirs, et son pouvoir égale celui des bachas dans leurs gouvernements : cependant il ne peut rien statuer par rapport à l'administration de la justice ou le règlement civil, sans un mandement du vizir.

Si ce ministre est engagé dans quelqu'expédition militaire, et que le grand-seigneur soit resté au serrail, ce prince nomme toujours un des vizirs du kubbe ou un bacha à trois queues, rekiaf kaimacan, c'est-à-dire député pour tenir l'étrier. Le vizir azem ne fait donner cette charge qu'à une de ses créatures, de peur qu'un autre abusant du privilège de sa place, qui veut qu'en l'absence du premier ministre le caïmacan ne quitte jamais sa hautesse, ne profite de la conjoncture pour le supplanter.

Cet officier est chargé, dans l'absence du vizir, de toutes les affaires qui regardent le gouvernement, et que le vizir déciderait s'il était présent ; mais il ne peut pas créer de nouveaux bachas, ni dégrader ceux qui le sont, ou en mettre aucun à mort. Dès que le premier ministre est de retour, le pouvoir du caïmacan cesse. Il n'a nulle autorité dans les villes de Constantinople et d'Andrinople, tant que le sultan y est présent ; mais si ce prince s'en absente seulement huit heures, l'autorité du caïmacan commence, et Ve presque de pair avec celle du souverain ". Guer, mœurs des Turcs, tome II. (G)