ou TOCCAL, (Géographie moderne) ville de la Turquie asiatique, dans l'Amasie, au pied d'une haute montagne, proche la rivière de Tosanlu, à 15 lieues au sud-est d'Amasie. Elle est bâtie en forme d'amphithéâtre ; ses maisons sont à deux étages ; les rues sont pavées, ce qui est rare dans le Levant. Chaque maison a sa fontaine : on compte dans Tocat vingt mille turcs, quatre mille arméniens, quatre cent grecs qui ont un archevêque, et trois cent juifs. C'est la résidence d'un vaivode, d'un cadi et d'un aga. Le commerce y consiste en soie, dont on fait beaucoup d'étoffes, en vaisselle de cuivre, en toiles peintes et en maroquins.

Il faut regarder Tocat comme le centre de l'Asie mineure. Les caravanes de Diarbequir y viennent en dix-huit jours ; celles de Tocat à Sinope y mettent six jours. De Tocat à Pruse les caravanes emploient vingt jours ; celles qui vont en droiture de Tocat à Smyrne, sans passer par Angora, ni par Pruse, sont vingt-sept jours en chemin avec des mulets, mais elles risquent d'être maltraitées par les voleurs.

Tocat dépend du gouvernement de Sivas, où il y a un bacha et un janissaire aga. Tous les grecs du pays prétendent que l'ancien nom de Tocat était Eudoxia, ou Eutochia. Ne serait-ce point la ville d'Eudoxiane que Ptolémée marque dans la Galatie pontique ? Paul Jove appelle Tocat, Tabenda, apparemment qu'il a cru que c'était la ville que cet ancien géographe appelle Tebenda. On trouverait peut-être le véritable nom de Tocat sur quelques-unes des inscriptions qui sont, à ce qu'on dit, dans le château ; mais les turcs n'en permettent pas aisément l'entrée.

Après la sanglante bataille d'Angora, où Bajazet fut fait prisonnier par Tamerlan, le sultan Mahomet I., qui était un des fils de Bajazet, passa à l'âge de 15 ans, le sabre à la main, avec le peu de troupes qu'il put ramasser, au travers des tartares qui occupaient tout le pays, et vint se retirer à Tocat, dont il jouissait avant le malheur de son père ; ainsi cette ville se trouva la capitale de l'empire des Turcs ; et Mahomet I. ayant défait son frère Musa, fit mettre dans la prison de Tocat Mahomet Bey et Jacob Bey, qui étaient engagés dans le parti de son frère. Il parait par ce récit que cette ville ne tomba pas alors en la puissance de Tamerlan ; mais ce fut sous Mahomet II. que Jusuf-Zez-Beg, général des troupes d'Uzum-Cassan, roi des Parthes, ravagea cette grande ville, et vint fondre sur la Caramanie. Sultan Mustapha, fils de Mahomet, le défit en 1473, et l'envoya prisonnier à son père qui était à Constantinople.

La campagne de Tocat produit de fort belles plantes, et surtout des végétations de pierres qui sont d'une beauté surprenante. On trouve des merveilles en cassant des cailloux et des morceaux de roches creuses revêtues de crystallisations tout à fait ravissantes : il y en a qui sont semblables à l'écorce de citron confite ; quelques-unes ressemblent si fort à la nacre de perle, qu'on les prendrait pour ces mêmes coquilles pétrifiées ; il y en a de couleur d'or qui ne différent que par leur dureté de la confiture que l'on fait avec de l'écorce d'orange coupée en filets.

M. de Tournefort remarque que la rivière qui passe à Tocat n'est pas l'Iris ou le Casalmac, comme les géographes, sans en excepter T. Delisle, le supposent ; mais que c'est le Tosanlu qui passe aussi à Néocésarée ; et c'est sans-doute le Loup, Lupus, dont Pline a fait mention, et qui Ve se jeter dans l'Iris. Cette rivière fait de grands ravages dans le temps des pluies, et lorsque les neiges fondent. On assure qu'il y a trois rivières qui s'unissent vers Amasia ; le Couleisar-Son, ou la rivière de Chonac, le Tosanlu, ou la rivière de Tocat, et le Casalmac qui retient son nom. Long. de Tocat, 53. 28. lat. 39. 32. (D.J.)