(Histoire ancienne) chef ou commandant de l'armée. Chez les Grecs, on le nommait polémarque, et c'était à Athènes l'un des archontes ; à Rome sous la république, c'étaient les consuls, les préteurs ou les pro-consuls, qui commandaient les armées, en conséquence des decrets du sénat ; ils avaient un ou plusieurs lieutenans sous leurs ordres. Quoique la cavalerie eut un chef particulier nommé magister equitum, il était toujours subordonné aux consuls. S'il y avait un dictateur, ce premier magistrat nommait le général de la cavalerie, lequel faisait exécuter ses ordres, et lui servait de lieutenant ; mais Jules-César s'étant servi de la dictature, pour faire revivre en sa personne le gouvernement monarchique, il abolit la charge de général de la cavalerie.

Dans les campements et les marches, le général de l'armée romaine se plaçait ordinairement au centre, entre les princes et les triaires, accompagné de ses gardes et de ses véterants, s'il en avait ; car quelquefois il jugeait à-propos de les distribuer dans les rangs, pour animer et soutenir les autres soldats.

Quelquefois avant que de combattre, il haranguait ses troupes, soit pour leur inspirer plus de courage, soit pour les instruire de ses projets. Il est vrai qu'il ne pouvait pas être entendu de toute l'armée ; mais il suffisait qu'il le fût de ceux qui étaient les plus près de sa personne, des tribuns, des centurions, et d'autres officiers subalternes des cohortes ; ceux-ci faisaient passer jusque aux derniers soldats, le précis ou l'objet de la harangue.

Le général des armées romaines avait le droit, entr'autres prérogatives, de porter le paludamentum, ou la cotte d'armes teinte en pourpre ; il la prenait en sortant de Rome, et la quittait avant que d'y rentrer.

Il avait seul le pouvoir de dévouer un de ses soldats pour le salut de l'armée ; et ce qui est plus étonnant, il se dévouait quelquefois lui-même, avec certaines cérémonies qu'il était obligé de suivre, et que nous avons exposées au mot DEVOUEMENT.

S'il avait remporté quelque grande victoire, il ne manquait guère d'envoyer au sénat des lettres ornées de feuilles de laurier, par lesquelles il lui rendait compte du succès de ses armes, et lui demandait qu'il voulut bien décerner en son nom, des supplications et des actions de grâce aux dieux. Le décret du sénat était souvent une assurance du triomphe pour le vainqueur, triumphi praerogativa. Ce fut cet honneur du triomphe, qui dans les beaux jours de la république, anima tant de ses généraux à faire les plus grands efforts pour obtenir la victoire.

Mais dès qu'ils eurent passé les Alpes et les mers, et qu'ils eurent séjourné plusieurs campagnes avec les légions dans les pays qu'ils soumettaient, ils sentirent leurs forces, disposèrent des armées, et s'arrogèrent le triomphe, sans daigner le demander au sénat. Les soldats à leur tour commencèrent à ne reconnaître que leur général, à fonder sur lui toutes leurs espérances, et à regarder la ville de loin : ce ne furent plus les soldats de la république, mais de Sylla, de Pompée, de César. Rome douta quelquefois, si celui qui était à la tête d'une armée dans une province, était son général ou son ennemi.

Enfin, quand les empereurs eurent succédé à la république, ils gardèrent pour eux les triomphes, et donnèrent à des gens qui leur marquaient un dévouement inviolable, le commandement des armées ; alors ceux qui furent nommés généraux, craignant d'entreprendre de trop grandes choses, en firent de petites. Ils modérèrent aisément leur gloire que rien ne soutenait, et se conduisirent de manière qu'elle ne réveillât que l'attention, et non pas la jalousie des empereurs, afin de ne point paraitre devant leur trône avec un éclat que leurs yeux ne pouvaient souffrir. (D.J.)

GENERAL, s. m. (Art militaire et Histoire moderne) en France le général est ordinairement le maréchal de France, qui a sous lui des lieutenans généraux et des maréchaux de camp pour l'aider dans ses fonctions : ces derniers officiers sont appelés officiers généraux, parce qu'ils n'appartiennent à aucun corps particulier, et qu'ils commandent indifféremment tout le corps de l'armée sous les ordres du général en chef.

On ne peut guère se dispenser d'entrer ici dans quelque détail sur les qualités qu'exige l'emploi de général : mais l'on fera parler sur ce sujet M. le maréchal de Saxe. C'est aux grands maîtres, comme cet illustre général, qu'il appartient de prescrire les règles et les préceptes pour marcher sur leurs traces et servir avec la même distinction.

" La première de toutes les qualités du général, dit le célèbre maréchal que nous venons de nommer, est la valeur, sans laquelle je fais peu de cas des autres, parce qu'elles deviennent inutiles : la seconde est l'esprit ; il doit être courageux et fertîle en expédiens : la troisième est la santé.

