S. m. pl. (Histoire ancienne) c'est ainsi qu'on appelait les assemblées du peuple romain, qui avaient pour objet les affaires de l'état, comitia. Elles étaient convoquées et dirigées ou par un des deux consuls, ou dans la vacance du consulat, par l'interrex, par un préteur, un dictateur, un tribun du peuple, un souverain pontife, ce qui n'était pas ordinaire, un décemvir, ou un édile.

Les comices se tenaient ou pour l'élection d'un magistrat, ou pour quelque innovation dans les lais, ou pour une résolution de guerre, l'addiction d'un gouvernement, la déposition d'un général, le jugement d'un citoyen. On s'assemblait ou dans le champ de Mars, ou dans le marché, ou au capitole. Les citoyens habitants de Rome et les étrangers y étaient indistinctement admis : il n'y avait point de comices les jours de fêtes, les jours de foires, ni les jours malheureux. On ne comptait dans l'année que 184 jours de comices. Ils étaient remis quand il tonnait ou faisait mauvais temps ; lorsque les augures ne pouvaient ou commencer ou continuer leurs observations. La liberté des assemblées romaines fut très-gênée sous Jules César, moins sous Auguste, plus ou moins dans la suite, selon le caractère des empereurs.

La distinction des comices suivit la distribution du peuple romain. Le peuple romain était divisé en centuries, en curies, et en tribus : il y eut donc, surtout dans les commencements, les comices appelés comitia tributa, les curiata, et les centuriata. Ils prirent aussi des noms différents, suivant les magistratures auxquelles il fallait pourvoir ; et il y eut les comices dits consularia, les praetoria, les aedilitia, censoria, pontificia, proconsularia, propraetoria, et tribunitia, sans compter d'autres comices dont l'objet étant particulier, le nom l'était aussi, tels que les calata.

Comices dits aedilitia, assemblées où l'on élisait les édiles curules et plébéiens ; elles étaient quelquefois convoquées par les tribuns, quelquefois par les édiles ; le peuple y était distribué par tribus.

Comices dits calata ; le peuple y était distribué par curies ou par centuries. C'était un licteur qui appelait les curies ; c'était un cornicen qui appelait les centuries ; elles étaient demandées par le collège des prêtres ; on y élisait dans les centuries un rex sacrificulus, et dans les curies un flamine ; on n'appelait que dix-sept tribus : ce n'étaient donc pas proprement des assemblées qu'on put appeler comitia, mais consilia ; on y faisait les actes appelés adrogations, ou adoptions de ceux qui étaient leurs maîtres, sui juris ; on y passait les testaments appelés de ce nom, testamenta calata ; on y agitait de la cérémonie appelée detestatio sacrorum, ou de l'accomplissement des legs destinés aux choses sacrées, selon quelques-uns, ou de la consécration des édifices, selon d'autres.

Comices dits censoria, assemblées où l'on élisait les censeurs : le peuple y était distribué par centuries ; un des consuls y présidait ; le censeur élu entrait en charge immédiatement après l'élection, à moins qu'il n'y eut quelque cause de nullité.

