LE, (Géographie moderne) en latin Ruscinonensis comitatus, province de France avec le titre de comté, dans les Pyrénées ; elle est bornée au nord par le bas Languedoc, au midi par la Catalogne, à l'orient par la Méditerranée, et à l'occident par la Cerdagne. Elle a 18 lieues espagnoles du levant au couchant. Le pays est fertîle en orangers et en oliviers ; les vins qu'il produit sont excellents ; mais le bois y est rare, et comme il n'y a point de rivières navigables, on est obligé de l'y porter à charge de mulets. La Tet, le Tec, et l'Agly, ne sont que des torrents qui coulent dans cette province, où la chaleur est très-violente en été, à-cause des montagnes qui l'entourent de toutes parts.

Les peuples de ce pays qui étaient de la dépendance de la Gaule narbonnaise, se nommaient anciennement Sardones ; mais il y a longtemps que cette contrée a été appelée Roussillon, de la ville de Ruscino, colonie romaine, capitale des Sardones. Le mot Ruscino a été dans la suite corrompu en Rossilio ou Roussilio, Roussillon ; cette ville, après avoir été plusieurs fois saccagée par les Barbares, et principalement par les Sarrasins, dans le huitième siècle, a été ruinée de manière qu'il n'en reste plus aujourd'hui de vestiges ; on voit seulement à deux mille pas de Perpignan, une vieille tour appelée tor Rosseillo, ou la tour de Roussillon, qui est le lieu où Ruscino doit avoir été située, selon la position que nous en donnent Pomponius Mela, Pline, Ptolémée, et l'itinéraire d'Antonin.

Ce fut dans le VIIe siècle de la fondation de Rome, que les Romains se rendirent les maîtres de ce pays, ainsi que du reste de la Gaule narbonnaise, dont ils ont joui depuis plus de cinq cent ans ; et ce fut sous l'empire d'Honorius et de Valentinien son successeur, que les Visigoths s'emparèrent du pays qui est à l'occident du Rhône jusqu'aux Pyrénées, et en particulier des villes de Roussillon et d'Elne ; ils n'en furent chassés que l'an 759, par les Sarrasins, après la mort et la défaite du roi Roderic.

En 796 Charlemagne et son fils Louis-le-Débonnaire, alors roi d'Aquittaine, conquirent les comtés de Roussillon, de Cerdagne, et de Girone, où ils établirent des comtes en qualité de gouverneurs. Ces comtes abusèrent de leur autorité et devinrent des souverains. Après la mort de l'un d'eux, le comté de Roussillon fut réuni à la couronne d'Aragon. Il est vrai que Louis XI. s'empara de ce comté en 1473 ; mais il revint au roi Ferdinand et à ses successeurs, qui en ont joui durant cent quarante-neuf ans ; enfin Louis XIII. s'empara de tout le comté de Roussillon en 1642, et cette conquête fut assurée à la France par le traité des Pyrénées, conclu l'an 1659.

L'évêché de Perpignan, capitale de la province, est le seul qu'il y ait dans le gouvernement de Roussillon. La justice y est rendue en dernier ressort par un conseil supérieur établi à Perpignan en 1660. Les finances du gouvernement ne consistent que dans la capitation, qui peut monter à environ quarante mille livres : le principal commerce est celui des huiles d'olives et des laines. (D.J.)

ROUSSILLON, ordonnance de, (Droit français) cette fameuse ordonnance donnée par Charles IX. à Lyon en 1564, porte que l'année commencera dans la suite au premier Janvier, au-lieu qu'elle ne commençait que le samedi saint après vêpres : le parlement ne consentit à ce changement que vers l'an 1567. Les Romains commençaient aussi l'année au premier Janvier, et donnaient les étrennes ce jour-là ; et M. Ducange observe qu'en France, dans le temps même où l'année commençait à Pâques, on ne laissait pas de donner les étrennes au premier Janvier, parce qu'on le regardait comme le premier jour de l'an, sans doute parce qu'alors le soleil remonte. Par l'article xxiv. de l'ordonnance de Roussillon, les doubles juridictions de justice qui ne sont pas royales, sont réduites à une seule, grand avantage pour les particuliers : cet article est conforme à celui de l'ordonnance d'Orléans de 1560, et Philippe de Valais avait rendu une pareille ordonnance en 1328. Hénault. (D.J.)