Le général doit avoir le talent des promptes et heureuses ressources ; savoir pénétrer les hommes, et leur être impénétrable ; la capacité de se prêter à tout ; l'activité jointe à l'intelligence ; l'habileté de faire en tout un choix convenable ; et la justesse du discernement.

Il doit être doux, et n'avoir aucune espèce d'humeur ; ne savoir ce que c'est que la haine ; punir sans miséricorde, et surtout ceux qui lui sont les plus chers ; mais jamais ne se fâcher ; être toujours affligé de se voir dans la nécessité de suivre à la rigueur les règles de la discipline militaire ; et avoir toujours devant les yeux l'exemple de Manlius ; s'ôter de l'idée que c'est lui qui punit ; et se persuader à soi-même et aux autres, qu'il ne fait qu'administrer les lois militaires. Avec ces qualités, il se fera aimer, craindre, et sans-doute obéir.

Les parties d'un général sont infinies. L'art de savoir faire subsister une armée, de la ménager ; celui de se placer de façon qu'il ne puisse être obligé de combattre que lorsqu'il le veut ; de choisir ses postes, de ranger ses troupes en une infinité de manières, et savoir profiter du moment favorable qui se trouve dans les batailles, et qui décide de leur succès. Toutes ces choses sont immenses et aussi variées que les lieux et les hasards qui les produisent.

Il faut pour les voir, qu'un général ne soit occupé que de l'ennemi un jour d'affaire : l'examen des lieux et celui de son arrangement pour ses troupes, doit être prompt comme le vol d'un aigle ; sa disposition doit être courte et simple. Il s'agit de dire, par exemple, la première ligne attaquera, la seconde soutiendra ; ou tel corps attaquera et tel soutiendra.

Il faudrait que les généraux qui sont sous lui fussent bien bornés pour ne pas savoir exécuter cet ordre, et faire faire la manœuvre qui convient chacun à sa division : ainsi le général ne doit pas s'en occuper ni s'en embarrasser ; car s'il veut faire le sergent de bataille et être par-tout, il sera précisément comme la mouche de la fable, qui croyait faire marcher un coche.

Il faut donc qu'un jour d'affaire un général ne fasse rien ; il en verra mieux ; il se conservera le jugement plus libre, et il sera plus en état de profiter des situations où se trouve l'ennemi pendant la durée du combat ; et quand il verra sa belle, il devra baisser la main pour se porter à toutes jambes dans l'endroit défectueux ; prendre les premières troupes qu'il trouve à portée, les faire avancer rapidement, et payer de sa personne : c'est ce qui gagne les batailles et les décide. Je ne dis point où ni comment cela se doit faire, parce que la variété des lieux et celle des dispositions que le combat produit, doivent le démontrer ; le tout est de le voir et d'en savoir profiter.

Bien des généraux en chef ne sont occupés un jour d'affaire, que de faire marcher les troupes bien droites ; de voir si elles conservent bien leurs distances ; de répondre aux questions que les aides de camp leur viennent faire ; d'en envoyer par-tout, et de courir eux-mêmes sans-cesse ; enfin ils veulent tout faire, moyennant quoi ils ne font rien. Je les regarde comme des gens à qui la tête tourne, et qui ne voient plus rien ; qui ne savent faire que ce qu'ils ont fait toute leur vie, je veux dire, mener des troupes méthodiquement. D'où vient cela ? c'est que très-peu de gens s'occupent des grandes parties de la guerre ; que les officiers passent leur vie à faire exercer des troupes, et croient que l'art militaire consiste seulement dans cette partie : lorsqu'ils parviennent au commandement des armées, ils y sont tout neufs ; et faute de savoir faire ce qu'il faut, ils font ce qu'ils savent.

L'une de ces parties est méthodique, je veux dire, la discipline et la manière de combattre ; et l'autre est sublime : aussi ne faut-il point choisir pour celle-ci des hommes ordinaires pour l'administrer.

L'on doit, une fois pour toutes, établir une manière de combattre que les troupes doivent savoir, ainsi que les généraux qui les mènent : ce sont des règles générales, comme, par exemple, qu'il faut garder ses distances dans la marche ; que lorsqu'on charge, il faut le faire vigoureusement ; que s'il se fait des trouées dans la première ligne, c'est à la seconde à les boucher ; il ne faut point d'écritures pour cela, c'est l'a b c des troupes : rien n'est si aisé ; et le général ne doit pas y donner toute son attention, comme la plupart le font. Mais ce qui mérite toute son attention, c'est la contenance de l'ennemi, les mouvements qu'il fait, et où il porte ses troupes : il faut chercher à lui donner de la jalousie dans un endroit, pour lui faire faire quelque fausse démarche, le déconcerter ; profiter des moments, et savoir porter le coup de mort où il faut. Mais pour tout cela, il faut se conserver le jugement libre, et n'être point occupé de petites choses ". Rêveries, ou mémoires sur la Guerre, par M. le maréchal de Saxe.

