S. m. (Antiquité, Athènes) ; ce mot triérarque, signifie par lui-même commandant de galere ; mais l'usage lui donna dans Athènes une autre signification. On entendit par ce mot, les citoyens aisés qui étaient obligés comme tels, et à proportion de leurs richesses, d'équiper à leurs dépens un certain nombre de vaisseaux. Quelle belle police pour l'emploi des richesses au bien public ! Dès qu'un bourgeois avait dix-huit mille livres de bien, il était triérarque, et armait un vaisseau ; il en armait deux, s'il avait deux fois la valeur de ce bien ; mais il n'était pas obligé d'en armer au-delà de trois. Quand il ne se trouvait pas assez de bourgeois qui pussent financer en particulier autant de dix-huit mille livres qu'il fallait de vaisseaux, on associait plusieurs citoyens, pour faire ensemble ce qu'un seul aurait fait ; mais personne ne pouvait se plaindre. Le bourgeois qui voulait se faire décharger de cette dépense, n'avait qu'à justifier qu'un autre était plus riche que lui ; le plus riche était mis à la place du dénonciateur.

On peut juger aisément de ce détail, que le nombre des triérarques dut varier selon les besoins de l'état, et la nécessité des conjonctures. D'ailleurs, il se faisait des vicissitudes continuelles dans les fortunes des familles, qui changeaient nécessairement la triérarchie, et la bouleversaient. Par toutes ces raisons, on fixa finalement le nombre des triérarques à douze cent hommes ; et voici de quelle manière on s'y prit. Athènes était composée de dix tribus : on nomma donc pour fournir à la dépense des armements, six vingt citoyens des plus riches de chaque tribu ; de cette manière chacune des dix tribus fournissant six vingt hommes, le nombre des triérarques monta à douze cent.

Toutes les contradictions apparentes qui règnent dans les récits des anciens sur les triérarques, ne naissent que des changements qui se firent dans la triérarchie, avant qu'elle fût fixée ; et comme chaque auteur en a parlé selon l'état où elle se trouvait de son temps, ils en ont presque tous parlé différemment ; voilà l'explication du chaos que Scheffer et autres commentateurs ont trouvé si difficîle à débrouiller. (D.J.)