S. f. (Histoire ancienne) pique. Les Juifs en ont connu l'usage ; il y en avait de deux sortes : toutes les deux à hampe garnie à son extrémité d'un fer pointu ; mais l'une à hampe courte ou manche, et l'autre à hampe longue. On pointait avec la première ; on lançait la seconde. Les cavaliers et les fantassins en étaient indistinctement armés ; les généraux d'armées, les officiers de distinction, et même les rois la portaient. Les Grecs ont eu pareillement la haste longue ; c'est leur enchos ; et la haste courte, c'est leur doru. La longue avait encore à son extrémité opposée à la pointe, un bout de fer aigu, au moyen duquel on la fichait en terre. Les Eubéens étaient les plus redoutables à la haste longue, et les Locriens à la haste courte. Les piques longues et courtes étaient consacrées aux dieux, et l'on jurait sur elles ; on les enfermait dans un étui en temps de paix ; on attribuait chez les Romains l'invention de la pique aux Hétruriens qui la nommaient corini, et les Sabins quirini. Elle marquait juridiction ; il y en avait dans le lieu d'assemblée des centumvirs, et dans ceux où l'on mettait à l'encan les biens confisqués ; d'où vient l'expression hastae subjicère. Le nombre des différentes hastes romaines est grand ; la pesante qui se portait au moyen d'une courroie passée sur sa hampe, s'appelait amentata. Celle sous laquelle on affermait les revenus publics, s'appelait censoria ; la haste des séances des centumvirs, centumviralis ; la haste symbolique de l'union conjugale, caelibaris ; la haste à hampe rouge qui abandonnait au pillage du soldat une ville prise, cruenta ; celle qu'on voyait aux environs des tribunaux des decemvirs, decemviralis ; celle que le héraut lançait sur le territoire ennemi, en signe de déclaration de guerre, fecialis ; elle était rouge : la haste sous laquelle on vendait quelque chose au profit du fisc, fiscalis ; celle sous laquelle dans les temps de disette on distribuait aux peuples des denrées à un prix modéré, frumentaria, ou salutis ; celle qui marquait la dignité et la puissance prétorienne, praetorialis ; la haste pure, hasta pura, fut décernée aux soldats qui s'étaient distingués par leur bravoure ; la haste questorienne, quaestoria, se plantait dans les occasions où le peuple apportait au trésor public sa taxe ; la haste sacrée, sacra, était celle qu'on voyait à quelques divinités ; si elle s'agitait, c'était un mauvais présage. Toutes ces hastes ont passé de l'histoire dans l'art numismatique, surtout l'hasta pura, qui n'était, à proprement parler, que le bois d'une javeline, attribut de la puissance de quelques divinités, et marque d'une bravoure récompensée.