Comices dits centuriata, assemblées où le peuple était distribué en 193 centuries ; on y décidait les affaires à la pluralité des voix des centuries ; on en fait remonter l'institution jusque sous le roi Servius Tullius ; on y élisait, au temps de la république, les consuls, les préteurs, les censeurs, les proconsuls, le rex sacrorum ; on y délibérait des lois, des traités de paix, des déclarations de guerre, du jugement d'un citoyen in crimine perduellionis. Les consuls y présidaient ; en leur absence c'étaient les dictateurs, les tribuns militaires qui avaient puissance consulaire, les décemvirs appelés legibus scribendis, l'interrex ; on les annonçait au peuple par des crieurs, ou par des affiches ou publications faites dans trois marchés consécutifs ; on ne les tenait point dans la ville, parce qu'une partie du peuple s'y trouvait en armes, c'était au champ de Mars ; quand les questeurs ou tribuns du peuple présidaient, il ne s'agissait que du jugement d'un citoyen : cependant il fallait que le comice fût autorisé par le consentement d'un consul. Lorsque l'objet de l'assemblée était ou la publication d'une loi, ou le jugement d'un citoyen, elle n'avait point de jour fixe ; s'il s'agissait de l'élection d'un magistrat, elle se faisait nécessairement avant que le temps de la fonction de cette magistrature fût expiré. Il n'y eut cependant de jour fixe qu'en 600 : on prit le premier Janvier. Il fallait toujours l'agrément du sénat, et il dépendait de lui d'infirmer ou de confirmer la délibération du comice. Ces actes de despotisme déplaisaient au peuple ; et Quintus Publius Philo parvint, pour les réprimer, à faire proposer au peuple les sujets de délibération, et les sentiments du sénat, par le sénat même ; ce qu'on appelait autores fieri. Le peuple devint aussi juge des délibérations du sénat, au lieu que le sénat avait été jusqu'alors juge des siennes. Quand le sénat voulait des comices, on les publiait, comme nous avons dit ; le jour venu, on consultait les augures, on sacrifiait ; et s'il ne survenait aucun obstacle, le président conduisait le peuple au champ de Mars : là il proposait le sujet de la délibération, et l'avis du sénat, et disait au peuple : rogo vos, quirites, velitis, jubeatis, etc. Aussitôt chaque citoyen se rangeait dans sa classe et dans sa centurie ; on commençait à prendre les voix par la première classe, et dans cette classe par les dix-huit centuries des chevaliers ; on passait ensuite aux quatre-vingt centuries restantes. Quand le consentement était unanime, l'affaire était presque terminée. Si les sentiments étaient partagés, on prenait les voix de la seconde classe ; en cas de partage des voix, on prenait celle de la troisième ; et ainsi de suite jusqu'à la quatre-vingt-dix-sept. En cas d'égalité de voix dans les cinq premières classes ou dans les 192 centuries qui les composaient, la sixième classe décidait. On allait rarement jusqu'à la quatrième ou cinquième classe.

Sous la république, on mettait tous les noms des centuries dans un vaisseau, et l'on en tirait au sort le rang de voter. La première centurie tirée, s'appelait centuria praerogativa. Les autres centuries adhéraient ordinairement à son avis, et cette centurie à l'avis de celui qui votait le premier. Les candidats ne négligeaient donc pas de s'assurer de cette première voix. Les centuries qui donnaient leurs voix après la première, selon que le sort en avait ordonné, s'appelaient jure vocatae. Il importait encore beaucoup de s'assurer de la voix du premier de chaque jure vocata.

Ces comices par curies représentèrent dans la suite les comices par tribus ; au lieu qu'anciennement on n'entrait point en charge, sans avoir été élu par les comices appelés tributaria et centuriata. Alors le peuple votait à haute voix ; comme cela n'était pas sans inconvénient, il fut arrêté en 611, sur les représentations du tribun Gabinius, que les voix se prendraient autrement. On employa des tablettes. S'il s'agissait des lais, il y avait dessus la tablette les lettres V. R. uti rogas, ou la lettre A. antiquo. Pour l'élection d'un magistrat, on mettait sur la tablette la première lettre de son nom. On distribuait de ces tablettes au peuple, par les diribiteurs ; puis la centurie dite praerogativa, appelée par un crieur, approchait et entrait dans une enceinte ; on en recevait les tables sur le pont à mesure qu'elle passait ; on les jetait dans des urnes gardées par les custodes, pour empêcher la fraude : quand les tablettes étaient toutes reçues, les custodes ou gardiens les tiraient des urnes, et séparaient celles qui étaient pour et contre, ce qui s'appelait dirimère suffragia ; ils marquaient les suffrages par différence, par le moyen de points ; d'où l'on a fait omne tulit punctum. On annonçait au peuple le côté pour lequel était la différence, et de combien elle était de points ; et ainsi des autres centuries : quand il y avait égalité de voix pour et contre, et que par conséquent la différence était nulle, on n'annonçait point cette centurie, on la passait sans mot dire, excepté dans les affaires capitales, ou quand il s'agissait d'emploi ; alors on faisait tirer au sort les candidats. Pour le consulat, il fallait avoir non-seulement l'avantage des suffrages sur ses compétiteurs, mais réunir plus de la moitié des suffrages de chaque centurie. Quand l'élection était valable, celui qui tenait les comices disait : quod mihi, magistratuique meo, populo, plebique romanae bene atque feliciter eveniat, L. Muraenam consulem renuntio. Cela fait, les comices se séparaient ; on accompagnait l'élu jusque chez lui avec des acclamations, et l'on rendait les mêmes honneurs à celui qui sortait de charge.