Si l'on veut s'instruire plus particulièrement de tout ce qui concerne l'emploi de général, on pourra consulter Vegece, le commentaire sur Polybe du chevalier Folard, les réflexions militaires de M. le marquis de Santa-Cruz, etc. (Q)

GENERAL DES DRAGONS, (Art militaire) c'est le colonel général de ce corps auquel on donne souvent ce titre dans l'usage ordinaire. " M. de Boufflers a le régiment des gardes vacant par la mort de M. de la Feuillade, et vend sa charge de général des dragons au comte de Tessé ". Abrégé chronologique de l'histoire de France, par M. le président Hénault.

Le corps des dragons a un autre chef, c'est le mestre de camp général : en l'absence de ces deux officiers, c'est le plus ancien brigadier du corps qui en a le commandement.

Lorsque les dragons sont mêlés dans les brigades de cavalerie, ils doivent obéir à celui qui commande ; s'il arrive que ce soit un officier de dragons, il est en ce cas sous les ordres du général de la cavalerie ; s'il se trouve dans les brigades mêlées de cavalerie et de dragons, un brigadier de ce dernier corps, il roule avec les brigadiers de cavalerie ; et il est obligé de reconnaître le général ou le commandant de la cavalerie. Les officiers de cavalerie et de dragons de pareils grades, tiennent rang entr'eux de la date de leurs commissions ; lorsqu'elles sont datées du même jour, l'officier de cavalerie commande celui de dragons. S'il arrive que par ancienneté, le brigadier, colonel ou autre officier de dragons, se trouve commander un corps ou un détachement composé de cavalerie et de dragons, l'officier de dragons doit, en ce cas, après avoir rendu compte au général de l'armée, le rendre ensuite au général de la cavalerie ou à celui qui la commande, comme étant le premier corps, et ensuite au commandant des dragons. Dans tout autre service qui concerne les dragons, les officiers de ce corps n'ont aucun compte à rendre ni aucun ordre à recevoir de celui qui commande la cavalerie ; les dragons faisant un corps distinct et séparé. Code milit. par M. Briquet.

Ce qu'on vient d'ajouter à l'article GENERAL DES DRAGONS, doit servir de supplément et de rectification au mot DRAGONS, où l'on ne s'est pas expliqué exactement sur ce qui concerne ce corps : on y dit, que le major général des dragons reçoit l'ordre du maréchal général des logis de la cavalerie ; il fallait dire, que les ordres du général lui sont remis par le maréchal général des logis de la cavalerie, verbalement ou par écrit. (Q)

GENERAL DE LA CAVALERIE, (Art militaire) est l'officier qui commande la cavalerie ; ce grade est le premier dans l'armée après celui de maréchal de camp : la cavalerie a trois autres chefs, qui sont le colonel général, le mestre de camp général, et le commissaire général ; en l'absence de ces trois officiers, c'est le plus ancien brigadier du corps qui la commande.

Les princes ont ordinairement le commandement de la cavalerie dans leur seconde campagne. (Q)

GENERAL DES GALERES, (Marine) c'est celui qui les commande et qui est à la tête du corps. Lorsque les galeres faisaient un corps particulier, la place de général des galeres était considérable ; et tout ce qui concernait le service des galeres était sous ses ordres : mais depuis que le corps des galeres a été réuni à celui de la Marine, la place de général des galeres a été supprimée. (Z)

GENERAL, (Histoire ecclésiastique) est usité parmi les moines pour signifier le chef d'un ordre, c'est-à-dire de toutes les maisons et congrégations qui sont sous la même règle. Voyez ORDRE.

Nous disons dans ce sens le général des Cisterciens, des Franciscains, etc. Voyez FRANCISCAINS, etc.

Le P. Thomassin fait venir l'origine des généraux des ordres, des privilèges que les anciens patriarches avaient accordés aux monastères de leurs villes capitales, par le moyen desquels ils étaient exempts de la juridiction de l'évêque, et soumis immédiatement au seul patriarche. Voyez EXEMPTION. (G)

GENERALE, s. f. (Art militaire) on se sert de ce mot pour signifier une marche particulière ou une certaine manière de battre le tambour, par laquelle on avertit les troupes de se tenir prêtes à marcher ou à combattre. Voyez TAMBOUR. Ainsi faire battre la générale, c'est faire battre le tambour pour que tout le monde prenne les armes. (Q)