Comices consulaires : le peuple y était distribué par centuries ; on y élisait les consuls. Les premiers se tinrent en 245 par Sp. Lucretius, interrex pour lors, et on y nomma consuls M. Jun. Brutus et Tarquinius Collatinus. On créa souvent un interrex pour présider à ces comices, quand l'élection des consuls ne se pouvait faire au temps marqué. L'interrex sous lequel l'élection des consuls se commençait, n'en voyait pas ordinairement la conclusion, son règne n'étant que de cinq jours. On en créait un second. Ce fut dans la suite à un exconsul à tenir les comices consulaires. Au défaut d'exconsul, on faisait un dictateur. Ils se tenaient à la fin du mois de Juillet, ou au commencement d'Aout. Lorsque les séances étaient interrompues, l'élection durait jusqu'au mois d'Octobre. Cependant les candidats au consulat s'appelaient consuls désignés, consules designati ; et la fonction des dictateurs ne finissait qu'au premier Janvier ; et avant qu'on eut fixé le premier Janvier, qu'au commencement de Mars. Alors les consuls désignés entraient en exercice.

Comices dits curiata ; assemblées où le peuple était distribué dans ses trente curies, et où l'on terminait les affaires selon le plus grand nombre de voix des curies. On en fait remonter l'origine jusque sous Romulus. On dit qu'à la mort d'un roi, on en élisait un autre par curies : c'était alors un interrex qui tenait les comices ; dans la suite ce furent les consuls, les préteurs, les dictateurs, les interrex, les souverains pontifes, auxquels cependant les historiens n'attribuent pas ce droit unanimement. On délibéra dans ces comices des lois et des affaires capitales des citoyens ; on y procéda à l'élection des premiers magistrats, jusqu'à ce que Servius Tullius institua les comices dits centuriata, et y transféra les affaires les plus importantes. Les augures y étaient appelés, parce qu'ils ne se tenaient jamais sans les avoir consultés. On y décidait de ce qui concerne le commandement des armées, les forces des armées, des légions qu'on accorderait aux consuls, du gouvernement des provinces, et autres affaires relatives à la police et à la guerre. C'était encore dans ces assemblées que se faisaient les adoptions, les testaments, l'élection des flamines, etc. elles n'étaient composées que des habitants de Rome, parce qu'il n'y avait qu'eux qui fussent divisés en curies : le marché romain en était le lieu. On y était convoqué par des crieurs. Celui qui y présidait, proposait l'affaire ; puis il ajoutait : si it a vobis videtur, quirites, discedite in curias et suffragium inite : chacun se rangeait dans sa curie ; on tirait au sort le rang des curies ; elles donnaient leurs suffrages, qu'on ne prenait que jusqu'à ce qu'il y eut seize curies d'un même avis. Les délibérations étaient précédées par des augures, et elles n'avaient lieu qu'en cas qu'il ne s'opposât rien de leur part. Lorsqu'on eut institué les comices dits tributia, les droits des comices dits curiata se réduisirent à si peu de chose, que les trente licteurs des curies s'assemblèrent seuls, et décidèrent des affaires pour lesquelles on avait auparavant convoqué les curies. Au reste ils ne se tinrent jamais qu'aux jours comitiaux, sans égard pour la saison.

Comices dits pontificia : le peuple y était par tribus ; on élisait un souverain pontife ; on tirait le rang des tribus au sort ; l'unanimité de dix-sept tribus suffisait pour l'élection. Ce fut un pontife qui les convoqua, et qui les tint jusqu'à ce que ce droit eut été transféré aux consuls par la loi domitienne.

Comices dits praetoria : le peuple y était par centurie ; on y élisait les préteurs : ils étaient tenus par un consul. Comme il y avait quelquefois jusqu'à dix préteurs à nommer, et que le nombre des candidats était grand, les séances duraient si longtemps qu'on divisait l'élection, et qu'on différait celle de quelques préteurs. Ces comices se tenaient un, deux, trois jours, et rarement plus tard, après les comices consulaires.

Comices dits proconsularia et propraetoria : le peuple y était par tribus ; on y élisait les proconsuls et les propréteurs, lorsque les cas l'exigeaient, comme plusieurs gouvernements de provinces à remplir, plusieurs guerres à conduire, une seule guerre ou un seul gouvernement, auquel les deux consuls ou préteurs prétendaient en même temps. Quant à la manière de les tenir, voyez les comices dits centuriata.

Comices dits quaestoria : le peuple y fut par curies ; on y élut les questeurs jusqu'à ce que ce droit fut transféré aux comices par tribus. Ils étaient tenus par un consul ; on y procédait par curies dans le marché romain, et par tribus dans le champ de Mars.

Comices dits sacerdotum : le peuple y était par tribus ; on y élisait les prêtres ; le consul y présidait.

Comices dits tribunitia : ils se tenaient par tribus ; on y élisait des tribuns militaires. Ils commencèrent en 393 ; les uns étaient au choix du peuple, les autres au choix du général, et on les distinguait des premiers par le nom de tribuni rufuli. Il ne faut pas confondre ces comices ni avec ceux où l'on élisait les tribuns militaires consulari potestate, ceux-ci étaient par centuries ; ni avec ceux où l'on créait les tribuns du peuple. Quoique le peuple y fût par tribus, ils n'étaient point tenus par un consul, mais par un tribun.

Comices dits tributa : assemblées où le peuple était divisé en ses trente-cinq tribus ; ils commencèrent en 263, dans l'affaire de Marcius Coriolan, et la loi publilia les autorisa en 282. Dans les comices par centuries, tout dépendait, comme on a vu, de la première classe ; dans ceux-ci, au contraire, c'était le peuple entier qui décidait. Les capite-censi ou proletarii, ou ceux de la sixième classe, pouvaient autant que ceux de la première. On y élisait tous les magistrats compris sous la dénomination de magistratus urbani minores ordinarii ; savoir les édiles curules et plébéiens, les tribuns du peuple, les questeurs, les triumvirs dits capitales, les triumvirs nocturnes, les triumvirs dits monetales ; les magistrats dits urbani minores extraordinarii, comme les préfets des vivres, les duumvirs dits navales, les questeurs du parricide, les inspecteurs des rues et chemins, les quinquevirs muris turribusque reficiendis, les triumvirs ou quinquevirs dits mensarii ; les magistrats dits provinciales ordinarii, comme les proconsuls, propréteurs, et proquesteurs ; les magistrats dits provinciales extraordinarii, comme les triumvirs, les quinquevirs ou septemvirs coloniae deducendae aut agris dividundis, quelques-uns des tribuns militaires qu'on appelait par cette raison tribuni comitiati, et les prêtres des colléges. On y faisait aussi les lois appelées plébiscites ; on y jugeait les citoyens mais non pour cause capitale ; ils pouvaient y être condamnés à l'amende ou à l'exil : on y décernait le triomphe ; on y traitait des privilèges des citoyens, des alliances, de l'exemption de la loi, etc. Ils étaient tenus par les dictateurs, les consuls, les tribuns militaires consulari potestate, les préteurs, et les tribuns du peuple, avec cette différence que ces derniers ne pouvaient que décider des affaires, et qu'il appartenait aux premiers à pourvoir aux dignités. Ces assemblées se pouvaient faire sans le consentement du sénat, et les augures ne pouvaient ni les empêcher, ni les retarder. On y élisait les magistrats dans le champ de Mars ; on y expédiait les autres affaires, ou au capitole, ou dans le marché romain. Ils se tenaient les jours comitiaux ; on n'assemblait que dix-sept tribus pour l'élection d'un prêtre ; et celui qui en avait neuf pour lui, était nommé. Ces comices par tribus ne méritaient, à proprement parler, que le nom de concilia plebis ; aucun patricien n'y assistait, n'étant point formé du peuple en entier, mais seulement du commun du peuple, plebs. Hed. lex.

* COMICE, (Histoire ancienne) endroit de Rome dans la VIIIe région, au pied du mont Palatin, vers le capitole, proche le marché romain, où se tenaient ordinairement les comices par curies ; il n'était, selon toute apparence, fermé que d'un mur percé de deux portes par une desquelles une curie sortait, tandis que la curie suivante entrait par l'autre, selon l'ordre gardé dans les ovilia ou septa au champ de Mars. Il ne fut couvert qu'en 545. On y fit aussi des portiques ; on y éleva des statues : c'était-là qu'était le pluteal libonis, ou l'autel où les magistrats prêtaient serment ; le figuier sauvage sous lequel la louve avait alaité Remus et Romulus ; la grande pierre noire que Romulus choisit de son vivant pour sa tombe, etc. On y punissait les malfaiteurs ; on y fouettait à mort ceux qui avaient corrompu des vestales ; il se voit aujourd'hui entre les églises de sainte Marie la Libératrice et de saint Théodore. Les anciens y jouaient à la paume, et Caton s'y exerçait quelquefois.